Les innocentes – Agnus Dei

Une lueur dans cette période assez chargée en traductions de tous types – une sortie ciné avec des amis (8 pax.) -qui s’est terminé avec un « pic-nic » chez moi accompagné par un Labastide Dauzac (Margaux) de 2008 et un Domaine du bel air – Les vingt lieux dits » (Bourgueil) de 2010 simplement parfaits pour les discussions animées après les images…

Quand au cinéma : nous avons beaucoup adoré le nouveau film de Anne Fontaine : « Les innocentes ».  

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e Nouvel Obs’ titrait : « Un film lisse et fade mais délicat » – (Critikat : « illustration trop propre, trop nette« ) nous avons moins vu la fadeur et étions transporté par une délicatesse toute en nuance qui serrait le cœur.

Nous sommes à la fin de la 2e guerre mondiale sur les terres polonaises hivernales. Une infirmière de la Croix-Rouge (française), athée et fille de communistes va rencontrer par un concours de circonstances des religieuses bénédictines victimes de viols en série (2 jours !)  par des soldats russes. Un grand nombre de ces femmes est enceinte… ce que la mère supérieur veut absolument cacher  au monde extérieur. L’irruption de Mathilde, l’infirmière, dans ce monde austère au proie à des tourments (comment être/redevenir  « chaste » après les viols – plusieurs nonnes ayant fait vœu de chasteté et de se vouer au Christ sont en train de devenir des mères -, se « donner » au Christ ou céder à la maternité ?) va exacerber les questionnements.

A côté de la description sommaire de la vie monacale tout en dépouillée (des réminiscences du film « Des hommes et des dieux » (de Xavier Beauvois – déjà Caroline Champetier était derrière la caméra !), paysages enneigés (l’affiche rappelle « Ida ») le film « se limite » surtout/souvent aux face-à-face entre l’infirmière et les nonnes pour la plupart rétives à toute aide (il ne faut pas toucher leurs corps …) ou les entretiens avec une soeur (Maria – l’impressionnante Agata Buzek) plus « réaliste » que la mère supérieure (dont la rigueur et l’abandon à la providence – donc à  la volonté de Dieu – devient au fur à mesure que le film avance glaçant et terrifiant).

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« Heureusement » il y a parfois des scènes à l’extérieur du couvent, description d’une « amourette »  de l’infirmière avec un médecin juif (joué par un Vincent Macaigne – pour une fois peigné, cheveux coupé et sincèrement amoureux de Mathilde qui elle est moins prise – c’est pour elle un rapport plutôt « hygiénique » ou de pause/repos dans la folie d’après-guerre ?) – dont les échanges « sur un ton moderne et presque anachronique » (= réflexions de mes amis) apportent un peu d’air et des sourires…. sachant que deux jours après le visionnage je dirais que ces scènes avec le médecin ne sont pas vraiment nécessaires au récit, qu’elles sont presque perturbatrices .

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De même, une fois posé par terre le nuage d’émotions ressentis à la sortie du cinoche, certaines réflexions et/ou points de vues me semblent plus questionables : le basculement d’une des novices qui décide de laisser tomber le couvent et vouloir vivre sa vie (et sa croyance) autrement, ou les changements de paradigmes avec la naissance des bébés quand la maternité prend le dessus sur la rigueur du couvent (et la place de Dieu…) – mais peut-être faut-il voir dans ces basculements l’expression de la volonté de Anne Fontaine de bousculer ….(comme elle l’avait fait dans le formidable « Perfect Mothers ») C’est par ailleurs au même niveau que je situerais ce nouveau film d’un point de vue de cote d’amour (pas le même genre  de film mais prenant tous les deux et de toute façon nettement mieux que p.ex. « Gemma Bovary » ou « Mon pire cauchemar »)

Intensité des regards, dialogues réduits au stricte minimum ….le film nous a tous touché.

 

Pour un peu de contexte historique voici un lien sur la  Pologne et le communisme de 1919 à 1989

 http://www.lycee-jeanmace.fr/Projets/pologne_2010/ch4/ch4.html

A propos lorenztradfin

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6 commentaires pour Les innocentes – Agnus Dei

  1. Bernhard, j’aime beaucoup ta façon d’aborder les choses que tu lis, vois, écoutes…Tu as un salutaire recul le plus souvent, mais tu laisses toujours les émotions, l’épidermique ressenti prévaloir sur le reste. En ça, je sais pourquoi je suis ton blog; je pense faire la même chose en parlant des livres, des histoires, et si nous ne sommes pas forcément toujours sensibles aux mêmes choses, elle est en nous, cette sensibilité. Et tu ne trouves pas que c’est un peu ce qui lie le petit groupe qui doucement s’est créé sur nos blogs ? Les affinités électives, ça doit être ça.
    Tu m’as donné envie de voir ce film qui ne m’attirait pas forcement.

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    • lorenztradfin dit :

      …. et quel beau commentaire… et je suis d’acc’ avec toi en ce qui concerne le « lien » qui se crée. En effet « affinités (s)électives ». J’ai vu ton post par ailleurs sur FB (lettre de ta fille) : chapô !! elle est fortiche, bien trempée et je comprends les hésitations de l’envoyer (même si elle ne sent pas le « écrit sur un coup de tête » (elle est bien équilibré portée par une colère sourde et juste. Je ne mettrai pas de « like » opuisque je ne sais pas si « mes likes » ne sont finalement pas lus par tout le monde qui a accès à mon « profil » ce qui augmentera(it) – peu mais inexorablement – le statut « confidentiel » de ce courrier. Mais un big bravo – tu (vous) peux (pouvez) en être fiers… Quant au film de Anne Fontaine – tu auras remarqué que j’ai souligné que TOUS les copains/copines au cinoche avec moi ont aimé (et je te garantis que les « profils » et/ou « horizons » de ces personnes sont assez loin de moi…. je te dis ça pour te confirmer que le film vaut bien un détour

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  2. CultURIEUSE dit :

    Moi aussi j’adore lire tes coups de coeur !je crois même entendre , lire, un petit accent….mais entre parenthèses et guillemets…

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  3. CultURIEUSE dit :

    Et je love Macaigne!

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  4. lorenztradfin dit :

    Macaigne est étonnant dans ce film – moins Looser, tout tendrement et cyniquement bourru et surtout : coiffé – sans avoir perdu cette voix si particulière

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