Livre Inter 2014
« Pour en finir avec Eddy Bellegueule » Edourd Louis
Il était une fois un garçon pas comme les autres (geste de filles…) dans le Nôôôrd de la France. Il est/se sent homosexuel et devient souffre douleur de qqs camarades. Sa famille ne l’aide pas non plus, la crise rôde dans cette province du Nord oubliée par la croissance….mais il va s’en sortir et faire des études à l’ENS…
Eddy (Edouard) Louis saisit le moyen de l’écriture, du roman (?), pour s’émanciper. Il décrit sa sortie, l’échappée de son cadre sociale …. sans laquelle il serait resté : Eddy Bellegueule.
Premier roman (d’apprentissage?) avec de forts accents autobiographiques et zola’esques qui font que le livre s’apparentait pour moi souvent à une sorte de « documentaire » (à voir sur la M6). Style simple, chapitres courts, un peu d’humour, pas mal de cruauté (violence – une scène limite soutenable – mais oui, j’ai un cœur d’artichaut) – mais écrit avec une voix calme, retenue, sans complaisance, peut-être juste avec un verni de misérabilisme de trop.
Le livre avec ses élans zola-esques (oui mon cher Emile m’est souvent – aussi parce qu’il écrit mieux – venu à l’esprit) se lit très très facilement.
« Tout se passe comme si, dans le village, les femmes faisaient des enfants pour devenir des femmes, sinon elles n’en sont pas vraiment. Elles sont considérées comme des lesbiennes, des frigides. »
« Quelques-unes travaillent, mais la plupart du temps elles gardent les enfants. Je m’occupe des gosses et les hommes travaillent, ils bossent à l’usine ou ailleurs, le plus souvent à l’usine qui employait une grande partie des habitants, l’usine de laiton dans laquelle mon père avait travaillé et qui régissait toute la vie du village. »
Un point de vue du Courrier Picard pas tendre….(certains lecteurs jugent : « une « absurdité et/ou cruauté stupide » d’aller chercher dans la « vraie vie » les « vrais gens » qui se cachent derrière les pages écrites par E. Louis. »)
http://www.courrier-picard.fr/region/les-deux-visages-d-eddy-bellegueule-ia0b0n306422
Et la blogosphère se déchaine et se déchire sur « le style » & « l’ambiguité ». Ainsi son éditeur, René de Ceccatty, aurait dit:
« Il a décliné Ardisson, «le Grand Journal», Ruquier, le JT de France 2. Tous les journaux de droite. Il a la rigidité des gens de 20 ans, et c’est une bonne chose. Il ne veut pas d’ambiguïté: c’est un travail littéraire, pas un témoignage sociétal« . Mais c’est vrai, le lecteur peut, à cause du style, factuel, voir le récit (roman?) comme un miroir de notre société…
: Wissh écrit dans un commentaire sur Mediapart.
Je n’ai rien vu du style « soutenu », de cette écriture dont on nous vante la qualité littéraire (il reste même quelques coquilles de syntaxe), mais bien sûr, à côté du langage parlé si lourdement mis en relief par l’usage de l’italique (au cas où nous aurions eu du mal à faire la distinction ?), le contraste est aisé. Sur le style, toujours, des chapitres assez courts, qui permettent de distribuer les (mauvais) points : par situation, par catégorie de personnages. Un montage simple, qui se veut efficace, et qui l’est, au vu de l’emballement provoqué.
Et maintenant, allons au fond. Nul ne trouve grâce, aux yeux de l’auteur. Tout est fait pour réveiller chez le lecteur le dégoût issu du mépris que l’auteur éprouve pour ceux qu’il a côtoyés. Lui est une victime : son homosexualité, qui explique tout, son comportement et celui des autres. Et bien sûr sa supériorité (chèrement ?!?) acquise, qu’il n’énonce pas mais qu’il met en scène avec ce procédé « littéraire », italique contre langage civilisé. Au final, rien n’est crédible, pas même ce qui est sans doute issu du vécu, tant la charge est haineuse.
« Mais c’est un roman ! » s’écrie (s’indigne) l’auteur, lorsqu’on lui oppose les souvenirs et la réalité de ceux qu’il décrit (infâmes journalistes, venus troubler la quiétude de sa famille, cherchant à ravaler son oeuvre au rang d’un documentaire). Alors d’accord, c’est un roman. De ceux qu’on regrette d’avoir perdu du temps à les lire, influencés que nous sommes par le matraquage marketing.
Mais au fait, si c’est un roman, pourquoi avoir laissé suffisamment de pistes pour permettre aux protagonistes d’être identifiés ? La volonté de les stigmatiser, de les exposer, est certaine. Ce n’est pas le fruit d’une naïveté, ni même le souhait de leur faire prendre conscience, puisqu’aux dires de l’auteur, ils en sont bien incapables.
Double jeu indigne et infâme. »
Le Nouvel Obs dans ces pages internet en parle également (Qui est vraiment Eddy Bellegueule? – et fait le récit de l’intervention mémorable de la mère de Edouard lors d’une conférence publique à la FNAC :http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20140311.OBS9267/qui-est-vraiment-eddy-bellegueule.html) –
David Caviglioli cite dans cet article les observations de E. Louis : «Adolescent, pour gommer ce que j’avais d’efféminé, je me suis acharné à travailler sur mon corps, conclut Edouard Louis. Je m’entraînais à parler, à rire. Puis c’est devenu naturel.» A Normale-Sup, on lui a fait des remarques sur sa dentition négligée, dont il a honte comme d’un héritage de ses années misère: il s’est fait poser un appareil. «De même, je me réinvente en auteur. C’est la grande absurdité de la condition humaine: nos vies n’ont pas d’essence propre. Nous trouvons des rôles à endosser. C’est la seule chose à faire.»
Ceci n’a rien à voir mais la lecture de « Faber – Le destructeur » (Tristan Faber – également sur la liste des livres Inter – critique à suivre) le lecteur est également confronté à la violence des jeunes (CE2) dans une cour d’école (p.64-70) fort bien ressenti…
Lu en vue de notre Club de Lecture de ce samedi – mais également dans la liste des Livres du Prix Livre Inter 2014. A priori ce ne sera pas un de mes livres préférés de cette liste.
Pour finir aussi un point de vue de Hermite sur ce « phénomène » du paysage de la littérature contemporaine
http://hermite-critique-litteraire.com/2014/03/12/6-12-mars-2014-edouard-louis-eddy-bellegueule/
Un ovni littéraire et/ou produit marketing qui m’a laissé finalement froid comme vous ne pouvez pas vous imaginer. Je ne peux/veux pas croire que le « vrai » jury du Livre Inter va donner le prix à ce livre.
Effet bizarre du marketing et des nombreux extraits déjà publiés dans des rubriques littéraires, mais je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour Eddy Bellegueule en passant par les Corons lors de ma visite du Louvre de Lens. Tout en oubliant l’auteur ce qui montre en somme que j’avais lu les extraits comme étant purement autobiographiques. La violence des propos y a largement contribué.
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…. c’est exactement à ce croisement de chemins que ce « roman » devient un OVNI avec sa propre vie….
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