Pour un peu de détente instructive j’ai lu le dernier roman paru de JP Toussaint qui après « L’appareil photo » et ses 4 romans sur Marie Madeleine Arguerait de Montalbe (dont « Nue » et « La vérité sur Marie« ) nous offre une petite oeuvre en 185 pages qui est instructive, permet de réfléchir sur notre époque et qui fait parfois (sou)rire.
4e de couv’ Les Editions de Minuit
Lorsqu’on travaille à la Commission européenne dans une unité de prospective qui s’intéresse aux technologies du futur et aux questions de cybersécurité, que ressent-on quand on est approché par des lobbyistes ? Que se passe-t-il quand, dans une clé USB qui ne nous est pas destinée, on découvre des documents qui nous font soupçonner l’existence d’une porte dérobée dans une machine produite par une société chinoise basée à Dalian ? N’est-on pas tenté de quitter son bureau à Bruxelles et d’aller voir soi-même, en Chine, sur le terrain ?
Le narrateur nous raconte son étrange « aventure » qui le mènera de Bruxelles, en Chine, à Tokyo, et de là de nouveau à Bruxelles (vers son enfance aussi et au lit de mort de son père).
Toussaint, dans un joli imbroglio, nous parle de la Communauté Européenne, du bitcoin (et des machines à miner), des block-chains, de la Prospective, un peu de déontologie des fonctionnaires européens, de la Chine (à Dalian – avec un vol d’ordi’ digne du meilleur OSS 077 – Dujardinesque), d’une conférence (plutôt ratée) au Japon, d’un père qui meurt, d’un couple dont le mariage a sombré ce qui fait que l’horizon (du narrateur) semblait irrémédiablement bouché … et qu’il se sent « enlisé dans un présent perpétuel » (p. 45) .
« AlphaMiner 88 était donc un prototype encore secret, produit en Chine par le géant Bitmain, et commercialisé par BTPool Corporation, la société basée à Dalian, dont John Stravropoulos voulait me faire rencontrer les responsables.«
Drôle de livre qui semble hésiter entre la description d’un homme qui ne sait exprimer ses sentiments, un homme qui louvoie pour rester éthiquement « correct » et y échoue lamentablement et une peinture acerbe de la CE, de la technologie et son emprise sur l’homme. Pour moi, la clé USB et son contenu ne sont que des éléments de « teasing » (la 1ere évocation de la clé = p. 45 ° sur 187 et on en parle presque plus après…- si ce n’est que des répercussions de la trouvaille de cet élément) et permettent à l’auteur de brosser le portrait d’un homme « perdu » tout en semant des pistes de roman d’espionnage, de techno-thriller – pistes qui promettent mais s’évanouissent rapidement.
« …blanc, ce blanc volontaire dans mon emploi du temps, cette parenthèse occulte que j’ai moi-même organisée en gommant toute trace de ma présence au monde, comme si j’avais disparu des radars, comme si je m’étais volatilisé en temps réel. Je n’étais, pendant quarante-huit heures, officiellement, plus nulle part – et personne n’a jamais su où je me trouvais. »
Agréable mais sans plus (genre vite lu – vite oublié – malgré la belle écriture) – mais ça changeait énormément des interprétations du standard IFRS 9….. avec lesquelles j’ai lutté en même temps.
« échue » ou « échoue »?
Moi je mets tout sur disquette, comme ça je suis tranquille. 😄
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