Il y a quelques semaines j’avais lu le récit « Une sortie honorable » de E. Vuillard au centre duquel se trouve la « sortie » de la guerre d’Indochine. Avec « Un autre monde » de Pierre Lemaître on se trouve à une petite distance temporelle de cette « sortie » – on est en 1948.
« Saga familiale » (annoncée comme le1er tome d’une trilogie – qui fait suite au tryptique précédant « Les enfants du désastre« ) – et qui se passe elle à Beyrouth, Saigon et Paris.
Comment dire : on est happé par ce flot narrative de conteur parfois cynique/ironique qui croque en quelques mots ses personnages* (ce qui fait qu’elles sont un peu caricaturales et/ou schématiques) – dans des environnements hauts en couleurs (descriptions très genre 19e siècle, ou comme le dit P. Lemaitre « dans le style de Jules Verne » – il faut savoir que Covid oblige il n’a pas mis le pied au Vietnam…!) .

J’ai été un peu perdu au début par l’incessant va-et-vient entre les personnages*. Mais une fois dans le « bateau » et ébauché les diverses trames narratives – il est fortiche notre PL de créer ce tapis dynamique de personnages et actions, on avance (d’aucun disent que c’est « addict ») sans s’arrêter. Toutefois, dans mon cas, il s’est installée par moments une légère lassitude (due à l’étirement ou le côté poussif de certains « rebondissements »?).
*– Installés à Beyrouth, Louis et Angèle, 30 ans de mariage et – ça arrive – toujours amoureux. Louis est le patron d’une savonnerie qui marche plutôt bien. Ils ont un fils Jean, dit Bouboule, qui n’est pas à la hauteur des ambitions du père (et s’avère être un homme pas très fréquentable genre psychopathe – il est marié à Geneviève, et leur mariage n’est pas ce qu’on appellera une pub’ pour le mariage. Il y a François aussi, qui, contrairement aux souhaits de ses parents veut devenir journaliste (et on fait un tour de piste du côté des « chiens écrasés » avec lui. Enfin, il y a le 3e fils, Etienne, qui va partir à Saigon, à la recherche de l’homme qu’il aime. N’oublions pas Hélène, la sœur de ces trois qui jouera certainement un beau rôle dans le 2e tome..
Feuilletonesque et sans prétention littéraire c’est le roman parfait pour la plage (ou pour l’évasion du bourbier russo-ukrainien) avec son zeste d’exotisme et son lot de surprises – qui de plus nous permet de renouer (surprise, surprise) avec « Au-revoir la-haut« .
Enfin j’ai appris dans ce « grand monde » (je ne sais pas si vous, en France, apprenez ça à l’école en cours d’histoire) les pratiques peu avouables de l’Office Indochinois des changes autour de la piastre (la monnaie du Vietnam alors). En effet, cette affaire des piastres ou ce scandale des piastres (très négatif pour le budget d’Etat de la France alors), qui constitue une des trames de ce roman (Etienne en sera une sorte de « whistleblower » ou torpilleur), a été une vraie découverte pour moi (mais un peu « étiré » à mon goût). Je vous la laisse découvrir…. comme tout autour des sectes au Vietnam, la vie dans un journal de l’époque, la fabrication de savon … Il y’en a pour tous les goûts…
Pour finir, une citation qu’une amie (coucou M. !) avait mise sur FB…
— C’est un imbécile. lâcha le garçon.
— Non, c’est un con.
— C’est pareil.
M. Pelletier s’arrêta de jouer.
— Non, c’est pas pareil. Si tu expliques trois fois un truc à quelqu’un et qu’il ne le comprend pas, c’est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l’avoir compris mieux que toi, alors, tu as affaire à un con. (p. 20-21)
Coucou, B. !
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Coucou M. !
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