Nouveau coup de pouce pour mon soutien au cinéma français.
Stéphane Brizé m’est bien connu (Quelques heures de printemps, Un autre monde et bien d’autres, comme Je ne suis pas là pour être aimé…avec ses inoubliables Tango avec Anne Consigny ) – et j’apprécie sa délicatesse de la peinture d’âmes fragiles qui se questionnent. Je n’attendais rien de G. Canet, et voilou une belle gifle : il était parfait dans son rôle comme Alba Rohrbacher, la sœur de Alice Rohrbacher – drôle par ailleurs qu’elle se prénomme Alice dans ce film.
Un acteur dont les films ont eu pas mal de succès a voulu se mettre au théâtre et s’enfuit, prenant peur de l’échec éventuel, quelques semaines avant la première, laissant sur plan toute l’équipe (et son public – et la presse people aussi). Il va se ressourcer (seul) dans un centre de Thalasso près de Quiberon. On est hors saison. Il n’y a pas d’effervescence, la ville est « morte » avec ses volets fermés (la mer, le front de mer avec ses maisons aux fenêtres closes – c’est très photogénique).
Il s’ennuie pas mal et bataille avec ses questionnements (ai-je bien fait de laisser tomber? ; lire des scénarios ineptes; faire des massages…..). Cette partie du film est assez maline – pleine d’ironie aussi. Émaillée de gags visuels (à la Tati). Par ailleurs, assez judicieux (à mon avis – elle accompagnent bien les images léchées) bcp de texte en voix off (coup de fil à sa femme – une Marie Drucker qu’on ne voit jamais, mais qui est redoutable dans ses « conseils » à son mari. Le message du metteur en scène lâché…). Vous allez rire, dans cette partie (peut-être une vingtaine de minutes) j’ai retrouvé la manière de regarder de Sorrentino (Stéphane Brizé a le même regard tendre et cruel sur les « curistes » que Sorrentino dans « Youth »).
Le ton du film change d’abord imperceptiblement ensuite plus franchement quand notre curiste rencontre une ancienne maitresse (c’était 15 ans auparavant – elle est désormais, comme lui, mariée – lui avec une star de la télé, elle avec un médecin (qui par ailleurs l’avait sauvé de la déprime après la rupture).
Tout d’un coup le film devient plus lumineux, centré sur le couple, la vie y entre (les petites choses de la vie), et c’est un plaisir pour les yeux de voir les tendres liens d’antan se resserrer tout en étant pleins d’amertume, de reproches et questionnements aussi.
Je vois sur « Allociné » que le rating est de 2,6 chez les spectateurs. Il y’en a qui disent « qu’il n’y a rien qui se passe dans ce film » (oh les aveugles ou malades des blockbusters !) – mais un autre écrit « que c’est un film pour des personnes « mures ». En tant que mure sentimental j’ai adoré le film (qqs petites longueurs lelouchiens à part) pour sa manière de marcher sur la crête d’un sentimentalisme sans tomber dans un marasme dégoulinant.
Toutefois, je pourrais comprendre que Libération réécrive pour ce film ce qu’il disait alors pour un autre film de S. Brizé : Le cinéaste a de toute façon tendance à confondre les accents de vérité et le folklore des bons sentiments. Chaque plan semble mitonné aux petits oignons du détail qui tue et nappés de silences qui en disent long.
Moi, j’ai marché à donf devant cette nouvelle histoire d’amour (im-)possible, accompagnée par les notes mélancoliques de Vincent Delerme qui vous enveloppent en douceur (ou hérissent ceux qui sont allergiques aux petites mélodies – les « scies » minimalistes – de lui).
Pour avoir une idée de la voix fragile, proche du brisée, avec l’inimitable accent italien (de Alba R.) – et pour voir qqs images léchées et « convenues » pour exprimer les remous des personnages, encore un autre morceau (qu’on n’entend par ailleurs pas du tout dans le film, mais les images lelouchiennes y sont)
En somme : ce que je pensais être un film de retrouvailles d’anciens amants (nostalgie, interrogations nimbées de regrets p.ex.) est finalement beaucoup plus, comme le montrent les diverses rencontres (notamment avec un coach sportif – qui ne connait pas l’acteur connu, ce qui est d’une grande drôlerie – ou le mariage sur le tard d’une veuve étonnante avec une femme dans une Epahd). Le tout réhaussé par deux acteurs (Canet & Rohrbacher) d’une justesse, sans esbroufe, d’une sincérité qui prend aux tripes (au moins mon côté Madeleine).
J’espère que ce film sera boosté par le Printemps du Cinéma, même « s’il n’y a rien qui se passe« .
J’avoue être de ceux qui pensaient qu’il ne s’y passait rien et que cela attendra bien son passage sur une plate-forme bien connue, toujours abonnée malgré…, nul n’est parfait ! Mais, promis, je le regarderai 🙂
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J’aime les films dans lesquels il ne se passe rien. Je l’aurais volontiers ajouté à mon programme du Printemps, mais hélas, les horaires de diffusion sont capricieux pour qui exerce une activité professionnelle en journée. Je devrai me rabattre sur autre chose.
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Je pense qu’il suffira un jour le voir sur un poste de télé…. tu critiquera trop certaines « affèteries » ou « mignardisess lelouche-ienne
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Peut-être, seulement s’il abuse de chabadabadas 😉
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Je n’ai pas attendu le passage dans le poste et je ne regrette pas cette thalasso et sa cafetière high tech qui semble sortir de chez Tati. J’ai même trouvé qu’il y avait du Sautet au menu.
Libé n’a décidément aucun goût.
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J’adore ton commentaire sur Libération. C’est ma compagne qui m’avait également parlé de Sautet. Et je sens que ton savoir encyclopédique du ciné t’as permis d’apprécier le film à sa juste valeur.
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Verdict très bientôt 😉
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Très tentant! J’avais vu l’affiche sans trop la remarquer mais, finalement, je tâcherai de le voir en DVD.
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Ces films où il ne se passe soi-disant rien sont ceux souvent marquants parce que éloquents de non-dits et sens cachés. Je viens de revoir Oslo 31 août ou je pense aussi à Perfect day. Leur intensité est le fait d’immenses réalisateurs. Merci pour le filon!
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Faudra quand même dire que ce film est loin de l’intensité de « Perfect days » ou de « Oslo 31 aout »…. mais certaines scènes restent – et je suis un peu « fleur bleu »/Madelaine sur les bords….
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