Le Tarantino de la plume est de retour. Et il dynamite tout ce qui bouge – mais nous offre aussi un peu de tendresse..

Présentation par l’Editeur (Gallmeister)
1895. Le vice règne en maître à Denver, minée par la pauvreté et la violence. Sam et Cora, deux jeunes orphelins, s’occupent d’une bande d’enfants abandonnés et défendent farouchement leur “foyer” – une usine désaffectée – face aux clochards des alentours. Lors d’une de leurs attaques, un colosse défiguré apporte une aide inespérée aux enfants, au prix de graves blessures que Cora soigne de son mieux. Muet, l’homme-monstre ne communique que par des mots griffonnés sur un carnet. Sam, le seul qui sache lire, se rapproche de lui et se trouve ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas-fonds. Expéditions punitives, lynchages et explosions précipitent l’adolescent dans l’univers honni des adultes, qui le fascine et le repousse à la fois. Au point de modifier sa nature profonde, et de l’éloigner insidieusement de Cora.
Les Dynamiteurs est empli d’une tendresse inconditionnelle envers les laissés-pour- compte. Ce roman intense raconte la fin brutale de l’enfance dynamitée par la corruption du monde des adultes.

En effet, c’est de la dynamite. Denver de la fin du 19e et ses 3 B : bas-fonds, bordels, baston, présentés par Sam, le grand amoureux à la lisière de l’âge adulte entrainé, un peu malgré lui, dans le monde des « Crânes de Nœuds ». Il y a le presque Quasimodo, le géant Goodnight, qui a fait l’irruption dans la communauté d’enfants orphelins vivant dans une usine désaffectée, la belle Cora, une sorte de mère courage qui s’occupe de tous ces enfants, Cole, le proprio d’un lupanar/gargotte du nom » L’abattoir » (!) qui entre en lutte contre la police répressive, et entraine Sam….les Pinkerton, un pasteur aussi…
Disons le toute de suite – j’ai nettement moins bien aimé que les précédents livres de Benjamin Whitmer ( Pike, Cry Father ou aussi Evasion)
Celui-ci est ultra-violent et sanglant (au moins deux degrés de plus que « Pike »), une vraie « boucherie » parfois limite complaisant qui n’apporte pas nécessairement qqchose au lecteur, ne serait-ce que pour colorer encore davantage en rouge sang la vie pas très paisible à cette époque là. Par ailleurs, ça rappelle un peu l’ambiance de chez Scorsese dans « Gangs of New York » couplée d’un mode narrative du genre Tom Sawyer (mon impression est due aux titres des chapitres (bien découpés pou le mode page-turner) : comme « Sam participe à un lynchage« , « Sam joue les infirmières » ou « Sam termine son éducation« .

N’étant pas fan ni de l’ultraviolence, ni des romans d’éducation ou récit initiatiques, l’ensemble m’a laissé un peu « sur ma faim ».
Toutefois, la traduction de Jacques Mailhos est formidable, B. Whitmer s’est certainement documenté comme un ouf, il y a un style indéniable, avec des dialogues fort bien sentis (au tac au tac) (et prêt pour une mise en images). L’évocation de la période est parfaitement réussie (grâce au talent d’écriture au scalpel de B. Whitmer – mais finalement ce n’était pas la lecture adaptée au confinement (qui crée en moi mine de rien une sorte d’oppression) que la tristesse sous-jacente qui vous empoigne et ne vous lâche pas de la première à la dernière page.

Un avis plus enthousiaste de la part de La Livrophage ici
Merci du partage, camarade ! Et des bises !
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Malgré un talent indéniable, je pense aussi que ce n’est pas le plus réussi des romans de Whitmer.
Il est un peu passé à côté de ce qu’aurait pu être ce roman, dommage.
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Je me demande ce que Dennis Lehane aurait fait de ce sujet….
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Effectivement, Lehane aurait pu donner une autre approche du sujet. Une autre sensibilité…
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Ce Whitmer tel que tu le présentes m’évoque un autre auteur paru chez Gallmeister : S. Craig Zahler. J’ai lu « a congregation of jackals », Roman western de durs à cuire, très violent sur la fin, tout en slow burn comme le sont d’ailleurs ses films (notamment le memorable « dragged across concrete »).
Je vais peut être me laisser tenter par ce Whitmer.
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Je ne connais pas – tu me rends toutefois curieux, je regarderai ça de près. De toute façon les lecteurs sont assez partagés quant à la violence de ce roman – voir aussi la critique de Simone en lien dans le texte. Encore à propos de la violence – je suis en train de finir un roman de chez Sonatine de David Joy « Ce lien entre nous » qui a aussi son lot de violence (et descriptions faisant froid dans le dos – notamment la liquéfaction d’un cadavre assez réussi et cinématographique). Chez Joy, outre le tableau implacable de la nature ET de la vie des Rednecks ou des laissé-pour-compte, on a en prime une trame narrative magnifiquement tendue et de type tragédie grecque.
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Mmmh, ça augure du meilleur. Je note.
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De plus atout pas des moindres : c’est un élève de Ron Rash
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