La nymphe « consentante « 

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Gabriel Matzneff :

« Mon amour des adolescentes a ici sa source. C’est cette virginité des émotions, des sensations, qui rend une liaison avec une très jeune–fille si émouvante, si fraîche. Il y a chez une lycéenne de 16 ou 17 ans qui vit son premier amour, une gentillesse, une confiance, une joie, une spontanéité qui (sauf exception) ne se rencontrent pas chez une femme adulte que la vie durcie, qui a déjà tout connu, tout expérimenté, sur qui un régiment est passé avant moi.  » (Les soleils révolus »)

http://www.buzz-litteraire.com/20060719186-les-ecrivains-et-la-tentation-des-adolescentes/

Coco-quuel age pour le consentement

J’ai « récupéré » ce livre-témoignage chez ma compagne (qui l’a reçu en prêt par A.L. – merci !) – et l’ai lu quasiment d’une traite. 206 pages assez aérées (il faut de l’air pour pouvoir respirer normalement lors de la lecture de ce récit d’une dépossession, plongeon dans les années 80, dans un style assez simple (ce n’est pas de la grande littérature)), et dans l’histoire d’une jeune fille, dont le père est absent, la mère un peu fantasque sur les bords, fille qui va tomber dans les rets d’un ogre prédateur, chéri par le monde littéraire et intellectuel, monté au pinacle.

Je n’ai jamais rien lu de ce G.M. – et je ne vais pas lire qqchose de lui, les qqs extraits glanés dans le net me suffisent amplement (c’est le site :

http://www.buzz-litteraire.com/20060613208-ivre-du-vin-perdu-par-gabriel-matzneff/

qui en parle en long et en large :

Angiolina-Diabolina ». Adolescente de 15 ans, à la fois femme fatale et tyrannique, « rose sauvage » et « tendre démon ». Il s’élève ainsi contre « l’ostentatoire oubli de l’inoubliable » et le « génie amnésique des femmes » tout en reprenant ses thèmes chers, ses « idées fixes » comme il les appelle et qu’il chérit : la voluptuosité des « moins de 16 ans », la toute puissance de l’amour charnel, ses conquêtes multiples aux portes des lycées, l’éphémérité des sentiments, le mysticisme (religion orthodoxe), son obsession du « rester jeune » (par la diététique), ou encore la hantise du temps qui passe… Du jardin du Luxembourg à la piscine Deligny, ses terrains de chasse favoris… En dépit de l’abjectitude des pages consacrées au tourisme sexuel sur les enfants à Manille (« les plaisirs mercenaires », « la secte philopède » selon l’expression de l’auteur), ce roman, que Matzneff considère comme son plus accompli, confine souvent au sublime. En particulier lors des pages où il se remémore ses amours fous passés, « sa ferveur non pareille éprouvée pour cette Enfant ultime ».

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extrait de « Ivre du vin perdu » : 

(…) « Plus de 3 ans après leur rupture, il ne s’écoulait pas un jour sans qu’elle le visitât, et le souvenir de son visage, de son corps, de sa voix, de tout ce qu’ensemble ils avaient vécu, ne le quittait jamais. (…) Et le trouble qu’il l’avait saisi, au printemps dernier, quand se trouvant chez une amie photographe, (…), le visage de celle-ci, ses quinze ans, le doux ovale de ses joues, ses grand yeux veloutés, pareils à deux pétales, sa bouche aux lèvres tendrement gonflées, étaient, dans la chambre obscure, progressivement apparu comme une divinité marine surgissant des flots, n’avait pas en définitive été plus violent que celui qui s’emparait de son âme, de son sexe, de ses entrailles, chaque fois que, endormi ou éveillé, il était visité par les mots que lui murmurait pendant l’amour son incomparable écolière,  » Je t’aime, tu es mon prince soleil, mon archange aux yeux de ciel, mon Nil pain d’épice, sucre d’orge, sucre d’or, ma rencontre du onze août, mon visiteur du soir, mon amant très aimé pour l’éternité « , « ta peau a une odeur de lune », « tu me fais mourir de plaisir », « je veux un enfant de toi »…

On comprend aisément que G.M. avait « interdit » à Vanessa S. de lire ce livre là de lui, et d’autres (notamment les journaux qui relatent ses voyages de tourisme sexuelle au Philippines…

Et c’est la lecture de pages de ce type que la jeune fille de 16 ans (Monsieur perd peu à peu son intérêt pour elle et se cherche de nouvelles proies), qui – entre autres – réveille V.  qui comprend peu à peu que « A quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter. » (p. 112/113) et n’aura « dorénavant (…) plus qu’un souhait, reprendre une vie normale, une vie d’adolescente de mon age. » (p. 156)

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Eva Ionesco

Ce sont les dernières 50 pages qui m’ont « marqué » le plus; à savoir touché. C’est dans ces pages-là, loin de la description de sa vie avec G.M., davantage centrées sur la prise de conscience et formulant la colère et l’accusation d’un monde littéraire (auquel l’auteure appartient aujourd’hui en tant qu’Éditrice).

