Samedi triste et gai en même temps…..
Notre amie M. est décédée en avril, en plein confinement Covid, d’une longue maladie. L., son mari, a organisé avec leurs enfants et les amis une cérémonie pour évoquer sa Princesse disparue.
Moment d’émotion (120 personnes réunies en souvenir à a belle personne) à l’ombre d’un château en face du Belledonne.
Une douzaine d’interventions (discours – et enregistrement de voix des nièces et neveux outre-Atlantique qui pour les raisons évidentes en ces temps du Covid ne pouvaient pas venir…), des intermèdes musicaux (soit chœur/enregistrement/juste piano – merci B. -) dont le déchirant « You’re so beautiful » (J. Cocker)
ou le tristement-beau
nous ont permis de dire mieux un « Adieu » plus digne (que n’était la triste « cérémonie » en avril devant une poignée de personnes) de cette formidable personne qu’était M.
J’ai également tenu un discours que vous trouverez ci-dessous. Je n’avais aucun problème de le lire à haute voix à la maison, au calme, chez moi. Jamais je n’aurai pensé que l’émotion me prendrai au point que ma main gauche qui tenait le papier se mettait à trembler, la main droite tenant le micro…. la voix craquelant…. quand l’émotion te prend à la gorge…
Beau « cocktail » champêtre à l’air libre… et rdv après près du lieu ou les cendres de M. avaient été dispersés ….
Profitons de chaque jour que nous vivons !!
Chère M
Je me fais le porte-voix de l’amitié et des amis et je vais essayer de ne pas parler comme un portefaix, allemand de surcroît.
Face à la mort d’un être cher, les mots nous manquent souvent et sont, la plupart du temps, vides de sens. Ton métier t’aurait toutefois toujours permis de trouver du sens et des affects portés par ces mêmes mots.
Notre deuil n’est pas linéaire : il est parfois très intense, peut disparaître, revenir à un moment inattendu, ou bien être absent là où on l’attendait.
Tiens, on a repris petit à petit notre quotidien et on vit avec ton absence. Nous avons recommencé à organiser des vacances, des week-ends, des randonnées, soirées ciné et MC2 aussi et n’oublions pas notre Club de Lecture qui ne mesure pas encore le vide que tu as laissé. Souvent, nous embarquons L avec nous…. et parfois, sans crier gare, tu t’invites à ce bal de la vie, tu n’es pas loin. L’autre fois tu nous a chuchoté que le film que nous avons choisi sur les recommandations de « Télérama » ne vaut rien aux yeux des « Cahiers du Cinéma » qui était ta bible quand il s’agissait de « se faire une toile »…. et aussi que tel livre était inintéressant.
Eh oui, nous devons tricoter nos histoires sans toi maintenant. Et ton esprit critique nous manque souvent ces jours-ci. Est-ce que ces futurs instants auront le même éclat que ceux partagés avec toi ?
Du coup, en disant « partagé » je pense à L, qui ne peut plus partager avec toi, je pense à Brel aussi qui dit dans une chanson « Et l’autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère, cela n’importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer ».
C’est d’ailleurs souvent que j’ai pensé ces derniers temps, depuis que tu es partie, à Brel. Dernièrement, dans votre chez vous, ou il n’y a pas de « pendule d’argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non ». Il y a plutôt depuis peu une belle réplique de la sculpture « La valse » de Camille Claudel. Cette œuvre qui réussit le plus difficile à rendre par le statuaire : un mouvement de danse. Et j’ose dire – même si je n’avais le privilège de te côtoyer que depuis 14 ans – que votre vie était probablement une belle danse, parfois chaloupant et lente, heurtée aussi et parfois à la viennoise, étourdissante, tourbillonnante.
Le couple de Camille Claudel s’enlace (sans se lasser). La tête de la femme, c’est peut-être toi, la Princesse de L, tu te penches sur l’épaule de l’homme, c’est peut-être L. Il te soulève, au-dessus du sol, c’est presque aérien, d’un équilibre mystérieux – comme on doit le trouver quand on est en couple pour de longues années… et le couple danse la valse à trois temps, à mille temps, une valse à vingt ans…..
« C’est beaucoup plus troublant, mais beaucoup plus charmant, qu’une valse à trois temps…. » Tu vois encore Brel et un peu Bourvil aussi qui aurait dit « Y’avait tant d’insouciance dans leurs gestes émus. »
Ta vie n’était pas une valse-hésitation, bien au contraire.
Nous te promettons, on va envoyer valser les pensées tristes, et pour le dire avec une expression de cycliste « c’est dans la musette » : On n’oubliera pas le nom du bal de ta vie)
Bien jolis mots pour accompagner cette amie ! 🙏
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Merci
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Très beau texte, je comprends l’émotion en public.
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Merci mon Prince !
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Triste comme un départ, nostalgique comme une rencontre … saudade…
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