Après la lecture d’une critique d’Yv http://lyvres.over-blog.com/article-l-appareil-photo-121515568.html
j’avais envie de relire « L’Appareil Photo » de Jean-Philippe Toussaint. Donc un grand merci à Yv.
Je l’ai sorti ce livre de 1988 (!) de ma bibliothèque, caché qu’il était parmi une flopée de livres blancs des Editions de Minuit, à déguster, 34 années après sa parution, comme un Alsace Grand Cru Gewurztraminer Vendanges Tardives Blanc Furstentum 2005 (Domaine Weinbach)….
A l’époque – càd à la première lecture (j’avais tout juste 34 ans) il m’avait laissé une impression un peu éventé, futile… – aujourd’hui, j’ai bien mûri, je ressens comme une bonne droite bien senti comme la légèreté du ton et des situations bascule dans la gravité, au détour d’une phrase… Description de la banalité d’une vie et de ces moments « ou rien ne se passe ». Ciselé comme tous les romans de Toussaint avec un tissage subtil d’humour, le lecteur se trouve au fil des pages dans un roman (très court – 127 p) sur l’angoisse devant le temps qui passe et qu’on arrive pas à fixer sur une pellicule, ni saisir dans son ensemble.
L’appareil photo du titre n’apparaît que page 102…et le dernier mot du livre est « Vivant« .
Un homme s’inscrit dans une Ecole de conduite et entamera une relation avec la secrétaire de la dite Ecole, un boy-meets-girl très particulier.
« Au fait, dis-je, je lui ai dit que vous étiez ma femme. Vous avez bien fait, dit-elle. Vous vous appelez comment, à propos? Pascale, elle s’appelait Pascale Polougaïevski. Quelle journée. »(p. 54)
Nous rencontrerons le père de Pascale lors d’une tentative épique d’achat d’une bouteille de gaz, assistons à des cours de conduite, passerons une journée à Londres, une nuit sur un ferry … Avec un sens de l’ellipse farpait, des sauts dans le temps insolents, Toussaint nous entraîne ou il veut dans cette banalité de la vie de gens qui sont comme ils sont …
Pascale bâille souvent, fatiguée, lasse …. »Je bâillais moi aussi, vous pensez, le bâillement étant communicatif, et nous sautillons sur place sur le trottoir, serrés dans les bras l’un de l’autre, frigorifiés et bâillant. (p. 74)
« Les heures s’écoulaient dans une douceur égale et mes pensées continuaient d’entretenir ente elles un réseau de relations sensuelles et fluides comme si elles obéissaient en permanence à un jeu de forces mystérieuses et complexes…. » (p.126)
Le néant, le temps – finalement très Schopenhauerien….
http://www.schopenhauer.fr/fragments/temps.html
Intéressant sur le site de JPToussaint le tapuscrit des dernières pages du roman, avec ses modifications/ratures… ainsi que des extraits du film « La Sévillane » tiré du livre (avec J.Yanne et Mireille Perrier) – pas vu celui-là….
Intéressant cette relecture d’un livre qui t’avait paru futile, comme quoi, l’âge aidant, on voit la vie différemment, et je pense que nos lectures peuvent nous amener à une certaine exigence (quoique de temps en temps, un livre moyen peut plaire on ne sait pourquoi d’ailleurs). Je n’ai vu aucun des films de JP Toussaint mais j’adorerais, a priori, ils n’existent pas en DVD…
Merci pour le lien
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je ne me rappelle pas non plus d’en avoir vu, de films…..
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