[Histoire de ma famille éparpillée]
Il y a quelques années (2010), Actes Sud avait publié avec succès la traduction de « Histoire d’un allemand de l’est » Haltet euer Herz bereit: Eine ostdeutsche Familiengeschichte. 2 ans après sa première publication en allemand, les lecteurs français ont la possibilité de suivre l’histoire de la famille Leo – éparpillée dans le monde entier (Berlin, Vienne, Londres, Haïfa).
Je ne suis à priori pas un grand fan de bibliographies et/ou livres de « souvenirs » mâtinés d’accents historiques, mais là je dois dire que j’étais conquis et touché. Grâce probablement aussi à la traduction d’Olivier Mannoni (qui m’a fait oublier que le livre a été traduit de l’allemand).
Présentation de l’Editeur (4e de couv’) – Actes Sud
Quatre personnes autour d’une table, et voilà la branche berlinoise des Leo pour ainsi dire au complet. Les nombreux autres membres de la famille, qui ont fui les nazis dans les années 1930, sont dispersés dans le monde entier. Au fil de ce récit poignant, Maxim Leo se rend chez eux, en Angleterre, en Israël et en France, et retrace le destin de ses trois grands-tantes : Hilde, l’actrice devenue millionnaire à Londres ; Irmgard, l’étudiante en droit qui s’est convertie au judaïsme avant de prendre le bateau pour Israël et de fonder un kibboutz sur les hauteurs du Golan ; et Ilse, la lycéenne qui a survécu en France dans la clandestinité. Il retrace aussi le touchant retour de leurs enfants et petits-enfants à Berlin, dans la patrie perdue de leurs ancêtres.
À la recherche des maillons manquants de la chaîne des souvenirs familiaux, Maxim Leo découvre un lien qui se joue de toutes les frontières. Avec «Là où nous sommes chez nous», il livre l’histoire aussi inoubliable qu’émouvante de sa famille éparpillée.
Dans un récit que je ne crains pas nommer « captivant » on suit, dans une sorte de voyage sur les traces familiales, tour à tour Irmgard/Nina, Hans/Hanan, Ilse, Nora, Hilde…. càd les membres d’une famille (juive – ce qui a son importance) éparpillée dans le sillage du nazisme….Et en fermant le livre on se dit qu’un des points clé du livre est la question de « Qu’est-ce qu’être allemand ? » et surtout aussi la question « Qu’est-ce être juif ? » jumelée avec le sujet de la résilience.

Le récit est né sur la base des entretiens que l’auteur à pu avoir avec les membres de sa famille aux quatre coins du monde. La famille Leo, des bourgeois juifs (mais pas pratiquants, ni « même » croyants), vont en début des années 30, sentant qu’il y avait danger, fuir Berlin et ainsi pour la plupart échapper à l’extermination. Comme les membres de la famille (Hilde et son mari) qui trouvent refuge à Paris ou ils rencontrent – j’en étais bluffé : A. Koestler, W. Benjamin, K. Mann, H. Arendt ….! – rue Dombasle, N° 10 !! )
Ce qui n’empêche que certains vont être obligé de (sur-)vivre dans le camp de Gurs (j’ai appris qqchose, je n’avais jamais entendu de ce camp), d’autres vont devenir millionnaire, d’autres encore kibboutzins (là aussi j’ai appris un peu plus sur les débuts de l’Israël et surtout la vie dans les kibboutz…. – ceux des années 40 n’avaient rien à voir avec ceux des années 60.)

Je retiens notamment (moi, qui ai quitté « ma patrie » au début des années 80 – même si elle ne m’a jamais fait « souffrir« ) – « qu’il est difficile de se débarrasser de sa patrie, de ce lieu où l’on n’a pas besoin de s’expliquer, de ce lieu qui vous appartient parce que vous avez grandi avec lui…. » p. 350)
Tout comme l’épisode de la « révolte » des pilotes de l’armée de l’air israélienne en 2002 suite aux bombardements en Cisjordanie. https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2008-4-page-61.htm?try_download=1
…..L’opération qui a fait le plus de victimes civiles est celle qui a été conduite en juillet 2002 contre Salah Shéhada, haut responsable du Hamas à Gaza, accusé par Israël d’avoir organisé 52 opérations ayant coûté la vie à 200 civils et 16 soldats israéliens. La bombe d’une tonne qui l’a tué a écrasé la maison voisine qui était habitée, faisant 14 morts innocents, parmi lesquels 8 enfants, dont sa propre fille. Le Shabak a reconnu s’être trompé en pensant que la maison d’à côté, qui a subi l’essentiel des dommages, était vide. Cette « bavure » a suscité une vive réprobation dans de nombreux pays. Elle a également choqué l’opinion publique israélienne qui, pourtant, demeure très favorable à ce genre de représailles [5][5]Un sondage d’opinion publié dans le quotidien Maariv en juillet…. Dans une lettre adressée à leur chef d’état-major, le général Dan Halutz, 27 pilotes de l’armée de l’air, parmi lesquels le brigadier-général Yftah Spector, ont déclaré qu’ils refusaient de prendre part à des opérations aériennes au-dessus des centres de populations civiles.
Difficile à résumer, tant il est riche en « anecdote » et petites réflexions sur l’appartenance à un payse/une religion…. (tel que les Leo vivant en Angleterre, sauvés et éduqués par l’Angleterre dans les années 30 et se posant la question moralement si ils peuvent quitter le pays après le Brexit, après tout ce que l’Albion avait fait pour eux……)
Un livre facile à lire et d’une richesse (historique, humaine) incroyable. Merci à C. qui me l’a prêté !
ha, « chez nous » — vaste sujet ! pour la langue, la culture, j’étais longtemps « chez moi », comme toi, en Allemagne, mais pas pour le lieu car suite à la guerre et l’après-guerre nous avons souvent changé de lieu, j’ai fait 6 écoles ! Comme toi, j’ai quitté mon pays sans souffrance, sans y être obligée, sans savoir que ce serait pour toujours, mais quand j’y retourne maintenant, je ne me sens pas « chez moi », il y a juste des éléménts qui me sont profondément familiers, et tant d’autres pas du tout. Je me sens chez moi quand je suis avec mes proches, mais les proches d’origine, ils vivaient également en partie à l’étranger, et ils meurent l’un/e après l’autre, c’est normal vu mon âge. Mais quelle richesse de vivre sur deux langues !
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Comme tu as raison. Quelle richesse!
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