Il y a des livres qui vous cherchent, qui vous font signe…. Chez mon bouquiniste préféré j’ai trouvé un « vieux » livre de Jean-Philippe Toussaint « La vérité sur Marie » (2009).
Une sorte de suite-prolongement (?) de « Fuir » et « Faire l’amour » charmant, mystérieux, sensuel où l’humour, l’amour et angoisse sourde se cotoient.
L’histoire de ce petit roman (205 p) paru chez Les Editions de Minuit s’apparente à une sorte de collage de trois tableaux (qui se rejoignent en sous-texte) …. Paris (le couple – le narrateur et Marie vivent séparément depuis quelques mois) – et se revoient suite à une crise cardiaque de JC/JB dans l’appart de Marie. On apprendra davantage de ce JC/JB dans le 2e tableau (qui est antérieur au tableau 1); le Japon (Marie et Jean-Baptiste/ Jean Christophe – riche homme d’affaires proprio d’un cheval (Zahir) qu’il faudra rapatrier par avion ((la description de ce rapatriement – p. 84 – 138 – est considéré par B. Pivot comme une scène d’anthologie – très bien écrite elle n’est cependant pas ma préférée) ; l’Ile d’Elbe : le narrateur rejoint la maison familiale de Marie. Ils s’y retrouvent, se scrutent, s’observent, s’approchent …. Les 3 parties s’enchainent sans transition aucune, le lecteur y est jeté chaque fois comme dans la mer bleu de l’Ile de l’Elbe.
Style précis, en discours indirect, « nu », tenu, hallucinatoirement descriptif, qui ne nous lâche point. Toussaint nous balade souvent avec humour dans l’âme du narrateur, Marie restant une sorte de spectre vaporeux, on ne sait pas ce qu’elle pense…..
Toute la partie 2 (au japon) sort de l’imagination du narrateur, qui sur les bribes d’informations distillés par marie, reconstitue le tableau…
« Parfois, à partir d’un simple détail que Marie m’avait confié, qui lui avait échappé ou que j’avais surpris, je me laissais aller à échafauder des développements complets, déformant à l’occasion les faits, les transformant ou les exagérant, voire les dramatisant. » (p.73)
Ce qui fait dire à Eric Allard, dans son blog « Les belles phrases » :
Toussaint triple presque tous ses adjectifs, comme pour créer un brouillage des repères : tout s’inscrit dans une approximation, à l’image de la vérité que nous avons des êtres, et qui est toujours subjective, rapportée à soi, comme dans les rêves tous les personnages même s’ils empruntent les traits physiques de nos connaissances évoluent suivant un scénario régi par le rêveur. (http://lesbellesphrases.skynetblogs.be/archive/2009/10/07/jean-philippe-toussaint-la-verite-sur-marie.html )
C’est peu et beaucoup. « Prix décembre » 2009 – short-list du Goncourt en 2009. J’ai beaucoup aimé.
« Toussaint s’amuse à dilater le temps, jouant avec les durées, focalisant par exemple l’attention sur trois nuits dans la Vérité, en laissant beaucoup d’autres dans l’ombre. Il s’amuse aussi à bousculer l’ordre des scènes. Les trois parties désignées I, II et III ne se sont pas déroulées successivement, la I étant postérieure à la II. » http://abrideabattue.blogspot.fr/2010/05/la-verite-sur-jean-philippe-toussaint.html
Toutefois, beaucoup de critiques dans le web sont négatifs – je vous laisse le soin de les découvrir/ chercher vous-même – Je me cantonnerai à une critique téléramesque très positive qui a fait rigoler pas mal de lecteurs blogants :
http://www.telerama.fr/livres/la-verite-sur-marie,46945.php
… C’est très beau. D’une beauté stupéfiante par instants, à laquelle prennent part tout à la fois la clarté et la vigueur de l’écriture de Toussaint, sa puissance d’évocation qui rappelle celle d’un plasticien, la rigueur de son architecture romanesque millimétrée, la discrète méditation sur la distance, le réel et l’imagination qui court en filigrane de l’intrigue, la sensualité qui préside au portrait de Marie tel qu’il se dessine – cette « vérité sur Marie » que promettait le titre du roman, et qui se confond finalement avec l’amour qu’elle inspire….
Eh oui, comme toi, je suis sous le charme de l’écriture de JP Toussaint, j’ai commencé avec ses trois premiers romans et dans l’ordre en plus : La salle de bain, Monsieur et L’appareil photo, le deuxième étant assez nettement celui vers lequel va ma préférence
J’aimeJ’aime
Ping : La clé USB | Coquecigrues et ima-nu-ages