« Mais certains écarts sont irréductibles. Malgré toute la bonne volonté du monde, un adulte reste un adulte. Et son désir un piège dans lequel il ne peut qu’enfermer l’adolescent. Comment l’un et l’autre pourraient-ils être au même niveau de connaissance de leur corps, de leurs désirs……

Ce qui caractérise les prédateurs sexuels en général, et les pédocriminels, en particulier, c’est bien le déni de la gravité de leurs actes. Ils ont coutume de se présenter soit comme des victimes (séduites par un enfant, ou une femme aguicheuse), soit comme des bienfaiteurs (qui n’ont fait que du bien à leur victime)  » (p. 164)

Un livre qui devrait nourrir les débats.

Et moi, qui ne peux pas, même pas sous « l’emprise » d’un fantasme délirant, m’imaginer de partager le lit d’une femme qui a(urait) l’âge de ma fille (née en 1991), je pars déjà mal dans la discussion, puisque je catégorise les mecs qui le font (ou en rêvent) d’emblée en dehors des plate-bandes, et ne puis parler objectivement.

A propos lorenztradfin

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13 commentaires pour La nymphe « consentante « 

  1. Matatoune dit :

    Je pense que cette voix ( Vanessa Springora) est entrain de faire évoluer une société qui avait jusqu’à présent choisit le clan du prédateur… Mais, il y a du chemin encore à faire.
    Au delà de cette parole, je ne crois pas qu’une enfant de 14 ans soit consentante !
    Et, combien ces photos sont extrêmement dérangeantes !

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    • lorenztradfin dit :

      Je viens de supprimer la photo de G.M. et (?) – peut-être V.S. – les autres de la Mère Ionesco et Hamilton je les laisse (la 1ere puisque elle avait fait bcp de bruit en Allemagne à l’époque et le Hamilton puisque dans les années 70 mes amis et plein d’autres en avaient placardé leur murs….. (moi j’étais plutôt Claudine Auger et Romina Power)

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  2. lorenztradfin dit :

    Quand je pense que les photos d Hamilton étaient encensées et placardées partout à l’époque ….Et quant à Eva je te rappelle le formidable « roman » de Liberati https://lorenztradfin.wordpress.com/2015/11/15/eva-naissant/
    qui parle horriblement bien des dégâts faits par des gens comme G.M. Quant au « consentement » … je ne sais pas ou me situer. Il n’y avait pas de violence (physique) … sur et certain cependant qu’une fille de 14 ans n’ait pas encore en mesure de dire « Ceci est MON corps…

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    • Matatoune dit :

      Pour les photos, je ne disais pas cela parce qu’elles n’auraient pas du être là. Je ne me serais pas permise.
      Je trouvais justement combien la réalité de ces relations éclatait : Certainement la jeune fille qui avait l’âge d’être sa fille et qui tient par la main comme si c’était son père. L’autre, avec son corps d’enfant déguisé en femme..Et, bien sûr, Hamilton qui projette ses fantasmes dans ses photos.
      Je tenais à rétablir les choses !

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  3. CultURIEUSE dit :

    Bien sûr, puisque ce corps et cet esprit sont en formation, pas finis.
    Je l’ai lu d’une traite moi aussi. C’est vraiment un témoignage qui compte.
    Pas de violence visible, ok, mais il a profité de sa domination psychique.
    Les photos me dérangent aussi. Surtout celle du couple qu’elle renie avec force.
    Les autres, malheureusement, font partie de l’Histoire.
    A propos du Lolita de Nabokov, j’ai aimé qu’elle souligne que ce livre est une condamnation de la pédophilie et non l’inverse. L’auteur n’excuse jamais la conduite d’Humbert Humbert.

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  5. Philisine Cave dit :

    Définitivement pas tentée par ce bouquin, et ce n’est pas la faute de ta chronique bien construite !

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