Sommerhaus, später

Petit intermède lecturien – en allemand.

9782226121158g

Trouvé dans la bibliothèque de ma fille – Judith Hermann « Sommerhaus, später » – Maison d’été, plus tard – livre dont l’exergue « and my doctor says…. » de Tom Waits m’a interpellé

Well, I had me a girl in L.A.
I knew she couldn’t stay
Had me a girl in San Diego
One day she just had to go
And I had me a girl Tallahassee
Boy what a foxy lassie

And my doctor says I’ll be alright
But I’m feelin’ blue
And my doctor says I’ll be alright

Bonne idée de me pencher sur ces 9 histoires (entre short-story et mini-nouvelle) qui selon l’internet étaient un vrai succès en Allemagne (paru en 1989, j’ai lu la 14e édition d’octobre 2009 – plus de 100.000 ex).

La version française est parue chez Albin Michel en 2001 qui présente le livre (traduit par Dominique Autrand) ainsi :

Rencontres improbables, occasions manquées, résurgence inopinée du passé… Les nouvelles douces-amères de la jeune Berlinoise Judith Hermann ont connu en Allemagne un succès immédiat et exceptionnel. Avec une grande subtilité, un sens aigu de l’éphémère et de la solitude, elle y évoque dans une langue précise et limpide l’étrange inadéquation de nos vies.

Je suis entièrement d’accord avec la dernière phrase – rarement ces derniers temps j’ai lu une prose aussi précise en allemand, au scalpel et pourtant imbibée d’une mélancolie qui colle entre les lignes et ne laisse finalement que les émotions flotter dans la tête du lecteur.

« Sonja war biegsam. Ich meine nicht dieses »biegsam wie eine Gerte«, nicht körperlich. Sonja war biegsam – im Kopf. Es ist schwierig zu erklären. Vielleicht – dass sie mir jede Projektion erlaubte. Sie erlaubte mir jede mögliche Wunschvorstellung von ihrer Person, sie konnte eine Unbekannte sein, eine kleine Muse, jene Frau, der man auf der Straße begegnet und an die man sich noch Jahre später mit dem Gefühl eines ungeheuren Versäumnisses erinnert. Sie konnte dumm sein und bieder, zynisch und klug. Sie konnte herrlich sein und schön, und es gab Augenblicke, da war sie ein Mädchen, blaß im braunen Mantel und wirklich unwichtig; ich glaube, sie war so biegsam, weil sie eigentlich nichts war. »
 
« Sonia était souple. Je ne veux pas dire par là souple comme un roseau, souple au sens physique, non. Sonia était souple – dans sa tête. C’est difficile à expliquer. Peut-être m’autorisait-elle toutes les projections. Elle m’autorisait à la percevoir de toutes les façons possibles, selon mon désir elle pouvait être une inconnue, une petite muse, cette femme que l’on rencontre un jour dans la rue et dont on se souvient encore des années plus tard avec le sentiment d’une formidable occasion manquée. Elle pouvait être bête, et brave, cynique et intelligente. Elle pouvait être superbe, et belle, et à d’autres moments c’était la petite fille, pâle dans son manteau marron et tout à fait insignifiante ; je crois que si elle était souple c’est parce qu’en vérité elle n’était rien du tout. »

Extraits tirés du blog :

http://littexpress.over-blog.net/article-judith-hermann-maison-d-ete-plus-tard-69353424.html

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Bien entendu – comme souvent dans ce type de recueil – le poids ou la résonance des diverses nouvelles varie, certains me/nous parlent davantage que d’autres ou font résonner mieux des cordes que d’autres. Amour, la fragilité et/ou fugacité des choses, le ratage d’une vie ou la peur de passer à côté de la vie, ou de voir le temps passer (trop ou pas assez vite…). A défaut d’aimer les personnages (souvent elles ont une part d’ombre peu sympathique) j’ai adoré la petite musique et ses nuances…..

Assez pour me donne renvie de lire d’autres écrits de cette auteure qui vient de sortir un roman (après plusieurs recueils de nouvelles) que l’hebdomadaire allemand « Die Zeit » a accueilli avec perplexité tout en soulignant que la ville de Berlin créée par J.H. dans le présent recueil était tout simplement magnifique (http://www.zeit.de/2014/34/judith-hermann-aller-liebe-anfang) souhaitant qu’elle sort de « sa cage d’esthétique prévisible et poétologique » (couper, couper, réduire un maximum, même jeter les verbes… dire le moins possible… comme ses personnages)

A propos lorenztradfin

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5 commentaires pour Sommerhaus, später

  1. Ah ! tu as su piquer ma curiosité, je pense essayer le recueil de nouvelles dont tu parles ici.

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    • lorenztradfin dit :

      toutefois je ne puis te dire si la traduction en français est bonne, le petit bout trouvé dans le net est correcte et fidèle – bonne solution pour la traduction du difficile « Wunschvorstellung » (une construction qui veut dire aussi « que les rêves deviennent réalité ») mais bien rendu avec le seul « désir » .

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  2. L’homme est un roseau pensant …. parfois penchant 🙂

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  3. CultURIEUSE dit :

    C’est de toi la photo de la sculpture? Elle me fait penser à Duchamp « Etant donné », manquent la chute d’eau et le gaz d’éclairage!

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