En ces temps tristes et endeuillés je me suis tout-de-même plié en deux ce matin en lisant la tordante chronique (rubrique « Improbabilités ») du toujours excellent Pierre Barthélémy dans Le Monde daté du 23. mars 2016 (http://abonnes.lemonde.fr/sciences/article/2016/03/21/comment-ne-pas-se-fracturer-le-penis_4887144_1650684.html). J’entends jusqu’ici le rire de N.R.
Comment (ne pas) se fracturer le pénis
Dans une récente chronique, l’auteur de ces lignes citait le bon roi Henri IV qui, en parlant de son organe viril, reconnaissait avoir longtemps et gaillardement cru « que c’estoit un os ». Mais non, il n’y a pas plus d’os là-dedans que de beurre en broche, ce qui n’empêche pourtant pas qu’existe… la fracture du pénis. Pour celles et ceux qui n’ont jamais vu ni vécu cet accident, voici ce qu’en dit la médecine. Prenez un homme normalement constitué, en possession de tous ses moyens. Adjoignez-lui un ou une partenaire sexuel (le) (de ce point de vue, l’académie n’est pas regardante). Laissez-le enclencher la première, c’est-à-dire quitter le point mort et la mollesse du flaccide pour la rigidité de l’érigé. Si, en passant la seconde – pour laquelle personne n’a besoin de dessin –, une fausse manœuvre survient et fait adopter au phallus du bonhomme un angle que la biomécanique réprouve, on obtient à peu près le même résultat qu’en ratant son embrayage avec son levier de vitesses : on entend d’abord un « crac ! », puis la machine cale de manière subite, en ce sens qu’une détumescence rapide se produit, qui va laisser place à une douleur immense et à un bleu à l’endroit où les tissus se sont rompus.
On ne plâtre pas une fracture de penis (rappelons qu’il n’y a pas plus d’os maintenant qu’au début de cet article). Les soins consistent à suturer les tissus endommagés et éventuellement l’urètre.
Le schéma global est bien connu. Mais, en raison du manque déplorable de loquacité dont font preuve les victimes de ces accidents du rut lorsqu’elles arrivent aux urgences la verge en capilotade, on a peu de détails sur la « dynamique sociale » qui entoure la fracture du pénis, pour reprendre la curieuse formule d’une équipe de médecins brésiliens, qui a publié en 2014, dans la revue Advances in Urology, une étude sur le sujet.
Crac-crac, crac et krach
Derrière ces mots de « dynamique sociale » se cachent tout simplement les pratiques sexuelles qui étaient en cours au moment fatal, le crac-crac qui a précédé le crac – et le krach.
Chercheurs à l’université pontificale catholique (véridique) de Campinas, les auteurs de cette étude ont mené l’enquête en épluchant les dossiers médicaux de tous les hommes qui, entre janvier 2000 et mars 2013, s’étaient rendus dans trois hôpitaux locaux la biroute en déroute et avaient été suivis par la suite pendant plusieurs années. L’idée consistait à voir s’ils avaient divulgué « avec qui et dans quelle position » ils avaient plongé « dans le stupre et la fornication », ainsi que le chantait Brassens. Au bout du compte, 42 dossiers donnaient quelques détails, qui esquissent une typologie de la fracture pénienne.
Sur ces 42 accidents, 28 se sont produits avec une dame, 4 avec un monsieur et 6 à la suite d’une mauvaise « manipulation » (du latin manus, main…). Pour les 4 derniers cas, on n’a pas de précision, et il serait sans doute abusif de la part du chroniqueur de rappeler que la dernière fois qu’il a parlé d’urologie au Brésil, c’était pour décrire la variété des pratiques zoophiles dans ce pays… Quoi qu’il en soit, l’étude apporte une précision importante en ce qui concerne la prévention de la fracture du pénis : les accidents surviennent le plus souvent lorsque la femme est au-dessus. Lors de sa fougueuse chevauchée, elle ne contrôle pas l’angle de pénétration et, surtout, fait porter tout le poids de son corps ou presque sur un bibelot à peine moins fragile qu’une porcelaine. Messieurs, si vous croisez une amazone ou une walkyrie, gare à la casse !
- Pierre Barthélémy
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merci pour cette bonne partie de rigolade ! J’en avais entendu parler, raconté par toi, c’est chouette !
Bises !
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si seulement je pourrais raconter comme Pierre Barthélémy …. Mais ça a fait du bien ce matin !
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