de Vladimir Medvedev – Traduit du Russe par Emma Lavigne

Présentation de l’Editeur (Les Editions Noirs sur Blancs)
Prix Pierre-François Caillé 2020
/ Sélection du prix Russophonie 2020// Sélection du prix Read Russia 2020
« Si vous avez peu de terres, il faut y planter de l’or… »
Tadjikistan, années 1990. Au lendemain de l’effondrement de l’URSS, la guerre civile plonge le pays dans le chaos. Un ancien cadre du Parti communiste, Zouhourcho, retourne dans les montagnes du Pamir pour y imposer sa loi et convertir les habitants à la culture du pavot. Il porte autour du cou un gigantesque python évoquant le roi Zahhâk du Livre des Rois, dont les épaules étaient prolongées par deuxserpents diaboliques se nourrissant de cerveaux humains.
Sept narrateurs prennent tour à tour la parole. Tous sont forcés de remettre en question leur univers dans cette période de bouleversements : Andreï et Zarina, jumeaux âgés de seize ans, de père tadjik et de mère russe, contraints de s’adapter à la vie dans un village de montagne ; leur oncle Djoroub, empreintdes traditions des hauts plateaux ; le jeune Karim, naïf et rêveur ; Oleg, journaliste russe qui replace le récit dans son contexte historique ; Davron, ancien officier soviétique ; et enfin le cheikh Vahhob, ermite soufi issu du monde séculier.
Vladimir Medvedev nous fait découvrir le monde très mal connu du Pamir tadjik ; avec un grand souffle épique, il tisse une généalogie du despotisme, tout en tenant le lecteur en haleine face au destin des différents personnages.
« C’est un roman qui ressemble à son paysage, les montagnes du Tadjikistan : massif, multipliant les perspectives. Le roman d’un Russe, Vladimir Medvedev, à l’âme tadjike… »
Damien Aubel, Transfuge
« Embuscades, amours, haines et trahisons se succèdent dans ce roman prenant où Vladimir Medvedev cultive un art consommé du suspense. »
Marc-Olivier Parlatano, Le Courrier
« Ce roman captivant méritait une traduction aussi réussie, qui fait valoir le russe à la fois comme langue de création littéraire et comme langue de transmission, servant ici de relais entre l’Asie centrale et l’Europe. »
Françoise Genevray, Juré du prix Russophonie 2020

Nous sommes donc dans les montagnes du Pamir au Tadjikistan quelque part entre l’Afghanistan, la Chine, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan et en pleine guerre civile des années 90, après la chute de l’URSS, guerre dont les conséquences économiques ont été terrible et suivons la destinée d’un peuple montagnard que nous ne connaissons peu pou pas du tout (ce qui était mon cas).
Zouhourcho, ancien haut cadre du Parti communiste, tente d’une part faire la loi dans ce tourbillons de changements, introduire parallèlement la culture du pavot (qui dans on idée permettra devenir richissime. Pour assoir son pouvoir ce mafieux s’appuie sur un personnage d’un roman classique de la littérature persane Zahhâk – et comme ce tyran de légende (sur les épaule duquel avaient poussé deux serpents) il se pare telle qu’une écharpe d’un phyton qu’il parade.
Cet épopée nous est relaté non pas par un seul narrateur, mais de 7 (sept) !
Il y’a Andreï (père tadjik / mère russe) qui à la mort de son père va quitter la ville pour (devoir) vivre dans un petit bled des montagnes et le confronter à une réalité jusque là inconnu pour lui. La mère russe aura du mal (on se méfie des Russes). Il y a Zarina, la sœur d’Andreï (Zouhourcho s’uinteressera à elle) Il y a également le point de vu de Djoroub (l’oncle de Andreï et Zarina). Un simplet, le jeune Karim (amoureux de Zarina) donnera encore une autre vue/ un autre vécu. S’ajoutent à cela Davron, un ex-officier russe, le cheikh Vahhob, sage ermite et, notamment Oleg, un journaliste russe qui apporte au lecteur l’arrière fonds historiques et politiques et lie ainsi les évènements de la petite histoire avec la Grande.
La polyphonie du roman ne rend pas particulièrement aisée la lecture qui est plutôt du genre exigeante, mais ouvre des portes vers une culture qui nous est (pour la plupart de nous) inconnue, et ça n’a pas de prix.

V. Medvedev nous relate des évènements squi sont souvent plutôt terribles, et la traductrice Emma Lavigne a fait un grand travail « rigoureux et titanesque » pour restituer non seulement la trame du roman qui oscille entre picaresque, tragi-comédie, conte, farce paysanne et documentaire sur une guerre peu connue. Les personnages « ont tous des cultures différentes, ne sont pas de la même génération, ont des ambitions qui ne sont pas communes et pourtant le registre linguistique de chacun est réellement respecté : l’officier et son langage épuré, le journaliste et sa loquacité, les jumeaux adolescents et leur champ lexical limité » (dit Maryvonne Simoneau – membre du Jury du Prix Pierre-François Caillé de la traduction).
Et cela, Emma Lavigne a su parfaitement restituer.

Pour cette raison elle a reçu le Prix Pierre-François Caillé de la traduction – Je fais partie du jury de ce Prix. L’annonce officielle a été faite ce samedi 5.12.2020
Important que ce travail de traduction soit reconnu à sa juste valeur ! C’est une œuvre artistique essentielle que de passer un texte d’une langue à une autre, d’une culture à une autre. Merci pour cette info !
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Et je peux te/vous dire qu’on voit parfois des traductions qui ne font pas justice à l’original.
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C’est un aspect que je perçois et que j’essaie d’aborder dans mes articles. J’essaie de choisir la meilleure traduction en me renseignant le plus possible. Merci à toi pour cet échange.
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L’originalité du thème et du cadre de ce roman m’intriguent et me donnent envie de le découvrir. Le découpage polyphonique m’évoque un peu celui de Rashomon, en plus vertigineux ceci dit.
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Rashomon était la vue d’un épisode par plusieurs personnages. Ici le récit avance « accompagné » par les divers narrateurs. En effet, le vertige vient (aussi) du fait qu’on passe d’un « intellectuel » à un simple paysan, d’un style « Le Monde » au « 1001 nuits »….
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