As Bestas

Rodrogo Sorogoyen (Madre, Isla Misma, El Reino, Dios nos perdone) nous secoue de nouveau, et nous offre un film auquel je souhaite un bouche-à-l ‘oreille de tonnerre.

Un couple de français (joué par Denis Ménochet – tout en bouillonnement intérieur – et Marina Fois – parfaits les deux !) s’est installé en Galice et pense avoir trouvé son havre de paix, son îlot de « chez eux » en cultivant tranquillement des légumes (de qualité – et vendu à bon prix sur le marché). Si seulement il n’y avait pas des voisins agressifs et peu hospitaliers – on apprend peu à peu pourquoi. [Luis Zahera – déjà vu dans « El Reino » – est méconnaissable et particulièrement convaincant ]

Le couple s’est opposé à la construction d’éoliennes (norvégiennes) sur l’emplacement du village – ce qui aurait, du point de vue des voisins, permis de quitter le village (perdu et périclitant) pour une vie meilleure… De plus, ces « français » (il y a des accents de xénophobie dans les paroles des espagnols) s’entêtent à rénover des bâtiments du village (gratos, sur leur deniers (!)) dans l’espoir de faire « renaître » le village, le remplir de vie.

Avec un scénario formidable de tension qui augmente au fur à mesure, le film oppressant à gogo dit plus sur la difficulté de communiquer, et de la force des femmes que ne le ferait un cursus universitaire entier. A ce titre les (assez) longues scènes de Domino (3 fois) et les échanges des hommes sont catalyseurs.

et ce sont tous les deux qui ont « raison »

Mise en scène et direction des acteurs au cordeau : souvent R. Sorogoyen propose des plans séquence ou plans fixes à l’intérieur desquels les acteurs dialoguent avec un naturel et une véracité qui vous prend à la gorge.

En sortant du film on n’était toutefois pas d’accord avec nos amis qui trouvaient que « les français » ont « mal joué » tandis que les « espagnols » étaient « estupendo ». Pareil pour les scènes entre mère et fils : une amie disait que ça sonnait faux, que c’était était exagéré, tandis que nous, les autres, étions justement d’avis que les disputes entre mère et fille étaient d’un réalisme estomaquant (même si la fille y était moins « convaincante » que sa mère.

Faudra se faire une idée soi-même….(tzzz) . Encore une fois je me permets d’ajouter un lien vers le blog « Le Tour d’Ecran » qui en parle avec plus de profondeur (j’adore l’incipit choisi de Giono).

Une fois n’est pas coutume je rajoute aussi un lien vers l’article sur ce film écrit par Pascale (Sur la route du cinéma), article qui se termine ainsi et j’approuve absolument :

En plus du film de l’été, cet As bestas « risque » fort d’être le film de l’année. Comme l’annonce l’affiche qui pour une fois a raison : une leçon de cinéma

A propos lorenztradfin

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4 commentaires pour As Bestas

  1. princecranoir dit :

    « Les français on mal joué », ce qu’il faut pas entendre… Ménochet est extraordinaire, et Marina Foïs plus encore je crois. Tout sonne juste au contraire, cela en devient même glaçant de songer que cette histoire est malheureusement advenue à un couple de Hollandais.
    Je ne comprends toujours pas pourquoi le film n’était pas en compétition à Cannes plutôt que dans une section parallèle (M. Frémaux, va falloir vous expliquer).
    Grand merci pour le lien !

    Aimé par 1 personne

    • lorenztradfin dit :

      Yep….. d’accord avec toi. Regarde aussi ce qu’un site que j’apprécie en temps normal (Critikat) a écrit :

      Sorogoyen a beau inverser les données de son équation narrative, le résultat reste peu ou prou le même : un primat de la psychologie sur l’action et une domination très nette du scénario sur la mise en scène, la complexité des sentiments ici en jeu faisant l’objet de longues séquences dialoguées, par ailleurs assez inégalement menées et interprétées. Là où les disputes (en espagnol) entre Antoine et son voisin permettent de faire perler la rage contenue de Ménochet, acteur qui, depuis son apparition dans Inglourious Basterds, cultive un jeu fondé sur un bouillonnement intérieur, celles confrontant Olga à sa fille (Marie Colomb) confirment, après Madre, les approximations de Sorogoyen lorsqu’il dirige des acteurs francophones avec un peu moins de bouteille. Or les comédiens sont la charpente de ce film souvent timoré dans sa forme, strié de plans isolés les uns des autres dans le montage et de scènes illustrant platement le quotidien du couple, qui vise pourtant à sonder la complexité d’une situation inextricable. Il aurait fallu pour cela un cinéaste un peu plus subtil.

      On dirait que certains critiques (et spectateurs) avaient les yeux ailleurs….

      Aimé par 1 personne

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