
La question de la traduction, des traductions littéraires, des défis traductologiques…. est centrale dans ma vie (de traducteur) et de lecteur, et ceci pas seulement dans le cadre de ma participation au Jury du Prix Caillé.
Ainsi se trouvent, sur ma table de chevet actuellement trois livres traduits (« Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro (Anne Rabnovitch) – « » de Leonardo Padura (René Solis) ….[Dust in the wind] et « Ceci n’est pas une chanson d’amour » de Allessandro Robecchi (Paolo Bellomo et Agathe Prévost) – ce dernier livre fait partie de la sélection 2021 du Prix Caillé).
La question du travail (du résultat) et de l’approche du traducteur et des stratégies traductives choisis sont d’une importance vitale pour le résultat et donc le lecteur (les critiques littéraires l’oublient souvent). Je saisis donc l’occasion d’une publication sur le blog de mon amie Simone pour vous permettre à jeter un petit coup d’œil par le trou de la serrure – et avoir une toute petite idée minuscule de l’arrière-boutique de ces passeurs infatigables.
Entretien avec Hélène FOURNIER, traductrice
Publié le
C’est après avoir lu le roman de Willy Vlautin « Devenir quelqu’un » que j’ai voulu interroger Hélène Fournier, traductrice de l’anglais en particulier pour la collection « Terres d’Amérique » chez Albin Michel, sous la direction de Francis Geffard. Je lis beaucoup de littérature étrangère, beaucoup de romans anglo-saxons, et le rôle de la traduction m’a toujours intéressée. Grâce aux traductrices et traducteurs, je peux accéder à une variété infinie de littératures, de cultures, et donc de bonheurs de découvertes formidables. J’ai choisi Hélène Fournier parce que j’ai beaucoup aimé les livres sur lesquels elle a travaillé ( comme Dan Chaon par exemple ) et je suis très heureuse de nos échanges dont voici le résultat pour vous. J’ajoute qu’Hélène s’est montrée très participative, impliquée dans nos conversations, ce fut un grand plaisir, vraiment, de parler avec elle. (suite après ce « teaser » sur le site de Simone)
C’est une bien belle initiative de Simone et je l’embrasse bien fort pour cet interview.
En contrepoint de ce travail « individuel » je me permets d’ajouter à cet entretien celui d’un couple, qui suit une approche qui semble se développer de plus en plus dans le monde éditorial, tout en restant sur l’axe donné par Matthieu Guidère dans son « Introduction à la traductologie » : « La créativité, c’est la liberté dans la fidélité. » Le jury du Prix Caillé souhaitait des précisions sur la traduction et le travail pour mettre en français le roman de A. Robecchi. Réponse de l’éditrice :
« Voici notre fonctionnement :
Agathe Lauriot dit Prévost joue le rôle de relectrice « augmentée » (au rôle plus étendu qu’à l’accoutumée) c’est-à-dire que Paolo Bellomo traduit tout le texte, le relit entièrement, et qu’à partir de ce premier brouillon, Agathe fait une relecture « dialoguante » du texte en commentant, en faisant d’autres propositions sur telle ou telle autre phrase, sur un mot, sur les références qui peuvent manquer au lectorat français. Ensuite, Paolo relit les propositions de modification, accepte tout ce qui n’a pas besoin d’être discuté et prépare le texte pour la phase la plus importante : celle où ils relisent tout à haute voix du début à la fin en s’arrêtant à chaque fois qu’il faut résoudre un nœud du texte, repéré précédemment ou pas. Une fois cette phase terminée, ils relisent chacun de son côté, discutent des dernières modifications à apporter puis ils envoient le tout à l’éditeur. «
Intéressant…non?! Une (autre) manière de transmettre un sens, des pensées par les chercheurs & changeurs* que sont les traducteurs. *emprunté chez François Vallançon
Merci cher Bernhard, pour ce partage, vraiment. Je n’ai pas encore lu « Ceci n’est pas une chanson d’amour », mais je l’ai et ce que disent les traducteurs est vraiment intéressant. c’est vrai qu’il y a pas mal de duos dans ce domaine.
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Merci beaucoup pour ce témoignage passionnant pour moi qui travaille en solo. Ce qui confirme bien qu’une traduction est une alchimie très particulière et qu’elle peut être le fruit d’une palette incroyable d’échanges, que ce soit avec l’auteur et/ou avec son « binôme ». J’aime l’exigence de ce duo et aussi l’écoute qu’ils ont l’un de l’autre. Hélène Fournier
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