[mis en images par Matthias Matthies]

Un autre livre lu dans le cadre de la sélection du Prix Caillé 2022. Je ne parlerai pas de la traduction, c’est l’affaire de notre jury – et ne parlerai qu’à mon nom personnelle et non pas du jury – mais plutôt de mon voyage autour de la lecture de la VO.
Il s’agit d’un recueil poèmes (chapô bas à l’Editeur L’Iconopop (sous la houlette de Cecile Coulon (!) de s’aventurier encore dans le domaine de la poésie).
L’auteur de ces poèmes est le chanteur du groupe Rammstein – Till Lindemann. Je ne suis pas fan (de Metal) – et je ne connais que peu des succès du groupe (et aucune de Lindemann en solo) (mais il fait dire que le rythme genre rouleau compresseur peut être entrainant). En me promenant un peu sur le net, je constate que les textes de leurs chansons inaugurent bien l’environnement du recueil « Nuits silencieuses ».


« Quel artiste de langue allemande crée de nos jours une poésie que les gens de Munich ou de Berlin comprennent tout autant que ceux de Russie, du Mexique, de France ou des États-Unis ? » dit le journaliste et écrivain Alexander Gorkow dans l’Avant-propos.

Après de nombreuses traductions en d’autres langues il y’a donc maintenant aussi la version française accessible.
Peu ont la simplicité d’un presque haïku :
Si Belle
Pose ton visage
sur une feuille de papier
voici un poème
qui prend vie
Les (autres) poèmes traitent de l’amour, et du chagrin qui va parfois avec, de la mélancolie post-coïtum, la mort, les fleurs, même d’un lever de soleil ou aussi d’une piscine….(« ….j’ai déjà pissé dans une piscine… »). Ce n’est pas particulièrement lisse, il aime provoquer et on le rapproche parfois aux maîtres de la poésie expressionnistes (Brecht, Benn), mais pour moi les rimes rapprochent certains poèmes du côté de calembours provoc’.
Un clip de ZAZ (avec Till L.) est symptomatique pour la « cohabitation » du léger/kitsch et de la cruauté/violence qui se cache derrière bon nombre de ces textes.
Un autre qui a fait de la polémique en 2019 (et il y a quoi – « Je t’aime avec un bâillon sur la bouche » – Ich mag dich mit einem Knebel im Mund …. [comme ça tu la fermes…sic) ]. Comme un autre : Wenn du schläfst (« quand tu dors »), poème qui, même si aucune référence explicite à une agression sexuelle n’est utilisée, semble en effet décrire une scène ou un homme abuserait d’une femme allongée près de lui, laquelle serait vraisemblablement plongée dans un profond sommeil suite à l’absorption d’une drogue. (Causeur )
La qualité (et la profondeur) des poèmes est assez variable mais valent le détour pour des amateurs de poésie (allemande). Les vers n’entreront jamais dans la Pléiade je pense (l’Anthologie de la poésie allemande est d’une certaine manière un livre de chevet pour moi ) – ou peut-être dans 50 ans, à la 2e réedition (tzzz).
La traductrice du recueil, Emma Wolff a eu l’occasion d’écrire une belle note sur son travail sur les poèmes.
J’adore RAMMSTEIN de temps en temps, sans chercher à comprendre les paroles. Tu confirmes…
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c’est ça ce qui est bien avec la Musica – on n’a pas toujours besoin de comprendre les textes….
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Nous sommes en Juin 2023 et on accuse le chanteur de viol et d’emprise…..
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