Carré cinématographique – Octobre 2017

Corps et âme (couronné de l’Ours d’Or de la Berlinale 2017)

Film hongrois de Ildiko Enyedi. Une histoire d’amour particulière entre deux solitudes (le directeur et la responsable qualité d’un abattoir). Cette dernière presque diaphanement somnambulesque et plutôt autiste sur les bords (cherchant des conseils auprès de son psy d’enfance). C’est après avoir constaté qu’ils partagent le(s) mêmes rêves autour d’un cerf et une biche dans une forêt enneigée qu’ils vont se rapprocher peu à peu l’un de l’autre.

Traitement froid et clinique (l’abattoir et l’ère glacière émotionnels aidant) ce film tient grâce à la présence inouïe des 2 acteurs principaux et le temps que le film prend pour relater cette histoire hors normes et quasi « silencieux » (et pourtant on « entend » le hurlement étouffé de chacun des protagonistes, la faim d’affection silencieuse. Un film qui  sort complètement du sentier balisé du cinéma. Les métaphores sont peut-être un peu trop appuyés (trop lourdés de sens) mais le regard de Alexandra Barbely imprègne la rétine pour un bon moment.

Sens de la fête (P. Nakache et E. Tolédano)

Le duo propose au boxoffice français (le film marche bien) une comédie qui fera rire quelques’uns. Moi je suis resté en dehors. Un grand mariage qui part en vrille pour être sauvé in extremis…. sous la houlette de JP Bacri en Directeur d’un traiteur. J’ai dû, dans une autre vie, travailler souvent avec des traiteurs (du haut de la fourchette) et vous dis que ce que les Nakache-Toledano nous montrent n’est fait que pour faire fonctionner la « comédie ». La mécanique du drôle-moins drôle-critique avec des personnages typés (et déjà us mille fois) nous réserve parfois un bon petit gag (visuel aussi – voir la scène du photographe nullissime – entouré de gens qui prennent des photos des mariés avec leurs smartphones – mais l’alignement de scènes, les blagues qui tombent à plat et les rouages attendus, m’a lassé. Je peux toutefois concevoir qu’il y a pas mal de monde qui passeront un bon moment de comédie (le casting est rassembleur et épatant (une palme à Vincent Macaigne !).

Lucky Logan (Soderbergh)  

Les amis sont allé voir « L’Atelier » (Laurent Cantet – ils ont aimé le côté humaniste de son approche) tandis que j’ai préféré voir le dernier né de Soderbergh. Le film ne casse pas vraiment des briques, mais reste réjouissant de par la description d’un casse réalisé par des bras (et jambes) cassés et son humour sous-jacent. On ne donne pas un sous pour la réussite de ce casse (avec l’aide d’un braqueur qu’il faut pour cela sortir pour une journée de la prison) et souhaite ardemment qu’ils réussissent… Enlevé, grâce aux acteurs aussi, tout en restant une oeuvre mineure et presque, comment dire, programmatique (les recettes sont palpables et reconnaissables), on passe un bon moment, qui s’évanouit toutefois rapidement, sans laisser de traces euphoriques durables.

Detroit      (Kathryn Biglow) 

Ceux qui me suivent depuis longtemps savent mon admiration pour cette réalisatrices (« Point Break » et « Les démineurs » font partie de mes films préférés) – je ne pouvais donc pas faire l’impasse sur son dernier né qui a déclenché bcp de débats aux Etats-Unis (comment une femme blanche puisse se permettre de tourner un film sur un fait divers qui a eu lieu lors des émeutes raciales en 1967 ??).

Le film est en fin de compte trois films en un. Une première partie époustouflante de vérité physique, immergeant le spectateurs dans la naissance des émeutes qui ont ravagé de quartier entiers de Detroit  en 1967. Une heure de « speed » entrelacé par des images d’archives qui renforcent le propos. Suite une partie à huis clos – la police interroge des résidents d’un motel (presque entièrement des noirs) – menaces physiques et psychologiques pour faire avouer les « otages » l’utilisation d’un pistolet … c’est dur, « hard » un peu théâtrale aussi (dû au dispositif huis-clos), avec un Will Poulter ahurissant (qui fait surgir un Malcolm McDowell du Orange Mécanique de ma mémoire). La 3e partie – le procès des policiers (qui seront bien entendu considérés innocents !!) – est jugé par pas mal de critiques comme ennuyeux, inutile… Je pense qu’elle est absolument nécessaire pour permettre de faire le lien aux Travon Martin, Eric Garner, Akay Gurly et autres Philando Castile…. je n’ai pas vu le temps passer… (le film dure 2h40 et je l’ai vu un soir à 22h).

 Conclusio :

Si je devais recommander un film ce serait « Corps et âmes » pour son récit, sa caméra, ses acteurs charismatiquement mutiques – attention pourtant en début du film quelques images de l’abattoir qui peuvent heurter des esprits sensibles – et « Detroit » (mais celui-ci à déconseiller aux personnes qui ne supportent pas la violence (physique et psychologique) et/ou un racisme qui transpire par toutes les pores d’un acteur hallucinant.

A propos lorenztradfin

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2 commentaires pour Carré cinématographique – Octobre 2017

  1. Ah ! j’ai beaucoup ri au Sens de la fête, ça fait du bien ! Il y a quand même des seconds degrés bien vus,et Bacri est plutôt exceptionnel en homme gentil. Pas eu le temps de voir quoi que ce soit d’autre !Mais je note tes recommandations !

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    • lorenztradfin dit :

      Tant mieux si tu as bcp ri…. j’ai malheureusement à peine rigolé deux trois fois….et d’autres ont passé dans une salle ou tout le monde riait…chez moi…bof… Dommage, j’étais à la recherche d’un bon rire profond bouddhique…..

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