Je n’avais à priori pas envie de regarder le film « Titane » de Julia Ducourneau primé à Cannes (Palme d’Or presque surprise) après avoir vu la bande-annonce. La lecture de la critique de PrinceCranoir (letourdecran) – extrait ci-dessous (mais lisez tout – m’a finalement donné envie de quand-même me confronter à cet objet ovni sensoriel un soir d’été torride (vive la clim’ dans les salles obscures).
L’affiche prévient d’emblée en exhibant sa cicatrice : le corps va déguster, la tête la première. C’est l’impressionnante débutante Agathe Rousselle qui s’y colle, dédie son corps à la mise en scène, se livre sans retenue à Ducournau. Cette dernière l’explore sous toutes les coutures, l’exhibe, la cogne, la déforme, la transforme, la modèle à volonté comme un morceau de métal chauffé à blanc. « Titane » raconte la « métalmorphose » d’une femme, l’aboutissement d’un processus d’accouchement difficile et douloureux, l’émergence d’une humanité nouvelle, une odyssée de l’espèce. Cette histoire naît d’un accident, d’un drame ordinaire et brutal, d’un rêve qui fait une sortie de route, « dans lequel j’étais enceinte et j’accouchais de pièces de moteur » précise la réalisatrice. Cette passion pour la mécanique du corps renvoie naturellement au « Crash » de Ballard, et plus encore à son adaptation à tombeau ouvert par un fameux cinéaste canadien adepte de la Nouvelle Chair. « Cronenberg est quelqu’un qui est sous ma peau depuis presque vingt ans maintenant et dont l’œil me parle beaucoup » avouait-elle déjà dans les pages de Mad Movies à la sortie de son film précédent. https://letourdecran.wordpress.com/2021/07/18/titane/
Eh ben, je suis sorti secoué et enthousiaste en même temps. Je n’avais pas vu le premier film de J. Ducourneau (« Grave ») – je vais certainement me rattraper un jour.
Montée crescendo la première petite demie heure (un accident de voiture qu’on pressent dès les premiers échanges de regards entre un père (qui conduit) et sa fille en arrière qui ne fait qu’à sa tête). La fille sera sauvé, doit subir une opération (une plaque en titane derrière ses oreilles), rééducation longue et scène étrange (et prémonitoire) à la sortie des soins à la vue de la (nouvelle) voiture des parents …. On fait ensuite un saut d’une quinzaine (?) d’années. La fille, tatouée de partout, avance entre des voitures d’une bizarre « Salon d’automobile » pour voyeurs (les filles dansent voluptueusement sur les voitures)… après cela s’emballe… une bonne demi-heure le spectateur accompagne la fille qui s’avère être une tueuse (en série) redoutable…. les meurtres, notamment le premier qu’on voit vous secoue, les autres qui viennent, comme dans un « bon » film d’horreur on les crains ou redoute dès les premiers gestes… Mais ce qui est fort de la part de J.C. c’est qu’elle arrive même à glisser de l’humour dans ces scènes, ça glace mais ça passe. (comme chez Tarantino la musique adoucit la violence)
Elle part en cavale, se « change » en garçon (haut le cœur quand elle va se casser elle-même son nez pour être moins féminin et reconnaissable (la police la cherche partout) et trouvera « refuge » chez un commandant d’une caserne de pompiers (joué par l’impressionnant Vincent Lindon (qui s’est mis pour ce rôle à la musculation – son personnage se shoote aux anabolisants (?)) qui pense avoir reconnu dans ce « garçon » son fils disparu il y a 20 ans….
Débute alors un autre film – avec le rapprochement doux des deux personnages … et (pour moi) un léger shift du focus vers Vincent Lindon qui lui a peur de vieillir, sent ses forces le quitter et qui n’a pas peur de se montrer tel qu’il est « vieillissant » et empli d’une volonté d’aimer (« son » enfant).

On évoque Cronenberg (« Crash » – moi j’ai pensé plutôt « Faux-Semblants »), Lynch, Carpenter (« Christine »)… j’y ai vu aussi Kubrick (les scènes devant un miroir !) et qqchose de « nouveau » – ce plan large ou on voit Vincent Lindon par terre dans la caserne de pompier, tombé par terre après avoir raté un exercice (se débattant comme un insecte tombé sur le dos au coin droit de l’écran …saisissant !)
Saisissant comme la bande sonore qui m’a laissé bouche bée (même si la Passion de Saint-Matthieu à la fin était peut-être un peu too much (et déjà trop vu) – mais fascinant).
Un film gonflé, avec sa propre « logique » hors du réalisme du cinéma français. Il m’a embarqué, mais je comprends aisément qu’on peut rester totalement en dehors, abasourdi aussi par quelques scènes violentes (notamment dans la 1ere partie) – la 2e finalement est quasiment un « film d’amour ». Il y a pas mal de sang et des fluides – mais sachez que le sang ne sera pas rouge mais noir (comme l’huile d’un moteur) – ce qui en rajoute à l’horreur. Et surtout quand on a une toute petite culture cinématographique on voit partout des références, des jeux de pistes de rappel – mais toujours transformées.
Je ne crois pas aux ambulances, évanouissements de spectateurs dont les médias ont entouré la sortie du film (cela me rappelle le marketing autour de l' »Exorciste » qui vous promettait des infarctus tellement le film était horrifique…. tzz) mais en effet quelques scènes m’ont incité de regarder ailleurs, dans la salle… mais je ne regrette pas une seconde.
Et Agathe Rousselle qui joue Alexia est exceptionnelle.

Waouh, ta belle critique sent aussi le carburateur ! Je suis heureux d’avoir pu aiguiller ta route. Merci pour la bretelle de sortie au passage 😉.
Comme tu le mentionnes, c’est véritablement un film à plusieurs vitesses, plusieurs ambiances, comme dans un club. La bande-son est primordiale, une partie est confiée à l’anglais Jim Williams qui s’était chargé d’accompagner « Grave » déjà à l’époque, et avant cela les films de Ben Wheatley (cinéaste indépendant à découvrir aussi).
Je te souhaite de découvrir maintenant plus en détail la jeune filmo de Mrs Ducournau. Tu verras, c’est le même moteur. 😁
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Parmi le trio BenedetTitAnnette, Je n’ai vu que le premier pour l’instant. Enfin, la moitié du premier. On s’ennuyait tellement qu’on est parti à l’entracte.
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Hah….. je m’en doutais mais pas au point de quitter la salle…….
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J’ai lu que la seconde partie était meilleure…
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Je te remercie sincèrement de ton avis car je sais que Titane n’est absolument pas pour moi. Donc merci de m’avoir épargné ce spectacle cinématographique.
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Connaissant (un peu maintenant) tes « goûts » c’est certainement pas à toi que j’aurai recommandé le film.
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Oui, je crois que tu m’as parfaitement « cernée ».
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Yes, it is similar to Tarantino. In Pulp Fiction, Tarantino makes good use of the California setting, deploying an urban ambience that is slightly surreal in its portrayal of L.A. landmarks. Tarantino used Samuel Jackson and Travolta as foils for his nihilistic vision of the city, in which bad guys prosper and the street becomes alive with pop music.
— Catxman
http://www.catxman.wordpress.com
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