
Avec « Undine » (« Ondine ») renaît un ancien conte de fées (je l’ai lu moi-même dans la version de 1953 – Friedrich de la Motte-Fouqué – qui lui-même s’est sourcé sur la version de Paracelsus (15e) – utilisé de chez Reclam – bien connu chez les élèves des années 60/70 – et peut-être encore aujourd’hui).

L’héroïne (historienne) travaille pour une section du Sénat de la ville de Berlin. Dans ce cadre là elle est conférencière pour des visites guidées d’une exposition permanente de maquettes de l’urbanisme de la la ville, et elle discourse aussi bien sur les nouveau palais urbains « trompeurs » ou la reconstruction de la partie Est-allemande, que sur la spéculation immobilière et nous apprend que Berlin se trouve de fait sur d’anciens marais (asséchés)…tiens, on y est dans l’eau…..

En Paula Beer, l’actrice qui joue « Undine » combine en elle-même les deux motifs, le moderne et l’ancien/archaïque…. historienne et « créature aquatique » qui frappe le spectateurs dès les 1eres minutes dans un dialogue (peu loquace et alourdi par des silences et un regard qui vous noie littéralement) face à son amoureux qui veut se séparer d’elle « Si tu me quittes », dit-elle à ce dernier, « alors je dois te tuer. Tu le sais/ savais ! »…. qui connait la légende/le conte sait qu’elle va devoir s’y tenir à cette promesse …et le jeune homme n’attendra pas pour convoler avec une nouvelle….

Le film oscille constamment entre conte de fées (presque naïf), mélodrame amoureux et thriller psychologique parfaitement ancré dans le réel contemporain…. et Paula Beer joue parfaitement cette créature qui semble découvrir de nouveaux sentiments après des siècles (?) de contact avec les humains.
Christoph, son nouvel amant (leur rencontre est visuellement et plastiquement un plaisir – si on se laisse aller, comme moi je peux le faire avec mon côté fleur bleue/romantique) s’avère être un plongeur « industriel » (réparant sous l’eau des turbines de barrages) plus proche de « 20 000 lieues sous les mers » (1954) de Richard Fleischer que d’autre chose (à noter que l’idée du plongeur n’est venu à C. Petzold qu’après le tournage du film « Transit » (il est subjugué par ses deux acteurs !!) et après avoir entendu que P. Beer prenait des cours de plongée pour un autre film ! Ahh ces petits riens !)

Comme dans ses autres films, Petzold n’a pas besoin de montrer (comme il dit) « des zizis et du cul » et nous offre quelques moments d’une grâce sensuelle (c’est moi qui le dit – d’autres ne verront que du feu peut-être) : la 1ere plongée des deux amoureux avec la danse des bulles, une scène de sexe orale qui se passe – pour le spectateur invisible – sous des draps qui miraculeusement ondulent comme de l’eau immaculée….

Pour relativiser ce que je viens d’écrire (je suis comme ça) voici ce que dit le journal suisse Le Temps quant à la rencontre des 2 amoureux (quand l’amour fait splash)
Le lâche s’étant esbigné, elle le cherche à l’intérieur du troquet. Un admirateur, Christoph (Franz Rogowski), la rejoint. Et l’aquarium gigantesque explose, les jetant au sol dans une fricassée d’algues, de bris de verre et de poissons tressautant. Ce raz-de-marée inattendu établit de manière un peu trop fracassante le postulat du fantastique. La violence homicide d’Undine ne relève pas de la psychiatrie, elle est inhérente aux mythologies rhénanes. Entre réalisme et symbolisme, le film peine à trouver son équilibre

J’ai bcp aimé ce film, mais il faut certainement accepter le côté conte (et la recherche de l’amour infinie, intemporel…) – des copains plus « pragmatiques » que moi ont eu quelques réticences tout en « avouant » qu’il y a qqchose de hypnotique et « différents du mainstream cinématographique » dans ce film.
On peut également se satisfaire des beaux yeux de Paula Beer (qui a reçu pour ce rôle un Prix au Festival à Berlin) dans lesquelles ont peux se noyer.

Je me souviens d’Ondine joué par Isabelle Adjani ! Celui-là avec Paula Beer semble tout aussi décoiffant. Et puis plonger dans de beaux yeux et une belle occupation !
Belle journée,
Régis
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Ah…. je faisais mon bac en Allemagne lors de ce triomphe de Isabelle. Sache toutefois que le film de Petzold est loin de la pièce de Giraudoux
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J’ai bien envie de le regarder…
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« Ondine » de Christian Petzold…
Décidément, le cinéma allemand n’attire pas les foules! Nous n’étions que trois dans la salle; il faut dire aussi qu’il s’agissait de la séance de 14 H…
Et pourtant, Christian Petzold, on connaît bien : Yella, Barbara, Phoenix, Transit, tous films remarquables de celui qui apparaît comme l’un des chefs de file de la « nouvelle vague » du cinéma allemand (et notamment de ce qu’on a appelé l’ »école de Berlin ») et lui a permis d’être fréquemment sélectionné en compétition au Festival de Berlin et au Festival de Venise.
« Ondine » nous arrive auréolé de plusieurs prix, en particulier d’un « Ours d’argent » attribué à Paula Beer pour son interprétation. A propos de Paula Beer, quelle actrice et quelle femme magnifique! Ici, elle apparaît sous un jour différent que dans « Frantz » de François Ozon, où elle était sublime et rayonnante. Dans « Ondine », elle est plus mystérieuse, plus surnaturelle, mais cela tient aussi au personnage. Elle joue le rôle d’un docteur en arts au musée architectural de Berlin. Ondine vit à Berlin, elle est historienne et donne des conférences sur la ville.
Comme souvent, chez Christian Petzold, nous sommes aux frontières du fantastique et le mythe des ondines de la mythologie germanique finit par se confondre avec la réalité. En fait, c’est sa propre histoire qu’Ondine raconte à ses interlocuteurs. Berlin a été construite sur des marécages et le thème de l’eau transparaît dans l’intégralité du film. Ondine est sortie de l’eau, elle est tombée amoureuse d’un être humain et elle retournera à l’eau. « Ondine » est une variation sur le thème de l’eau, de la cité lacustre, sur l’amour entre une ondine et un être humain. La réalisation, comme à chaque fois, est magistrale, les plans sont magnifiques et on n’a aucune peine à suivre ce conte moderne, même si le film paraît peut-être un peu moins fort que les précédentes œuvres de Christian Petzold.
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Merci pour ce complément critique…. qui conforte mon opinion positive.
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