Choc des civilisations – Une uchronie

C’est T. (de notre Club de Lecture) – MERCI ! ) qui m’a prêté ce livre (Grand Prix du Roman de l’Académie Française en 2019)

Vous connaissez le jeu vidéo stratégique « Civilization » ? Laurent Binet nous narre un épisode de ce jeu, ou au moins une partie. Dans son roman éponyme, ce sont les Incas qui sortent gagnant dans la lutte contre toutes les autres civilisations.

Son « uchronie » part de l’idée que Christophe Colomb ne découvre pas le « Nouveau Monde » (ce sont plutôt les Viking) et développe de manière ludique, parfois drôle et picaresque la conquête d’Europe par les Incas (en passant par Chichen Itza, Cuba, Lisbonne (au moment du tremblement de terre), Tolède, Paris (on aura même droit à une pyramide que les Incas y érigent !!), Wittenberg, les villes hanséatiques aussi……

C’est plein d’inventivité et garde le lecteur en constant éveil (qui sont les « lamas blancs » aux yeux des Incas ? – Ce sont les moutons, bigre ! Il y a un « breuvage noir » inconnu aux Incas et ce n’est pas du café (il n’existe pas encore (?) au 15^e siècle), mais du vin et les moines sont à leurs yeux « les tondus » !

S’y rajoute une abondance de pastiches ou transformations : on plonge dans un 1^er chapitre dans les aventures (inventées) des vikings, des extraits d’un journal de Christophe Colomb (dont certains passages, bien cachés proviennent du « vrai » journal de Las Casas), des lettres que s’échangent Érasme et Thomas More ou – idée drôle – et pas seulement pour un allemand (catholique de surcroit) – l’affichage de « 95 thèses » par Luther sur les portes de la chapelle du château de Wittenberg, thèses qui n’ont rien à voir avec les « vraies ». N’oublions pas Charles Quint et François Ier et « même » Cervantes (qui se réfugie chez Montaigne)….mais il y a surtout le personnage de Atahualpa (« l’oiseau de la fortune ») et son frère Huascar (qui ne pourront pas s’empêcher de continuer sur le sol « européen » leur luttes de pouvoirs. Et tout est d’une logique « imparable ».

Dans la « réalité historique » l’Empire des Incas sera anéanti par le conquistador espagnol Francisco Pissarro (et Cortez)…. Binet fait voyager les Incas sur le vieux continent et déroulera, en roue libre, son fil fantaisiste. (donc tout le contraire de ce que Alexise Jenni a dépeint dans son livre « La conquête des îles de la Terre Ferme« )

J’ai néanmoins eu une impression de trop-plein et de saturation à un moment, tant il y a des « moments historiques » que nous connaissons de nos cours d’histoire raconté en mode « alternative » créant un désordre dans nos petits têtes – désordre qui nous fait souvent sourire, qui nous épaté mais nous procure (quand on n’a pas le Covid) un arrière gout genre « too much ».

Roman, dans lequel je pense avoir raté pas mal de jeux romanesques ou littéraires. Disons-le ainsi : Il y a une farandole de parodies, réécritures historiques et allusions littéraires. Une omniprésence de clins d’œil qui frisent la saturation qui m’ont rassasié un peu vers la fin – je dois l’avouer…..

Mais c’était avant le re-confinement …. peut-être j’aurai autrement mieux profité maintenant.

Martin Luther Was the Donald Trump of 1517
1517, (1909). Martin Luther nailing his theses to the door of Wittenberg Church. Engraving taken from the Harmsworth History of the World. (London, 1909). (Photo by The Print Collector/Print Collector/Getty Images)