Un petit regard dans le rétroviseur.

velofeuille ombrageux
Il était une fois une fin de mois de novembre et je me trouvais pour 48 h à Paris pour des rdv (et pour voir mes enfants).
Je voulais faire un tour à Beaubourg (Centre Pompidou) pour voir l’exposition « Bacon en toutes lettres » (jusqu’au 20.1.2020) et me rafraîchir la mémoire (dans les années 90 j’ai déjà pu voir, au même endroit, si ma mémoire est bonne, une rétrospective, à l’époque présentée comme monumentale).
Eh ben, il y avait trop de monde, et vu le peu de temps que j’avais, j’ai décidé de marcher qqs centaines de mètres direction Marais et suis allé (pour la ere fois) au Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) dans l’Hôtel de Saint-Aignan (que la Ville de Paris a acheté en 1962 – bel immeuble du 17e siècle !).
J’y ai vu l’exposition du Peintre du Peuple – Jules Adler qui est à des km-lumières de l’oeuvre de Bacon….

Paris vu du Sacré-Coeur 1931
Un peintre fêté et distingué par des prix à son époque, il est tombé dans un oubli certain : c’est vrai que la vague de la modernité (impressionnistes, cubistes, Nabis et autres Blaue Reiter, fauves et expressionnistes) a poussé cet artiste, avec son style quasi anachronique à l’époque, dans les cases d’un style révolu en ce début du 20e siècle. Adler s’est attaché aux figures populaires (le prolétariat), la lutte sociale (son oeuvre La Grève au Creusot (1899) est une sorte d’icône des luttes ouvrières) et les campagnes.
Très belles compositions, très « naturaliste » donc du point de vue d’aujourd’hui en effet davantage « illustratif » (le tableau « Fumées » par exemple a presque qqchose de Rockwell:
Une chose est sur, le bonhomme savait dessiner :
Sa famille a par ailleurs quitté Luxeuil-les-Bains (voir le tableau ci-dessus en bas à droite) quand il a 17 ans pour s’installer à Paris (ou il est admis l’Ecole des Beaux-Arts)…. (il est un des premiers qui peint les hauts fourneaux (Charleroi) – l’être humain y disparaît…,

Les hauts-Fourneaux de la Providence – 1904
flâne énormément dans les rues de Paris et plus tard des paysans et marins… – touché par l’industrialisation galopante qui génère un exode rural….
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Un tout autre programme ce week-end pluvieux : l’exposition au Musée Zadkine dans le 6e
L’exposition « Le rêveur de la forêt » nous propose une approche multi-sources (poésie, philosophie, sciences), offre des pistes entre les diverses époques, supports et même genres…. donc c’est assez jouissif. On sort, point comme un rêveur, mais titillé et moins « courtois » comme après les tableaux de Adler (dont seul le « récit » et la « composition » peuvent toucher, là c’est une exposition qui « interroge la fascination faite de peur et d’enchantement mêlés que suscite la forêt dans l’imaginaire commun. Refuge du vivant, du sauvage, du sacré, le monde sylvestre représente ce qui échappe aux entreprises humaines de domestication et de rationalisation du monde ; ce qui leur préexiste et leur survivra. » Et il y a en effet foultitude d’artistes « dialoguant » avec les sculptures de Zadkine :
Guillaume Apollinaire | Karel Appel | Jean Arp | Bard Patrick | Christophe Berdaguer et Marie Péjus | Hicham Berrada | Joseph Beuys | Constantin Brancusi | Victor Brauner | Marc Couturier | André Derain | Jean Dubuffet | Max Ernst | Pascale Gadon- Gonzalez | Paul Gauguin | Alberto Giacometti | Natalia Gontcharova | Félix Gresset | Jean-Luc Hervé | Eva Jospin | Laurie Karp | André Masson | Ariane Michel | Edvard Munch | Eadweard Muybridge | Estefania Peñafiel Loaiza | A. R. PENCK | Giuseppe Penone | Javier Pérez | Pablo Picasso | Laure Prouvost | Bernard Réquichot | Germaine Richier | Auguste Rodin | Séraphine de Senlis | Raoul Ubac | Maurice de Vlaminck | Theo Wiesen | Ossip Zadkine
Alina Reyes (l’auteure du sulfureux « Le boucher ») a consacré une entrée dans son blog (avec une ribambelle des œuvres ET les encarts sur les artistes (ce que je ne fais quasi jamais)
(pas besoin d’indiquer qui a conçu ça, non ?!)
(C’est un peu plus difficile – Eva Jospin)
(Laure Prouvost – « Parle ment branches »)
J’y retournerai certainement dans ce petit Musée pas loin du Jardin du Luxembourg. J’aimais bien les sculptures en bois d’Ossip Zadkine (la porteuse d’eau est d’une grande grâce comme le sont certaines odalisques) – entre le subtil et le primitif – qui trouvent dans cet endroit lumineux (mais aussi très petit) un écrin formidable.
L’exposition est programmée jusqu’au 23.2.2020
En sortant et en me promenant je « tombe » sur un bus avec la peinture suivante dessus :
ça vous ramène de nouveau dans la vie (réelle).
Tiens, moi aussi j’avais vu Bacon à Paris à la même époque 😉
Par contre je ne connaissais ni ce A (superbe et précieuse découverte !) ni ce Z avant de lire ton article. Les changements de cap sont parfois salutaires et bienvenus (n’est-ce pas JJ ?)
Merci pour la promenade artistique.
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Du beau monde chez Zadkine! J’irai peut-être y faire un tour après avoir vu Bacon et Boltansky à Beaubourg et Kiki Smith à la Monnaie. Mais bon, il faut du temps pour la famille aussi. Bises.
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‘beau monde’, en effet, mais avec souvent qu’une seule oeuvre – et pas toujours ‘représentative’ (puisque en lien avec la « forêt ») …. Toutefois le petit Musée n’est pas tout près de la Monnaie…. Bon trip donc à Parigi.
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