
Présentation de l’Editeur (P.O.L.) :
« Heureux qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons ». C’est la première phrase de ce roman dont le projet consiste « à mener sur les berges de la Seine, entre Melun et Mantes des reconnaissances aléatoires, au fil des saisons, dans un désordre voulu ». Mais très rapidement ces déambulations prennent des allures de petite odyssée sur les berges du fleuve, au cœur de banlieues bousculées, parcourant des espaces fracassés, des friches et des zones industrielles. Traversée du monde d’à côté, celui que nous ne voyons plus depuis des décennies. De micro évènements prennent une tournure fatale et romanesque, comme la fermeture d’un Mc Donald’s à Bezons ou des parties de pêche organisées par des Rroms. On y croise des réfugiés tibétains sur une péniche à Conflans, un café kurde révolutionnaire à Corbeil, un restaurant brésilien, des mosquées salafistes à Saint-Denis, une base assez confidentielle de la marine nationale. C’est le roman discret d’un monde bouleversant de solitude, d’oublis, de ruines et de décomposition.
Au cœur de ce parcours, il y a aussi les retrouvailles avec une vieille cousine et la maison de Carrières- sous-bois qui cache un secret de famille que le narrateur révèle pour la première fois : le fantôme de l’oncle Joseph. Mais le chaos de ce monde périphérique, sous le regard aigu du narrateur, cache lui aussi un mystère : la présence de toute une vie sauvage et animale nichée souvent dans d’improbables lieux. Oiseaux rares, cygnes sauvages, poissons… Avec humour, Jean Rolin traque les détails des existences, des paysages, des lieux, et les traces historiques d’un décor périurbain qui devient sous nos yeux le roman contemporain de notre abandon.
Je fais rapidos.
Indéniablement Jean Rolin a une plume et un sens d’observation formidable – je tire mon chapeau.
Toutefois je suis resté – mais complètement (sorry) en dehors de ce carnet de déambulations – entre Melun et Mantes-la-Jolie, lelong la Seine, aussi cocasses, ironiques et/ou mélancoliques qu’elles sont/ont été.
Je dois avouer que j’aimerais savoir (d-)écrire ce qui m’environne à la manière de J. Rolin, mais un lecteur du centre de la France p.ex. ou « même » de Grenoble comme moi peut se dire – et à quoi bon ?
Le 1er novembre 2018, jour de la Toussaint, j’ai pour la première fois poussé la porte du café Mekan, rue du Cloître-Saint-Spire, au pied de la cathédrale. Auparavant, j’avais été longuement me promener dans Corbeil et, par la rue Emile-Zola, jusqu’au quartier des Tarterêts et jusqu’à l’autoroute la Francilienne qui marque la limite nord de celui-ci. En chemin j’avais visité celle des épiceries Château-Rouge – Corbeil en compte au moins trois – située à l’angle des rues La Fayette et Emile-Zola, qui faisait ce jour-là une promotion de tilapia à 3.90 euros le kilo et de cuisses de poulet halal à 14.50 euros le carton de dix kilos je m’y étais interrogé sur l’identité du leader en tenu léopard, le visage grêlé, coiffé d’une casquette, dont le portrait trônait dans la vitrine.
Contrairement à bcp d’autres lecteurs j’avais assez aimé à l’époque la délocalisation du « Traquet kurde » lu en 2018 dans le cadre d’une autre sélection du Livre Inter. Là, je retrouve certes une certaine acuité et un don d’observation critique, mais je n’ai pas apprécié (à sa juste valeur peut-être)
Enfin la haute idée que je m’étais faite de la réserve, à la longue, fit que je ressentis douloureusement, le 10 mars, ce qui m’apparut comme un véritable saccage, les quelques étendues auparavant couvertes de bruyère ayant été abandonnées, semblait-il, à l’invasion des fougères, des genêts, des saules ou des ronces, cependant que le sol, rendu boueux par les averses qui toute la journée avaient alterné avec des éclaircies sans que jamais le vent ne tombe, était labouré en tous sens de profondes ornières creusées par des engins de chantier, comme si l’on avait organisé sur le territoire de la réserve, depuis ma dernière visite, une reconstitution de la bataille de Koursk. Si souvent que j’y sois retourné depuis, je n’ai jamais trouvé à ce saccage le moindre début d’explication : inévitablement, la proximité des pylônes – qui jamais, où que l’on aille dans la réserve, ne vous perdent de vue – faisait que l’on était enclin à soupçonner la marine, mais d’un autre côté on ne décelait aucune trace d’un aménagement ou d’une transformation quelconque du terrain, au-delà de son labourage….. (p. 142)
Je ne connaissais pas ce Jean Rolin (celui que je connais faisait des films d’horreur dévêtus, autre style), mais il n’est pas manchot à l’écriture. Effectivement, cela n’a pas l’air franchement palpitant par contre.
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