Arène

Deuxième roman de Négar Djavadi (après « Désorientale« ) qui met un peu de « furioso » dans la Rentrée Littéraire 2020.

Présentation de l’Editeur (Liana Levi)

Benjamin Grossman veut croire qu’il a réussi, qu’il appartient au monde de ceux auxquels rien ne peut arriver, lui qui compte parmi les dirigeants de BeCurrent, une de ces fameuses plateformes américaines qui diffusent des séries à des millions d’abonnés. L’imprévu fait pourtant irruption un soir, banalement: son téléphone disparaît dans un bar-tabac de Belleville, au moment où un gamin en survêt le bouscule. Une poursuite s’engage jusqu’au bord du canal Saint-Martin, suivie d’une altercation inutile. Tout pourrait s’arrêter là, mais, le lendemain, une vidéo prise à la dérobée par une lycéenne fait le tour des réseaux sociaux. Sur le quai, les images du corps sans vie de l’adolescent, bousculé par une policière en intervention, sont l’élément déclencheur d’une spirale de violences. Personne n’en sortira indemne, ni Benjamin Grossmann, en prise avec une incertitude grandissante, ni la jeune flic à la discipline exemplaire, ni la voleuse d’images solitaire, ni les jeunes des cités voisines, ni les flics, ni les mères de famille, ni les travailleurs au noir chinois, ni le prédicateur médiatique, ni même la candidate en campagne pour la mairie. Tous captifs de l’arène: Paris, quartiers Est.
Négar Djavadi déploie une fiction fascinante, ancrée dans une ville déchirée par des logiques fatales.

(suit une somme impressionnante d’extraits de critiques qui vont de « pages sous tension », »intenses », « denses », « texte brutal et pourtant intimiste », « thriller urbain orchestré à la façon d’une série Netflix »,« critique sociale corrosive », « coup de maître »… et j’en passe. )

J’ai cité tous ces qualificatifs de la longue liste de louanges parce que je suis d’accord avec eux, même si la somme de tous ces qualités et caractéristiques n’a pas réussi ni à m’émouvoir, toucher ou faire vibrer. Je me sens même plutôt submergé, noyé dans la densité de ce roman qui traite tant de sujets que j’ai même à un moment pensé à la manière de Karin Tuil de prendre à bras le corps 40 sujets d’actualités et d’en faire un cocktail molotov qui vous explose à la figure.

Près de la Villette

Regarde autour de toi, bon sang : bar, sex-shop, pharmacie, sex-shop, café, boulangerie, pharmacie, bar, sex-shop. Personne ne peut marcher droit sans béquille. Personne ! Un Français sur quatre est sous psychotropes (et les trois autres picolent comme des trous ou fument, ou s’empiffrent, ou ramassent de la chair fraîche sur la Toile ou matent YouPorn). Les plus gros consommateurs de psychotropes d’Europe ! Champions toutes catégories ! Somnifères, antidépresseurs, anxiolytiques…

Près de la place Stalingrad

Le monde entier était là pour vous duper, vous voler, jusqu’à votre dignité et votre patience ; vous servir toutes sortes de mensonges, de théories fallacieuses, de contre-vérités fourbes. Vous faire avaler que l’amiante n’était responsable d’aucun cancer, que les nuages radioactifs s’accordaient une pause aux frontières avant de faire poliment demi-tour, que les armes de destruction massive poussaient comme des champignons dans les sous-sols du Moyen-Orient.

Une lecture qui rend un peu addict aussi (le découpage est très télévisuel – on dirait un script détaillé pour une série Netflix, avec une galerie de personnages qui est développé dans leur complexité (passé, motifs de l’action/décision, évolution) – mais parfois limite caricature….. je ne croyais jamais au personnage de Benjamin Grossman) et parfaitement dans une réalité pas toute belle. Réalité qui, by the way, résonne étrangement/curieusement dans l’actualité : réseaux sociaux, chaînes TV payantes, vidéos tronquées, violences policières, ghettoïsation (blancs, noirs, jaunes….), urbanisation, islamisation, récupération de tous bords… (je vous dis ce n’est pas du tout de tout repos si vous cherchez un monde bisounours pour échapper à l’ambiance actuelle)

sur une immeuble du 10e

Ce qui m’a « énervé » un peu, ou plutôt lassé c’était le style qui est certes très contemporain, nécessite parfois un peu de connaissance du « speak » des djeunes et/ou des cités (wesh !), mais qui – à mon goût (je ne suis pas parfait) – charge trop la barque avec des adjectifs/adverbes – on en a qqs exemples dans le paragraphe cité mais il y’en a tout le temps :

la magnifique propriété…. visage fier et buste droit, se tient solonellement…. enlèveront ostensiblement leur voile…. à la première sonnerie, diffuse, lointaine….. il lui laissa un message, respectueux, amical….. .. ce goutte-à-goutte homéopathique d’espoir, même contrebalancé par l’attente quasi obsessionelle.

C’est une question de goût, je sais, mais j’ai ressenti un peu une indigestion.

Pourtant le récit est mené tambour battant, monte peu à peu thrilleresque et netflixien vers sa fin.

Je finis donc sur une note mitigé, contrairement d’autres lecteurs qui n’en sont pas sortis « indemne ». Faites vous donc votre propre idée dans cette arène ou s’affrontent des mondes qui ne devaient pas se croiser……

Last but not least – un peu comme le font pas mal d’auteurs actuellement, il y a une B.O. assez impressionnante qui va de Vivaldi (sic!), en passant par Nick Cave et Lana del Rey aux Smiths…(et j’en oublie)

A propos lorenztradfin

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Un commentaire pour Arène

  1. princecranoir dit :

    BO de qualité, mais le roman ne m’attire pas.

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