« Le sens de la vie est en question dans l’avenir qui nous attend ; nous ne savons pas qui nous sommes si nous ignorons ce que nous serons : ce vieil homme, cette vieille dame, reconnaissons-nous en eux. Il le faut si nous voulons assumer en totalité notre condition humaine. » (S. de Beauvoir)
« L’âge comme une possibilité d’être en surplomb de l’existence? L’âge comme l’apprentissage du compagnonnage avec l’idée du néant ? » (p. 138)
J’ai acheté le livre de cette journaliste (qui ne fait pas son âge) après mon voyage en Allemagne, ou j’ai vu, en entrant dans sa chambre d’Ehpad, ma mère (94) assise – dans sa chaise roulante, devant une fenêtre regardant fixement le dehors, attendant que la journée s’écoule…. ou j’ai pu constater que tout se mélange dans sa tête, passé, présent, frères et sœurs disparus mais toutefois fantomatiquement présents à côté d’elle.
« …il ne peut plus marcher seul, il ne lit plus, il regarde un peu la télévision. Il attend. Il dit qu’il attend de mourir au chaud en toute tranquillité. Ca ne vient pas assez vte à son goût…..(…) Ma mère ne sait pas où elle est. Elle me le demande souvent. J’ai beau lui dire et redire que, trois jours après, elle m’avait demandé de rejoindre mon père – « tu comprends, m’avait-elle dit, c’est mon homme, c’est l’homme de toute une vie » – elle ne s’en souvient pas. Elle dit que c’est la mort ici…((…)…dehors dedans c’est le grand chamboulement. Près d’elle, loin d’elle c’est la même douleur. Elle est dans son monde, je suis dans le monde persuadée qu’il est encore un peu le sien. » (p. 162/163)

Aragon, Simone de Beauvoir, Christian Bobin, Balzac, Louise Bourgeois, Duras, Borges, Benoîte Groult, Canetti, Annie Ernaux, E. Kant, George Sand, Sénèque (!) Lampedusa…. et tant d’autres (5 pages de « sources ») pour parler de la vieillesse sous toutes les coutures (« Depuis quand es-tu vieux ? Depuis demain. » (Canetti). Etat de lieu (ça a bien changé au fil des siècles la notion de « vieux »), voyage à travers un paysage qui n’est pas le même pour tous ( sur le plan physique, mental, financier) mêlant littérature, bonheurs (de vivre) philosophie, tristesse, colères aussi….
A priori je ne lis peu d’essais. Celui-ci vu son côté patch-work de réflexions, observations, constats et explorations m’a permis de penser avec un peu plus de « recul » sur cette société vieillissante dans laquelle on vit sous le regard des milléniaux. A partir de quand devient-on vieux ?
Pas de réponse mais à côté de quelques lieux communs aussi des regards acerbes et bien vifs.
Je me suis parfaitement retrouvé dans ce livre.