Malone – alone

J’ai terminé mon année de lecture 2018 avec le « dernier né » de Don Winslow (paru en Allemagne déjà fin 2017 et aux Etats-Unis en été 2017 (comme le « summer blockbuster… »).

Corruption

Denny Malone, chef de l’unité spéciale du NYPD, « La Task Force » (constituée de fidèles triés sur le volets, des amis ou plutôt des frères ), une sorte de « Anti-Serpico », et considéré/qui se considère comme le « roi des rues de Manhattan Nord ». Il est l’axe et le tourneur derviche de ce récit à cent à l’heure et néanmoins d’une précision chirurgicale qui fait mal ou il faut…. avec ses critiques parfois assénées à la serpe contre une société gangrenée…. « La corruption ne flotte pas seulement dans l’air de cette ville, elle est dans son ADN. Et dans le tien…… Tu as cru qu’il s’agissait d’une plaisanterie quand ils t’ont parlé de la pente savonneuse à l’académie de police. Une tasse de café , un sandwich, ça conduit vers d’autres choses. Non, pensais-tu alors, une tasse de café, c’est une tasse de café, et un sandwich, c’est un sandwich. Les patrons d’épicerie te remerciaient pour ton travail, ils appréciaient ta présence. Quel mal y avait-il ? Aucun…… Il fut un temps où tu trafiquais des mandats pour effectuer des arrestations justifiées : éradiquer des criminels et la drogue. Puis est venu l’époque où tu trafiquais des mandats pour effectuer des arrestations afin de prélever ta part du butin. Tu savais que tu passerais de charognard à chasseur. »  » (extraits p. 427 et 430) … Meuhoui, ça devenait une belle descente…. notamment après le 11 septembre….

Le roman débute avec l’emprisonnement de Malone, fait ensuite un retour en arrière dans cette saga « splendeur et décadence » ou plutôt « l’ascension et chute de D. Malone… »

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« Un triomphe. Pensez au Parrain, mais avec des flics. »« Tendu, brutal, très atmosphérique, incroyablement ficelé et totalement inoubliable. »« Un roman policier d’envergure shakespearienne, probablement l’un des meilleurs jamais écrits. »« Les fans du Parrain, de Mystic River, de Sur écoute, ou des Infiltrés vont adorer. » Je partage bon nombre de ces qualificatifs. On lit ce type de littérature pas pour y trouver le style de Proust ou de la Miss Yourcenar. Pas étonnant donc que Hollywood s’est déjà emparé du livre, dont certaines pages ont l’air d’un scénario (c’est selon l’internet James Mangold qui s’y colle – les droits ayant été acheté par Ridley Scott (!) ….).

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En effet, (très) bien documenté (comme à l’habitude je dirais – les lecteurs de « Cartel » et de « La griffe du chien » ne me démentirons pas) – D. Winslow remercie particulièrement de nombreux policiers (encore actifs ou retraités…..) – , construit/structuré en mode tragédie grec, et vu quasiment tout le temps du seul point de vue de Malone….. c’est un roman noir qui se lit d’une traite (581 pages) et on en redemande. Un grand merci aussi à Jean Esch (déjà traducteur de « Cartel« ) – je préfère sa traduction à celle en allemand …

Malone adore le Rap mais quelques mots de cette chanson de B. Springsteen collent farpaitement avec ce roman…. âpre…

Bruce Springsteen :

Well, now some folks are born into a good life
And other folks get it anyway anyhow
Well, I lost my money and I lost my wife
Them things don’t seem to matter much to me now

Tonight I’ll be on that hill ’cause I can’t stop
I’ll be on that hill with everything I’ve got
Well, lives on the line where dreams are found and lost
I’ll be there on time and I’ll pay the cost
For wanting things that can only be found
In the darkness on the edge of town

[Certaines personnes sont bien nées/ D’autres s’en sortent tant bien que mal/ J’ai perdu mon argent et j’ai perdu ma femme/ Ces choses ne semblent pas me perturber beaucoup maintenant/ Ce soir je serai sur cette colline, parce que je ne peux pas arrêter/ Je serai sur cette colline avec tout ce que je possède/ Des vies sur la ligne, là où les rêves sont trouvés et perdus/ Je serai là à l’heure et je paierai ce que ça coûte/ De vouloir les choses qu’on peut seulement trouver/ Dans l’obscurité aux abords de la ville.]

Don Winslow n’échappe pas aux facilités et fait parfois un peu trop dans son style kalachnikow et noir et blanc (pas mal de « phrases » sans verbe, staccato).. .. « Rester en vie. Éliminer des méchants. Faire le plus beau métier du monde. Etre vivant…… Ils roulent à travers la jungle. Défoncés, ivres, complètements partis. A travers la grisaille brutale de l’aube. » (p. 232)… La charge (un peu invraisemblable) contre le gratin politico-policier vers la fin cinématographique a ce côté moralisateur un peu téléphoné mais ce n’est rien par rapport au plaisir adrelaninesque de plusieurs de centaines de pages.

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4 commentaires pour Malone – alone

  1. princecranoir dit :

    Entre la prose prolo du Boss et le flow féroce des gars de Compton, tu envoies du lourd sur ce roman qui me démange déjà les doigts !
    D’ailleurs, en lisant le descriptif et avant même de lire le nom de Mangold j’avais déjà en tête les images de son remarquable Copland (avec Stallone dans un de ses meilleurs rôles), comme quoi, les grands esprits…
    J’en profite pour te souhaiter une merveilleuse année de 2019, à Manhattan ou bien ailleurs. 🙂

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  2. Elisa dit :

    Un grand merci pour toutes chroniques. Très belle année Lorentz et à très vite pour d’autres partages 😉

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    • lorenztradfin dit :

      Merci pour tes vœux… en effet, que les partagent continuent….. La venue de mes « chic-oufs » et une charge de travail inusitée pour une fin d’année me ralentissent actuellement…. mais je reprends des « forces » !! Bonne année encore pour un tsunami de pages noircies……

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