L’ami

Vivent les traumas qui mènent à la lumière.

Dehors, le ciel vire au rose pâle. Je ne suis jamais allé bien loin, moi. Une fois, à vingt-deux ans, quelques jours en Espagne, une autre fois en Suède avec Élisabeth. Puis Marc est né. Partir ne nous disait plus rien ou alors à la mer, en été, avec le petit. Parfois, cela me fait tout drôle de le savoir si loin. Le manque remonte, brutal. Et puis ça passe, comme les disputes entre Guy et Chantal. Cela fait des années pourtant qu’il n’habite plus chez nous, mais bon, sa fac, un coup de voiture et j’y étais. Entre nous, désormais, même l’heure est différente et on a beau communiquer par Skype, plus le temps passe, moins on a de choses à se raconter. Sur la table, la mouche s’envole et vient se poser sur la vitre. Plus que tout, j’aime ces heures où rien encore ne s’agite. Aucun bruit de voiture, aucune sonnerie de téléphone. Seule la lente poussée du jour, le craquement des branches dans le vent. J’avale d’un trait mon café. Après, j’irai faire mon tour le long de l’Aune. À cette heure, je n’y ai jamais rencontré personne à l’exception de Chantal, une fois. Le soleil venait de se lever. Je suis tombée sur elle, assise au bord de l’eau, les yeux dans le vague. La frousse qu’elle a eue en me voyant. Elle n’avait pas dormi de la nuit et s’était dit qu’un peu d’air frais lui ferait du bien. Je lui ai proposé de venir boire un café. Elle m’a fixé d’un air étrange, puis, subitement, elle s’est levée et elle est partie. Élisabeth dit que c’est à cause de ses médicaments. Des trucs tellement forts qu’il faut parfois des mois avant de trouver le bon dosage. (p. 10/11)

C’est un samedi comme un autre – et le début d’un cataclysme dans la vie de Thierry. La police arrive, va emmener le voisin et sa femme, Guy et Chantal, accusé du meurtre de plusieurs jeunes femmes…. la vie de Thierry ca se déliter, s’écrouler.

Photo d’illustration Le Progrès

L’homme taciturne et presque asocial (il ne se lie à personne et ne pense qu’à bien faire son travail et aimer sa femme Elisabeth. La découverte de la duplicité des voisins, le constat qu’ils n’ont rien vu/ senti de l’horreur, le ressenti d’une trahison et la présence sous leurs fenêtres des corps des filles assassinés dans le jardin d’en face, va pousser Elisabeth a « prendre de l’air » chez sa sœur et déclencher une évolution psychologique de Thierry qui luttera contre lui-même et se penchera sur son passé pour mieux se relever et affronter la vie.

Ce n’est pas un polar, comme on pourrait le penser au début, mais le portrait intense d’un homme taiseux qui perd tous ses repères d’une justesse épatante.

Chaque bribe de souvenir est une lame qui s’enfonce un peu plus profondément

259 petites pages qui se lisent rapidement (je dirai même: qui se dévorent (pas mal de changement de rythme) et qui donne envie de se pencher sur le 1er roman de Tiffany T. (« Roissy »).

Un peu déçu toutefois du dernier 6e du livre (un ermite, la revoyure de Thierry avec son frère militaire et une plongée dans le passé (Claridge) qui me paraissaient un peu trop « construite » par rapport aux mots/maux du début. Mais cela ne m’a pas empêché de saluer cette renaissance d’un homme.

A propos lorenztradfin

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5 commentaires pour L’ami

  1. J’aime bien quand tu es enthousiaste et non quand tu es déçu. J’ai une grande confiance en tes avis et tes recommandations donc je vais passer mon chemin sur ce livre.

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