Ces derniers jours, vu deux films qui ne pourraient pas être plus différents – un français-canadien : « Le Fils de Jean » et un autre américaine série B (mi-western-mi-polar) « Comancheria »
« Comancheria » de D. Mackenzie
Après la mort de leur mère, deux frères (l’un s’est occupé de la mère mourante, l’autre vient juste de sortir de prison (10 ans) pour avoir tué son père (violent) organisent une série de braquages, visant uniquement les agences d’une même banque. Ils n’ont que quelques jours pour éviter la saisie de leur propriété familiale, et comptent rembourser la banque avec son propre argent. À leurs trousses, un ranger bientôt à la retraite et son adjoint, indien, bien décidés à les arrêter. (Synopsis inspiré par Ecran Large)
Du bien classique donc pour ce film qui navigue entre le western et le polar, et qui offre davantage : une vue désabusée sur les laissés-pour-compte de la Big Nation (dès les premières images on voit défiler des paysages défigurés par les maisons et industries abandonnés, les pancartes « vous voulez restructurer vos crédits ? » « Vous êtes endettés ? Nous avons la solution… » etc… , les puits de pétrole, l’agriculture – notamment les éleveurs de bétail, en berne…., les commerces et restaurants minables, les serveuses qui ne rêvent que de sortir du trou dans lequel elles se trouvent…
Pas étonnant donc que les policiers, dont un magnifique phlegmatique Droopy humain joué par Jeff Bridges, accolé d’un bi-nome indien catho’, se heurtent presque sur un mur quand ils veulent savoir plus sur les braqueurs … Partout transpire le fait que les gens souhaitent la justice et que le banques qui font saigner tout le monde, soient saignées de leur côté.
Rythme lent, quasi-contemplatif (parfois de beaux paysages désertiques), des moments de pure comédie verbale, dialogues bien ciselés et teinté de cynisme ou presque du non-sense (ahh la scène du restaurant ou une serveuse-cuisinière d’une bonne soixantaine qui arrive et demande « Qu’est-ce que vous ne voulez pas manger » et l’échange qui s’en-suit d’une absurdité réjouissant… .
Chris Pine – avec une très belle présence à l’écran
Ce n’est que vers le dernier quart d’heure que cela s’accélère, que cela se termine amoralement. Un vrai bon petit moment ce film – qui à la réflexion ne figurera jamais dans le panthéon des meilleurs films (par rapport un autre film de « poursuite » : No country for old men auquel on pense parfois) mais qui divertit intelligemment en jouant sur les codes aussi bien du western que du polar.
« Le fils de Jean » de Philippe Lioret
Vous vous souvenez de « Welcome » « Toutes nos envies » « Je vais bien ne t’en fais pas » ? Eh ben, le metteur en scène c’est P. Lioret qui nous propose là une mise en images d’un livre de Jean-Paul Dubois.
Le film se regarde avec plaisir, on passe sur quelques points invraisemblables, grâce d’une part aux acteurs et – j’en suis convaincu – grâce à la capacité de P. Lioret de nous proposer délicatement une histoire de dimension humaine qui peut tout à fait faire réfléchir sur ce qu’est la paternité, l’héritage (matériel et immatériel) qu’on laisse aux enfants….
Inspiré du Synopsis de allo-ciné : À trente-trois ans, Mathieu (père divorcé) ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu’il vient de mourir. (de fait il s’est noyé dans un lac et son corps n’a pas encore été trouvé...Apprenant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d’aller à l’enterrement pour les rencontrer. A Montréal, il est accueillé par le meilleur ami de son père, et personne n’avait à priori connaissance de son existence ni ne semble vouloir la connaître…
On devine assez rapidement (vers le milieu du film) le dénouement de la recherche du père – je ne vais pas dévoiler, comme le font méchamment les Cahiers de Cinéma (qui descendent le film « encéphalogramme globalement plat« ) mais on s’en balance, vu que les acteurs ont un jeu sensible et je dirais même de grâce quand je pense à Gabriel Arcand p.ex. qui joue l’ami du père…. Tant de choses se passeront par les regards, par les blancs entre des phrases…
C’est un petit film très agréable à regarder, avec une petite musique mélancolique, délicate et sensible.
Comancheria ! ce qui ne t’étonnera pas de ma part, n’est-ce pas ? Mais peut-être aussi le fils de Jean, si je peux
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Non pas étonnant, même si Gallmeister et l’élégie des paysages est loin.
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oui oui, mais il y a chez Gallmeister cette Amérique aussi, Benjamin Whitmer, par exemple, dans la collection NEONOIR; j’ai d’ailleurs pensé à Pike parfois en voyant les décors
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« No country… » est tiré du roman de mon adoré Cormac McCarthy, tu sais? J’aime bien l’écrivain JP Dubois et cet acteur, Lioret, que j’ai vu dans « L’inconnu du lac » est parfait, j’irai. Merci!
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Bien sur que je sais – j’avais « même » lu le roman (in english please) avant qu’il n’était sorti in french et sans savoir qu’il y aura un film …..et Deladonchamps est bon – peut-être plus mystérieux dans l’inconnu du Lac mais il n’a pas perdu de son intensité !
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