Traduit de l’italien par Joséphine De Gabaï
Le livre a été sélectionné pour le Prix SGDL (révélation de Traduction 2021) et a posé sa candidature pour le Prix PFC 2022. C’est dans ce cadre que je l’ai lu. Je ne parlerai cependant (on comprend aisément pourquoi) pas de la traduction mais juste de mes impressions personnelles face à ce livre. En aucun cas j’exprime l’avis du Jury dans son ensemble.
Présentation de l’Editeur (Editions Ex-Aequo)
À travers onze histoires brèves, toutes liées par le thème de la piscine, et onze personnages hétérogènes, tous sauvés à un moment crucial de leur vie par la natation, Les Effets invisibles de la nage raconte avec justesse la force, la faiblesse, l’errance, les drames sentimentaux ou familiaux d’êtres humains en pleine bascule. Empreinte de poésie et de réalisme magique, l’écriture d’Alessandro Capponi – et l’eau chlorée de la piscine – métamorphosent des personnages en quête de sens pour leur permettre de se retrouver, de se libérer de leur passé ou d’écouter leurs désirs.
J’ai une petite piscine à moi. Depuis l’année dernière. C’est un (petit) luxe (comparable cependant aussi à un fil à la patte aussi) – elle veut être bichonnée. Mais depuis qqs jours, avec les températures qui montent j’ai le plaisir de m’y jeter pour le moment deux fois par jour. L’eau est à à peine 20°C , mais « l’eau chlorée » (évoquée ci-dessus) m’accueille les gouttes ouvertes et m’enveloppe. Nager non pas comme un sport (même si les muscles se raffermissent un tout petit peu), mais comme une sorte de respiration ondulante dans un tableau de Hockney.

Je dis tout cela pour introduire l’idée que ce petit livre et ses 11 histoires (assez brèves – et inégales, comme presque toujours dans ce type de format) (121 pages) a résonné en moi.
On ressent en lisant les pages quelques-uns des sensations qu’on peut éprouver en nageant (notamment l’état d’apesanteur et apaisant). A. Capponi utilise par ailleurs une petite « astuce » en affublant la plupart de ses personnages (homme, femme, enfant) d’un sobriquet animalesque (morse, limace, poisson, tortue, rat, « bras -grenouille, jambes-dauphin).
« C’est distraitement que B.C. avait été surnommé le Rat, sans doute par Laura ou bien par l’un des maîtres-nageurs, une des premières fois où il s’était présenté à la piscine (…) Cet homme devait l’avoir (le sobriquet, nda) trainé derrière lui toute sa vie, avec son nez pointu, sa petite moustache, ses dents en avant, et même la forme de son crâne, écrasée et allongée. On la remarquait bien quand il nageait, cette tête glissait sur l’eau dans un frétillement svelte et couard au rythme de ses brassés: exactement comme celui d’un rat quand il disparait dans sa cachette. (p.45)
et cela s’intègre bien dans ces petits textes mi poétique, mi amusants, mi- philosophiques. Aussi sur le rapport maître/maîtresse-nageur et nageur/-geuse.
Germano le maître-nageur se préparait pour une compétition de body-building, non pas par passion mais les quelques sous que cela pourrait lui rapporter lui permettraient de faire face aux dépenses supplémentaires de sa sangsue de femme. (…) Germano se mit à hurler : ne te sers pas de tes pieds comme si c’étaient des marteaux, tu n’es pas le seul à nager à reculons, tends les chevilles, réessaie, n’en fais pas tout un cirque, tends les chevilles. (p. 60)
Onze personnages « en pleine bascule », « en quête de sens », vivant « des métamorphoses », surpris de « révélations » qui peuvent mener à des « libérations » et/ou à des « renaissances » – c’est un joli tour de piste de la diversité des êtres humains qui peuvent se croiser dans une piscine.