Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir une exposition d’une photographe (Vivian Maier) et lire en parallèle sa biographie (par Gaëlle Josse).
4e de couv’ Les Editions Noir et blanc/Notabilia
« Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meuble de la banlieue de Chicago. Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste.
Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique. L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts. Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain. «
« Son travail se focalise sur les visages, le portrait, et sur les exclus, les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe. Parfois, c’est une femme des beaux quartiers, saisie d’un œil ironique avec ses fourrures et ses bijoux, qui la regarde d’un air mauvais… «
L’histoire avait fait grand bruit. Un jeune agent immobilier (John Maloof) avait acquis en 2007 (un an avant la mort de V.M.) lors d’une enchère un lot issu d’un container de stockage, dont le loyer n’a pas été payé depuis plus d’un an. Des cartons avec des photos, planches-contacts, pellicules non-développées, négatifs…. Il n’y connaissait rien à la photo et était d’abord déçu…. mais les photos ne l’ont pas lâché… il se met à la recherche d’infos sur la (technique) photo en général, la photographe (200 clichés postés sur Flickr ou il demande si ces photos « valent » qqchose (et pourquoi) . Les réponses/commentaires/demande d’achat de la part des aficionados le convainquent qu’il a trouvé un trésor immense; il essaiera de racheter le reste du conteneur….(en vain)… et commence à exploiter sa trouvaille (commercialement). S’ensuivront une multitude d’expo’ dans le monde entier, un film aussi (« Finding Vivian Maier – en frç. « A la recherche de Viviane Maier ») …. au moins un qui profite de ce fonds de photos, légataire par hasard d’une oeuvre que les grands éditeurs et sommités du monde de la photo’ ne voulaient pas (avant de changer d’avis – trop tard)
Mayer, Meyer, Maier….. il y’en avait des orthographes de ce nom de famille….à l’image de la famille (père, mère, frère qui s’inventent des vies).
La vie de Vivian Maier n’était pas un long fleuve tranquille et ressemble plutôt à une géographie tarabiscotée. Du côté de la mère, il y a les racines françaises (départ à 6 ans du Champsaur vers NY) , du côté du père on trouve des racines austro-hongroises. Les parents, se brisant aux rêves américain, se séparent (un autre enfant, un fils, en perdition aussi dans cette société), retour donc un certain temps en France, et nouveau retour aux États-Unis. La famille comme filet de sécurité ou sol nourricier se désintègre. Nous sommes dans les années ’50.
Et cette femme, dont Gaëlle Josse, avec sensibilité, nous retrace la vie (par bribes), est restée insaisissable (tant les opinions des gens qui l’ont croisé divergent – « Délicieuse et excentrique Mary Poppins…. ou vraie harpie, sinistre fée Carabosse, mégère odieuse et maltraitante mettant les enfants (elle garde des enfants n.d.a.) en danger ? » (p. 128) . Et ce ne son pas les autoportraits qu’elle a pris qui nous avancent bcp. Il y’en a beaucoup de cette femme qui n’avait selon G. Josse (qui se base pour cela sur des témoignages) « aucune envie de séduire qui que ce soit« . Autoportraits – souvent avec des reflets ou miroirs, peu de sourires….
La plupart des photos reproduites ici sont « empruntées » sur le site http://www.vivianmaier.com
Quelques auto-portraits (juste une petite partie de ceux-ci visible à GRE) :
A la V.M. j’ai « même » fait un double portrait :
Des photos qui m’ont « parlé » :
S’ajoutent à cela de beaux portraits – qui rappellent le travail d’autres grands de la photos:
Le livre de Gaëlle Josse vaut la peine – avoir la possibilité de voir aussi les photos rajoute au plaisir. C’est une belle autobiographie sur une aventure humaine, sur la solitude et l’insondable dans l’Homme (la femme – d’autant plus si celle-ci était ce qu’on appelle une femme libre – toutefois sans l’ombre d’un homme (G.J. semble penser qu’il y avait un événement – à part le délitement de sa famille/la violence et l’alcoolisme du père – qui expliquerait cela….)
Artiste magnifique qui te change toi-même en photographe inspiré.
Je ne me souvenais plus de ce documentaire/enquête sur la photographe. Il serait bon que je m’y intéresse de nouveau.
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Ses photos sont des pépites…. et au vu de qqs planches de contact il n’y a pas bcp de ‘dechets’ sur les 120000 photos qu’on a trouvé….
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Une vraie mine. Sais tu si l’expo va migrer ailleurs en France ?
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non – mais je suis certain que ce sera le cas…. Grenoble a un peu de « chances » puisqu’elle a passé du temps dans le Champsaur (pas loin de Gap) qui dispose d’une association à laquelle ont été « données » pas mal de photos qu’elle a prises là-bas lors de deux séjours. Toutefois, ces photos là sont moins « exaltantes » (formellement parlant)
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A la lecture de cette chronique, me vient l’envie de prendre un train pour découvrir l’expo , le bouquin à la main 😉
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Le bouquin est farpait pour un aller-retour et un beau complément à l’expo.
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J’achète peu de film, mais celui-là, je l’ai.
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