Déjà en lice l’année dernière avec son livre « Un notaire peu ordinaire« , [https://lorenztradfin.wordpress.com/2013/05/17/livre-inter-2013-yves-ravey-un-notaire-peu-ordinaire/] Yves Ravey est de retour pour l’édition 2014 du Livre Inter avec
« La fille de mon meilleur ami »
J’ai davantage aimé ce petit livre des Editions Minuit (156 pages) que celui du Notaire (question d’affinité? – tzzzz) – Il se lit en une courte soirée. Se sirote même. Comme un bon milk-shake (?) ou plutôt comme – l’autre soir – un Meursault blanc (Jean-Michel Gaunoux « Les Perrières » – 2007!!)
Fidèle à son style – pas de fioriture, phrases directes, informations (sur les personnages, le passé…) en compte goutte et souvent par surprise, au détour d’une phrase… le récit (environ 48 heures) avance rapidement – et plus d’une fois je me suis dit : une joli trame de polar (thriller atmosphérique) littéraire. D’ailleurs, cela se termine avec un twist à la G. Simenon….
4e de couv’
Avant de mourir à l’hôpital militaire de Montauban, Louis m’a révélé l’existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu’elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu’on lui avait retiré la garde de son enfant.
Il m’a alors demandé de la retrouver. Et j’ai promis. Sans illusion. Mais j’ai promis. Et c’est bien par elle que tout a commencé.
Un homme au passé trouble va faire en sorte (par des moyens pas très orthodoxes) que la fille de son meilleur ami puisse voir son fils (séparé d’elle après un divorce) et saisit l’occasion pour obtenir une grosse somme d’argent pour rembourser (une partie d’) une dette.
«À l’abri sous mon imperméable, j’ai sorti du coffre de la Sunny mon livre – cadeau de Monsieur Vernerey pour fêter mon embauche quelques mois plus tôt à mon retour d’Afrique –, rangé entre le cric et la roue de secours. J’ai lu. En terrasse. Quelques lignes, au hasard, dans la partie intitulée Genèse, en sirotant un gobelet de café pris au distributeur. Ensuite, je me suis penché sur un journal de petites annonces.» (P.74)
Extrait type (le lecteur sait qu’il avait été licencié)… et la « Genèse » pour indiquer, comme par hasard, le titre du livre offert par l’employeur (une secte? organisme catholique?) .
La lecture divertit doublement, puisque le lecteur sent que l’auteur le balade par le bout du nez, ouvre des trappes à double-fond quand il veut et nous dévoile – parfois au milieu d’une phrase – un mensonge ou une nouvelle composante d’un des personnages.
« Je n’ai pu réprimer une quinte de toux. Mathilde m’a demandé pourquoi je ne consultais pas.Elle a ouvert la portière. : Est-ce que je la trouvais toujours aussi jolie ? J’ai soupiré. Pourtant, quand j’ai vu ses yeux levés, pardessus la monture de ses lunettes….! J’ai dit : Ca te vieillit, Mathilde, de me regarder comme ça. Je pensais : Ca de rend plus belle. Elle m’a rappelé qu’elle avait trente ans de moins que moi. » (p.34)
Ironie, cruauté sous le couvert d’un roman noir avec des personnages schématique (archétypiques).
J’ai passé un excellent moment avec ce petit roman. Toutefois, attention, il faut lire « attentivement ». Sous cette légèreté apparente de l’écriture, de l’avancement du récit tout doux, sans grande accélération, se cachent des profondeurs, des multi-facettes qu’on peut « rater ».
Par ailleurs, pour les dégustateurs littéraires, un petit passage quasi-anthologique: un face-à-face tout décalé entre le narrateur et une certaine Sheila autour d’un milkshake (p. 78 – 82)….
Une autre vue (négative celle-ci) :
http://cannibaleslecteurs.com/2014/03/15/la-fille-de-mon-meilleur-ami-dyves-ravey/
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