Tout mon amour

Pièce de théâtre de Laurent Mauvignier vue à Grenoble (MC2) avec Anne Brochet et Philippe Torreton, Romain Farroux, Jean-François Lapalus et Ambre Febvre. Mise en scène par Arnaud Meunier (l’actuel Directeur de la MC2). Pièce jouée auparavant au Théâtre du Rond-Point à Paris (juin 2022)

Une belle mise en scène qui joue avec les codes du cinéma – tout en jouant avec l’incertitude (une sorte de « open end » insoluble…. et des « écrans noirs »).

Extrait de la note d’intention du metteur en scène Arnaud Meunier

« Vivre avec ses fantômes.
Tout mon amour raconte l’histoire d’un couple dont la petite fille de 6 ans
a disparu, sans laisser de traces, il y a plus de dix ans.
La pièce s’ouvre sur l’enterrement du grand-père qui fait revenir la famille
sur les lieux maudits de la disparition, quand apparaît une mystérieuse jeune
inconnue de 16 ans qui prétend être leur fille…
Construite à la manière d’un polar métaphysique, Tout mon amour est
un formidable concentré de tous les thèmes chers à Laurent Mauvignier :
la famille, l’absence, le deuil impossible, les fantômes… L’écriture
en séquences, entrecoupées de courtes ellipses, nous fait vivre au plus
près la difficulté de chaque personnage d’avoir pu continuer après un tel
traumatisme. Les dialogues au scalpel, la partition où chaque souffle,
chaque émotion semble être vibrante dès la lecture, offrent aux acteurs
une palette puissante pour l’interprétation… »

La pièce « Tout mon amour » nous révèle donc l’histoire d’une famille, met à nu ses blessures et permet de saisir ses secrets. On apprend peu à peu que quelques années plus tôt, la famille (père, mère et fils) ont dû faire face à la disparition inexplicable de leur fille Élisa (la seule personne qui porte un prénom dans cette pièce). C’est après l’enterrement du grand-père (ogre, fantôme qui apparaît comme dans une pièce de Shakespeare (j’ai pensé par mal à « Hamlet »)) la famille se trouvera face à l’apparition d’une adolescente (presque un enfant dans le corps d’une jeune femme) qui dit être Élisa. Les uns pensent que c’est la disparue, d’autres qu’elle fait partie des personnes qui sur le dos de la famille essaient de profiter de la douleur de la famille. L’apparition va bouleverser tout le monde….et accentuer les « désordres » douloureux de la famille.

L’écriture, les mots de Laurent Mauvignier sont étonnamment précis et imprécis en même temps, ce qui fait qu’on sort du spectacle avec des incertitudes et des interprétations diverses quant à tel et tel comportement (notamment de la mère jouée parfaitement par Anne Brochet). La mise en scène « cinématographique » reprend bien l’idée de départ de L.M. d’écrire sur le pitch d’un fait divers le scénario d’un film (abandonné). 1h35 dense et joué à la perfection (même si les deux acteurs qui jouent les « jeunes » n’ont pas la même « présence » et capacité d’intérioriser qu’ont Anne Brochet et Philippe Torreton.

Une pièce et mise en scène qui incitent à retrouver le théâtre ! Vivement conseillé !

Dossier pédagogique (très bien fait)

Prochaines dates :

2—24 mars 2023
Théâtre national de Nice-CDN Nice Côte d’Azur

29 mars—2 avril 2023
Les Célestins, Théâtre de Lyon (report)

11—15 avril 2023
Théâtre national Strasbourg (report)

19—20 avril 2023
Théâtre de la ville Luxembourg

5 mai 2023
Espace Lino Ventura – Garges-Lès-Gonesse

10 mai 2023
Théâtre Molière, scène nationale de Sète