Anatomie d’une chute

Vous avez déjà essayé de discuter calmement avec un(e) invité(e) si dans la pièce ou l’appartement d’à côté on passe la reprise de « P.I.M.P.  » de 50 Cent par Bacao Rythm & Steel Band à donf la ecassi ?

Ce qui arrive à Sandra, romancière (à succès). C’est son mari (à l’étage supérieur) qui passe la musique tonitruante. Sandra va congédier la personne qui l’interviewait et va se réfugier, dit-elle, dans sa chambre (boule quies prêtes) pour travailler, puis se reposer. Daniel, le fils (malvoyant après un accident dont le père se sent coupable) va se balader dans la neige savoyarde avec son chien Snoop. Et c’est Daniel, en rentrant, PIMP toujours en fond sonore tonitruant, qui va trouver son père par terre, dans la neige, tombé du 2e étage. Mort.

Le film de Justine Triet couronné de la Palme d’Or de Cannes 2023 va commencer. Et ce sera un film de procès. Sandra sera mis en examen et inculpée du meurtre de son mari, et on assistera aux interrogations des témoins, des experts, de l’accusée, de son fils….. . Les 2h30 du film ne seront pas assez pour qu’on sorte de la salle obscure avec une idée claire et tranchée à savoir si elle est une meurtrière ou si son mari s’est finalement comme le dit la défense (Swann Arlaud en avocat de la défense, presque un peu trop gentil) suicidé (ou si c’est une chute accidentelle).

J’ai peur de dire trop sur ce film qui ne fait pas sentir les 2h30, qui file, classiquement (pas d’angles de prise de vue surprenantes, des champs contre champ « lambda », du zoomage lent sur un visage….on dirait presque un bon téléfilm) tout en ménageant quelques scènes avec un montage exquis qui sortent de l' »ordinaire » et rajoutent à épaissir la fumée blanche ou noire (innocente ou pas).

Je nomme, comme le note aussi Culturieuse dans son avis (elle ne parle que rarement de cinéma dans son blog), une scène de dispute entre époux sous forme d’un « flash-back » astucieux (une sorte de mise en image d’un enregistrement sonore fait par le mari à l’insu de sa femme) qui revire au pure enregistrement sonore quand les époux s’agressent physiquement. On reste dans le noir (pour moi une belle idée d’utilisation du « hors-image »). Je nomme aussi le côté monolithique de Sandra Hüller (j’ai lu qqs part : un mélange de Isabelle Huppert et Romy Schneider). Je nomme aussi l’utilisation de la musique ainsi que le jeu du petit garçon ‘Samuel) mal-voyant suite à un accident. Une analyse et des réflexions sur ce film plus fines (mais comportant quelques « spoilers » – donc à lire après le visionnage) vous les trouverez chez Newstrum.

Belle réflexion sur ce qu’est la « vérité » – on peut se demander ce que des personnes externes d’un couple peuvent se dire/penser s’ils entendaient certaines disputes d’un couple (hors contexte). Par ailleurs, j’ai du réfléchir longtemps pour reconstruire dans toute sa logique l’histoire du chien – drôle d’idée – (sans lequel finalement le jugement finale aurait-été – probablement – différent). De toute façon à chacun son idée de la « culpabilité » (ou non) de la femme.

D’autres avis : https://pamolico.wordpress.com/2024/02/23/anatomie-dune-chute-justine-triet/; https://vagabondageautourdesoi.com/2024/02/23/anatomie-dune-chute-j-triet/

PS : le film a reçu 2 Golden Globes en 2024….l’antichambre des Oscars. Et a raflé 6 Césars le 24.2.24

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17 commentaires pour Anatomie d’une chute

  1. Sûrement un bon film. Mais apparemment le dénouement n’est pas très clair… Peut-être que je le verrai en DVD.

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  2. CultURIEUSE dit :

    Pour moi, le chien est le regard de Daniel. Curieux de voir une nouvelle personne avec Sandra, puis affolé de découvrir le corps de Samuel, ensuite victime et preuve à la fois de la conviction définitive de l’enfant et enfin, allié de Sandra sans pour autant que nous soyons certain, en tant que spectateurice, de son innocence. C’est toute la question du choix posée précédemment par l’accompagnante de l’enfant. Ainsi, on peut choisir sa vérité. Et il vaut mieux en être convaincu qu’en douter après tout.

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  3. J’ai aimé ce film, d’une part pour les actrices et acteurs, et puis aussi pour le regard porté sur la justice, l’institution et ses interrogations constantes. C’est une fonction difficile, on le voit bien dans ce film. Et puis, finalement, à la fin, on s’interroge encore, un peu… Bref, en effet on ne voit pas les 2 h 30 passer, un très bon film !

