Lecture rattrapage – emprunt à la bibliothèque de Biviers (38330).
Présentation de l’Editeur (Minuit)
Un couple au bord de la séparation s’offre un séjour en Sicile pour se réconcilier.
A quelques kilomètres de l’aéroport, sur un chemin de terre, leur voiture de location percute un objet non identifié. Le lendemain, ils décident de chercher un garage à Taormine pour réparer discrètement les dégâts.
Une très mauvaise idée.
Les habitués du blog savent que j’ai lu pas mal de livres/romans de Yves Ravey (La fille de mon meilleur ami, Un notaire peu ordinaire, Trois jours chez ma tante, Enlèvement avec rançon, Pas dupe)
Ces/Ses histoires « banales » qui commencent doucement et se compliquent de manière inexorable, tirés au cordeau, dans une langue d’apparence simple (avec souvent une multitude de virgules) mais d’une concision au scalpel, sans fioriture, et enfin une capacité inouï de distiller des informations en compte goutte sont la « marque de fabrique » de Yves Ravey.
Ainsi ce n’est que pages 53/54 que le lecteur apprend un peu pourquoi le couple traverse une « zone de turbulence » (elle a des amants, lui a eu une affaire avec la secrétaire de sa femme) – ce que le lecteur ne pouvait que « sentir » entre les lignes dans les pages auparavant.
« Nous n’aurons donc pas, au cours de notre séjour sicilien, à discuter, ou si peu, les termes de mon désir pour Marceline, secrétaire de Luisa dans son laboratoire de directrice de recherche en bioéthique. Et je tairai, par ailleurs, cette récente aventure, parmi d’autres, nombreuses, vécue par Luisa, dont je n’ai rien à dire, sinon que j’en ai beaucoup souffert. je noterai seulement, en aparté, que ma femme, elle, contrairement à moi, n’a jamais hésité, comme souvent, et presque systématiquement, à passer à l’acte…..(..) Aussi ma pensée allait toujours vers cette idée répandue, par ailleurs complètement stupide, que votre femme, si elle doit tomber amoureuse d’un autre, porte son choix sur votre meilleur ami. Bref, passons. «

De Taormina et les autres beautés de l’île nous apprenons, par ailleurs peu, presque rien du tout. Je me suis, une nouvelle fois, fait berner par un titre de roman. Point de « voyage » en Sicile.
Une lecture qui ne creuse pas de sillon dans votre âme. Toutefois elle est presque amusante : le voyage dans la tête du narrateur, un peu beaucoup tourmenté et/ou imbécile – les clins d’œil au polar (Melvil(le ?), Hammet….- écriture sèche qui ne laisse pas de place aux émotions, qui va droit au but, et utilise les détails comme moteur d’avancement …

De par sa courtitude (139 pages) et un plaisir indéniable de lire un texte écrit par quelqu’un qui maîtrise la langue française parfaitement, texte de plus sur les non-dits dans un couple il peut intéresser certains d’entre-vous, à intercaler entre un roman plus « costaud » et un casse-tête.
« J’ai dit, tout conducteur sensé et équilibré, conscient de ses responsabilité, aurait la même réaction que moi, je sais où j’en suis de ce point de vue. Et Luisa, certainement excédée, je lui pardonne, m’a demandé si j’effectuais une démarche aussi responsable quand je me rendais dans les bureaux de l’agence Pôle emploi, à la recherche d’un poste que, de toute façon, je refuse toujours. Eh bien, permets-moi d’en douter, Melvil. » (p. 84)
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