Emprunté à la bibliothèque de Biviers.
Traduit (parfaitement) par Fabrice Pointeau – comme tant d’autres de R.J. Ellory, dont j’ai lu en 2011 « Seul le silence » sans m’avoir été complètement convaincu.
Présentation de l’Editeur (Sonatine)
Frank Parish, inspecteur au NYPD, est mal dans sa peau. Sa famille le tient à l’écart, sa hiérarchie s’en méfie. En fait, il n’a jamais résolu ses rapports avec son père, assassiné après avoir été une figure légendaire des « Anges de New York », ces flics d’élite qui ont nettoyé Manhattan de ses gangs. Fragilisé par la mort de son partenaire et l’enquête des affaires internes dont il fait l’objet, Frank s’entête à creuser une affaire apparemment banale, la mort d’une adolescente. Et cet entêtement ne fait qu’ajouter à l’incompréhension qu’il suscite. Frank va alors dévoiler la « vraie » histoire des « Anges de New York », bien différente de sa légende. Mais il y a des secrets qui gagneraient à rester enterrés.
[Et surligné en bleu nuit sur la 4e de couv : Vous aimez les films de Sydney Lumet, de James Gray ? Vous allez adorer le nouveau Ellory.]
En effet, ça propulse, genre Scorcese, un peu aussi à la James Gray (avec le tutélaire père omniprésent – même après sa mort – comme dans « Yeards » ou « La nuit nous appartient »). Un vrai page-turner, un chouia trop long (554 pages) mais digeste malgré une tonne de clichés rabattus si on connait un peu les films ci-dessus… L’inspecteur Parrish, divorcé de sa femme, éloigné de ses enfants, alcoolique mais avec un nez (et talent) exceptionnel pour les vicissitudes de la vie dans une ville comme NY. Tableau peu réjouissant des crimes perpétués, de la dépravation des hommes (les snuff movies se trouvent dans les sous-sols de ce roman), de la corruption omniprésente… (récit du fameux cambriolage de la Lufthansa à NY en 1978).

Ce qui donne une épaisseur particulièrement bienvenue à ce roman (avec sa trame d’enquête pointu et difficile plutôt classique autour de meurtres en série) ce sont les chapitres dans lesquels Parish doit voir chaque jour de la semaine une psy’ (elle doit juger s’il est encore apte de rester à la police). Ces entretiens sont, avec le dialogue qui est retranscrit, d’une vérité criante et vivante.
Alors asseyez-vous, Franck… dites-moi ce qui s’est passé ce matin.
– Vous pouvez lire mon rapport.
– Je veux l’entendre avec vos mots à vous.
– C’est moi qui ai écrit le rapport. Ce sont mes mots.
– Vous comprenez ce que je veux dire, Franck. Je veux l’entendre de votre bouche.
– Il a tranché la gorge de sa petite amie. Il s’est tranché la gorge. Il y avait tellement de sang que ça glissait comme un toboggan dans un putain de parc d’attractions. Ça vous va ?
p. 20
Je ne peux donc que souscrire au marketing cité ci-dessus ( Vous aimez les films de Sydney Lumet, de James Gray ? Vous allez adorer le nouveau Ellory). J’ai apprécié le roman qui va assez loin dans le portrait ciselé d’un homme marqué par son histoire personnelle, son rapport avec son père, avec le monde d’une violence inouïe, portrait d’une profondeur et justesse étonnante.
Enfin, ou last but not least : un homme qui adore écouter Tom Waits ne peut pas être profondément mauvais.
Lay your head where my heart used to be
Hold the earth above me
Lay down on the green grass
Remember when you loved me
Come closer don’t be shy
Stand beneath a rainy sky
The moon is over the rise
Think of me as a train goes by
Clear the thistles and brambles
Whistle ‘Didn’t He Ramble’
Now there’s a bubble of me
And it’s floating in thee
Stand in the shade of me
Things are now made of me
The weather vane will say
It smells like rain today
God took the stars and he tossed ’em
Can’t tell the birds from the blossoms
You’ll never be free of me
He’ll make a tree from me
Don’t say goodbye to me
Describe the sky to me
And if the sky falls, mark my words
We’ll catch mocking birds
Lay your head where my heart used to be
Hold the earth above me
Lay down on the green grass
Remember when you loved me
Jamais rien lu de Ellory… Livre tentant après cette belle chronique 😊
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