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  4. regardscritiquesho22 dit :

    «Anatomie d’une chute» de Justine Triet…
    Hop, hop, hop, attention! Palme d’or à Cannes, Achtung, Achtung! Certains redoutables nanars, encensés par la critique, comme de bien entendu, ayant été primés à Cannes ces dernières années -on ne donnera pas de noms par charité!-, vous avouerez qu’il y a de quoi se méfier et qu’on va voir ce film avec quelque appréhension, d’autant que j’avais été loin d’être convaincu par les précédents films de Justine Triet, «Victoria» et «Sybil» -et c’est un euphémisme!-.
    Eh bien, là, même si je n’ai pas vu les autres films en compétition à Cannes, voilà une Palme d’or réjouissante et, pour tout dire, absolument géniale! Le film est complétement abouti et d’une grande richesse: il s’agit d’un thriller haletant, d’un film de procès qui n’a rien à envier aux meilleurs films américains du genre et, en plus, -et surtout- d’un magnifique portrait de femme!
    Alors, suicide ou assassinat? Pendant tout le film on se posera la question. Le mari du personnage principal s’est-il suicidé en se jetant de la fenêtre du chalet de montagne ou sa femme l’a-t-elle poussé? Le suspense est absolument garanti, surtout grâce au montage du film et rien ne permet de répondre clairement à la question.
    D’ailleurs, pendant le procès, rien ne permettra de se faire une opinion, parce que les différents protagonistes sont extrêmement brillants, autant l’avocat général, magistralement interprété par Antoine Reinartz que l’avocat, interprété tout aussi magistralement par Swan Arlaud. C’est là que l’on se rend compte que les dialogues sont formidablement écrits. En outre, les rebondissements, qui apparaissent comme complètement logiques après coup, sont imprévisibles et maintiennent une très grande tension. De ce pont de vue, le procès, qui occupe une large partie du film, est une parfaite réussite, grâce à la façon de filmer de Julie Triet, grâce aux mouvements de caméra et aux différents angles de prises de vue. Ajoutons à cela l’interprétation époutouflante de Sandra Hüller, qui campe un persnnage étonnant!
    Car le principal intérêt du film, c’est bien ce personnage féminin, qui, au travers du thriller et du film de procès, apparaît progressivement sous nos yeux ébahis. Elle n’est pas féministe -du moins ce n’est pas en ces termes qu’elle se décrit-, mais elle se comporte comme un être humain, ni homme ni femme; elle ne se pose pas la question. Il se trouve que c’est une femme, mais elle agit en toute liberté, en toute indépendance, en toute responsabilité. Non seulement elle assume ses actes, mais elle les revendique. Elle ne cherche pas à s’innocenter, elle décrit calmement la réalité et elle est très à l’aise, quand l’avocat général cherche à la mettre en difficulté en rappelant des éléments de sa vie antérieure. On a vraiment là un magnifique portrait de femme, forte par nature, qui ne se revendique pas comme femme, mais comme être humain. Autre intérêt du film, ce n’est pas seulement l’anatomie d’une chute, mais c’est aussi l’anatomie d’un couple, qui se déchire, qui se délite; en ce sens le titre est parfaitement signifiant. C’est également pour cela que l’enfant, le jeune garçon, est aussi important dans ce contexte et l’interprétation du jeune acteur, Milo Machado Graner, est tout simplement phénoménale!
    Au total, «Anatomie d’une chute» est un film d’une très grande force et d’une très grande tension. D’ailleurs le film est long (2 H 30), mais on ne voit pas le temps passer, tellement on est accroché! Nul doute que ce film trouvera sa place auprès de publics très divers…

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  5. Strum dit :

    Merci pour le partage. J’ai trouvé le film bien écrit et surtout très bien joué par Sandra Hüller, le procès servant de prétexte pour mener l’anatomie d’un couple où Sandra a pris l’ascendant, ce que lui reproche l’avocat général. Pour moi, il ne fait guère de doute qu’elle est innocente. Pas toujours convaincu par la mise en scène cependant, comme tu l’as lu chez moi.

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  7. anniemots dit :

    Quelquefois quand on sort de la projection d’un film on ne sait pas trop quoi en penser. Mais quand plusieurs mois après on a toutes les images et l’atmosphère en tête c’est qu’il s’est passé qqchose. C’est mon cas pour ce film !

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  8. princecranoir dit :

    Vu tardivement au ciné alors que le film n’a pas fini de ramasser les récompenses.
    Je reconnaît une certaine intelligence du propos mais j’ai eu du mal à être captivé par cette affaire durant deux heures trente. Ça sent un peu trop l’entre-soi intellectuel. Pas mal, mais loin de mériter une Palme d’or selon moi.

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  10. Matatoune dit :

    Voilà un film qui continue sa route tranquille vers les oscars !

    Qu’est-ce qui, dans ce film, répond à la problématique de notre époque ! Qu’est-ce qu’il montre qui nous touche tant !

    Peut-être, en plus de l’incarnation de la femme puissante, confiante et assurée qu’il détaille, c’est le fait que la vérite judiciaire n’est peut-être pas La Vérité ! Au moment, où on apprend, un peu de façon forcée quand-même, qu’il faut se méfier des débats d’opinion qui absordent notre quotidien et qu’il faut verifier, encore et toujours, les sources, on fait aussi l’expérience que la vérité peut être malléable, multiple et invérifiable. Sans parler des biais cognitifs …

    Bon, c’est certainement ça, un bon film…qu’on y réfléchisse encore bien après sa projection ! Merci encore pour le lien 🙂

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