Jean et le temps

Le nouveau C. Oster est arrivé –

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« En ville »  (Editions de l’Olivier)

…le temps avance, toujours un peu en avant de nous, il nous tire par la main comme des enfants qui réchignent mais qui ne connaissent pas le trajet, il nous accompagne en silence, il ne dit rien parce qu’il ne veut rien dire, lui non plus, c’est un grand muet qui marche et que nous suivons de force, et qui ne nous éduque pas, qui ne nous apprend rien...(p.55/56)

Drôle les coïncidences – le sous-jacent de Oster et Barnes (« Une fille, qui danse » – critique à venir) , deux auteurs fondamentalement différents, de mondes je dirais diametralement opposés, mais dont les héros/narrateurs vieillissent, cherchent leur place, leurs traces, l’empreint qu’ils laissent dans le monde…- dans le choix de mes lectures « au hasard ».

« Je n’arrivais déjà pas à cohabiter avec une femme. C’est faux, ai-je pensé. Plusieurs fois trois ans, quelquefois cinq , une fois sept. Le temps, en definitive, avait passé vite. Emoussé l’agacement. Il l’aiguise, sans doute, ai-je pensé, quand il traîne, mais l’émousse dès qu’il file. C’est avec lui qu’on trompe ceux avec qui l’on passe. » (p. 70)

Nous accompagnons Jean dans sa vie de citadin désordonné mais ordinaire. Contrairement au dernier roman de Oster (« Rouler ») , ou on passait notre temps en province, en roulant, en « bougeant », là nous accompagnons le narrateur « en ville », plus précisément dans le 16e de Paris (avenue de Versailles, avec vue sur la Seine, la voie pompidou – quelques passages déscriptives des rues de « son » quartier rapellent les pérgrinations dans le 12e de P. Modiano – toutes proportions gardées).

« Autrement dit, nous avions parlé du passé, moins du présent, parce que c’est ce qu’on cache, avais-je pensé, c’est le présent qu’on cache quand le passé, qu’on livre  plus volontier en pâture à l’autre, en dit tout aussi long, mais c’est ainsi, le passé n’a l’air de rien, il ressemble à une vieille chose…(p. 142)

La trame du livre, digne du scénario d’un film neo-contemporain français, chorale: un groupe de quinqua, vaguement amis (ils sont à peu près sur la même longueur d’onde mais sont loin d’être des intimes), projettent de partir ensemble en vacances, et quelques évenements inattendus risquent de contrarier les vacances (embolie pulmonaire de l’un, une paternité accidentelle, la séparation d’un couple – « ils avaient l’air toujours soudés dans leur projet de séparation et toujours désireux de passe des vacances dans l’Hérault » p. 104…). S’y ajoutent un démenagement, une histoire d’amour naissante (?).

Le lecteur accompagne Jean, personnage légèrement morose, mélancolique, dans cette comédie de moeurs…ou les gens se quittent sans se quitter et ont des enfants sans le vouloir, et ou les gens restent « ensemble » « pour tenir encore un peu« .

Drôle de livre avec sa musique d’autodérision noir, des phrases dont la longueur varie (très courtes ou très longues avec les disgressions Osteriennes et coq à l’âne que j’aime) et qui contient, parsemé ou engloutis (c’est selon l’humeur du lecteur), de belles reflexions sur les relations humaines et notre passage sur terre.

A propos lorenztradfin

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2 commentaires pour Jean et le temps

  1. Yv dit :

    J’avais détesté Rouler, je ne crois pas renouveler avec cet auteur. Rien ne m’avait fait déceler en lui quelque chose susceptible de me plaire

    J’aime

  2. Ping : Livre Inter 2013 – Tanguy & Sullivan |

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