Film chinois de Diao Yi’nan (après : « Black Coal« )
Un film d’ombres chinoises. Un film ombrageux, stylisé et loin du « haletant » promis sur l’affiche… qui tire son casque de moto par révérence aux grands manitous (Welles, Wong Kar-Wai, Godard, F. Lang, Tarantino)
Synopsis (Allociné)
Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.
Film d’ambiance plutôt, avec des « fenêtres » sur la société chinoise d’aujourd’hui (la crasse, la violence, l’avidité, sur un scénario mince (et moins retors que laissaient entendre quelques critiques – je n’étais jamais perdu, sauf parfois dans la flamboyance des images – et dans l’admiration de certains plans-séquences.
Les flash-backs sont – à mon avis – bien amenés, éclairent bcp et nous offrent notamment une décapitation (presque) surprise d’un gangster motard. Le gangster en fuite (après avoir tué un policier) s’appuie sur une prostitué (une baigneuse – des dames coiffées d’un chapeau blanc qui soulagent des hommes dans l’eau du lac…- littéralement : « les femmes qui accompagnent pour aller se baigner (pratique courante dans le Sud de la Chine) » ) pour faire parvenir la récompense pour toute information permettant son arrestation à sa femme ….
Le chassé-croisé entre le fugitif, la ‘baigneuse’ et la police (qui fait tout pour ressembler à des gangsters) permet quelques réjouissants moments – beau tableau sur « Raspoutine » de Boney M. (avec des policiers camouflés parmi des danseurs aux chaussures fluorescentes) …. c’est à presque à perdre l’intérêt à l’intrigue (mince – il faut le rappeler) tant les images sont d’une belle beauté noire fluo.
C’est vrai qu’il y a des images sublimes dans ce film – qui fourmille de citations (toutefois souvent en mineur) de films de grands (comme p.ex. dans une scène : pas 6 miroirs comme dans Dame de Shanghai, pas de « corps à corps » juste les reflets de deux âmes errants dans deux miroirs….), le jeu des ombres devant une gare…
Pour être honnête, j’ai le souvenir d’une force plus tellurique dans « Black Coal » (une histoire nettement plus étoffée – plus compliqué et moins chargée d’approche esthétique. J’en sors donc la curiosité attisée par le marketing autour du film satisfaite, mais pas « remué » ni cent-pour-cent convaincu (à part pour les images très très belle).
Autre point « Positif » dans cette 1ere sortie de 2020 : Je m’étais séparé de mes amis qui ont préféré voir « La vérité » (Binoche & Deneuve dans un film de Kore-eda), personne ne voulait voir « mon » choix….. Ils ont bien été déçus de leur choix…...- le repas qui a suivi nos visionnages était plein de leurs regrets et de mes images (stupéfiantes)
J’aime énormément Kore-eda mais je crois que j’aurais fait le même choix. Je n’ai pas vu Black Coal, mais sa réputation élogieuse attise ma curiosité, renouvelée par la sortie de celui-ci. Et par ton article !
J’aimeJ’aime