Livre Inter 2016 – Un beau début

4e de couv’ :

Enfant, Nicole Sauxilange s’imaginait un destin de sainte. Avec l’adolescence, une autre ambition se fit jour dans l’esprit de cette petite provinciale : devenir une star. Qu’elle ne possédât aucun talent ne l’en détournerait pas. Il suffirait de poser nue.

http://www.leseditionsdeminuit.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3195

9782707329523

Le Prix Alexandre Vialatte, créé en 2011 par le groupe Centre-France, est doté de 6.105€, soit « la somme de la hauteur du Puy-de-Dôme et de la longueur du Fleuve Congo ». En 2015, Jacques-André Bertrand avait été le lauréat du Prix Vialatte pour son ouvrage Brèves histoire des choses (Julliard).

Çà commence par une description méticuleuse d’une photo de charme de Nicky Soxy (très belle – on devrait s’exercer à décrire des images/photos/tableaux de cette manière là !). Description qui de manière sous-jacente m’a rappelé aussi un autre roman de la liste du prix Livre Inter « Eva » : https://lorenztradfin.wordpress.com/2015/11/15/eva-naissant/

Nicole Sauxilange est une fille très pieuse (fille de Suzy et de Bob – en quelques pages enlevées, E. Laurrent brosse le tableau généalogique des origines de Nicole qui est « …un mixe de Cosette, d’Oliver Twist, de Tom Sawyer et de Rémi, le protagoniste de Sans Famille...(p. 118/119)). Elle ne rêve que de devenir une Sainte (touchée par son mysticisme précoce), mais elle deviendra (après une « décatéchisation » et un bouquet d’essais multiples pour devenir pensionnaire de la Comédie-Française, un sosie de Nadia Comenici, romancière ou esthéticienne ) véritable « star » sous le nom d’emprunt Nicky Soxy, mais du genre pornographique, dans les pages de la revue Dreamgirls. (« …les traits ..presque voluptueux  auxquels le velouté et la carnation abricotés de sa peau ajoutaient quelque chose de concupiscible... » (p. 146)).  Elle  publiera un jour (un jeune admirateur bourgeois qui l’a croisé en 6e dixit) une longue interview – une sorte de mémoire – , avant de disparaître et mourir. Cette mort nous est juste indiquée par petites touches  disséminées dans le roman….

« L’innocence angélique émanant de ce visage inconfortait la concupiscence aiguë qu’éveillaient ses appas, à fortiori lorsque ceux-ci étaient dénudés, qu’elle contrariait moins, cela dit, qu’elle ne l’excitait en définitive, en l’enveloppant du suave et capiteux parfum de l’interdit – et davantage encore : en faisant remonter du tréfonds de l’âme, cet obscur désir de souillure, d’avilissement, de profanation, qui est chez l’homme consubstantiel de la possession physique.  Aussi, dès la première prise de vues, et cela d’autant plus instamment que, à l’imitation de ses nouvelles héroïnes, la jeune fille inclinait spontanément à faire étalage de lubricité... » (p. 179)

Bel exercice de style (lexical et grammatical – avec ses phrases à rallonge, des « qui » et « que » qui s’emboîtent, s’enchaînent, et des parenthèses ouvertes/fermées parfois dans d’autres parenthèses fermées/ouvertes …  Mais j’étais prévenu :  « Lire Éric Laurrent consiste d’abord à accepter un rythme : celui de ses longues phrases raffinées, élégantes jusqu’à la préciosité. » (Norbert Czarny, En attendant Nadeau, 1er avril 2016).

La généalogie et l’humour pince-sans-rire ainsi que la belle prose sont les grands atouts de ce petit livre de 205 pages, mais je l’oublierai rapidement certainement – et il ne se trouvera non plus dans le Top Five de « mon » prix du Livre Inter. Même si je sais maintenant ce que sont : psilocybes (p.69) et dysmorphophobie (p. 125)….

 

 

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5 commentaires pour Livre Inter 2016 – Un beau début

  1. Ah…Psilocybes, je connais, l’autre pas. Prix Vialatte, ça me cause quand même, Vialatte…On n’en fait plus en tous cas je n’en connais pas de cet acabit

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  2. CultURIEUSE dit :

    Hahaha, la recherche des psilos sur les bouses de vaches! Vieux, très vieux souvenir… Celui-là, je ne le lirai pas. Rien que l’extrait que tu as mis me gonfle…un style beaucoup trop ampoulé pour moi qui mets Carver au pinacle!

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  3. Yv dit :

    bon, j’aime bien, mais ça fait un peu pompeux, j’ai peur que sur la longueur ça fatigue et que le lecteur se sente perdu, j’aime les phrases longues, mais avec des mots plus simples, ça marche aussi… en même temps, ça m’intrigue et je découvrirai bien ce livre, ça me tente quand même beaucoup

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