Traduit de l’anglais par Brice Matthieussent
Roman paru (post-hume) en 1985 (en France en 1987) – c’était la « grande » décennie des livres de J. Fante dont « Bandini » (paru en 1938 aux USA mais découvert en France seulement dans les années 80 grâce à l’éditeur français Christian Bourgeois et Brice Matthieussent)).
Résumé (Babelio) :
Coincé entre une progéniture ingrate et un talent de plus en plus incertain, le personnage principal de Mon chien stupide oscille entre un cynisme salvateur et des envies de fuite.
Fils d’immigrés italiens, il caresse le rêve d’un retour à ses racines, fantasmant sur une vie paisible aux terrasses des cafés de la Piazza Navona à Rome.
Mais pour l’heure, il faut courir le cachet, écrire des scénarios médiocres pour des séries télé affligeantes… ou le plus souvent aller encaisser un chèque des allocations de chômage. L’existence tumultueuse de la famille est bouleversée lorsqu’un gigantesque chien décide de s’installer dans la maison, pour le plus grand bonheur de l’auteur raté mais au grand dam du reste de sa tribu.
Mon chien Stupide est une tragi-comédie de la crise individuelle : crises d’adolescence à retardement, démon de midi, couple en déliquescence. John Fante signe ici un roman touchant, débordant de compassion et d’acide lucidité.
J’ai « repris » le livre pour jouer un de de ces jeux aimé : les adaptations au grand écran de romans.
La dernière adaptation, on la doit à Yvan Attal – qui se met en scène (dans le rôle de Henry, le narrateur et écrivain en manque d’inspiration(s)). Sa femme dans la vie réelle Charlotte Gainsbourg joue Harriet la « super-épouse) – le film vient de sortir – le 30.10.2019 – (et curieusement je n’ai finalement pas/plus envie de le voir – je ne trouvai pas trop passionnant le livre et m’imagine (trop bien) que Yvan A. surjouera le côté dépressif et aigri – en « fils cadet » de Bacri – et La Gainsbourg certainement accentuera le côté déçue de son époux, limite alcoolique – et l’ensemble, je le sens au picotement de mon nez, surjouera les traits humoristiques féroces….
Le livre de Fante « drôle, ironique, tragique, bouleversant et merveilleusement écrit ... – » (Le Figaro dixit en 4e de couv’) m’apparaît – comme je l’ai laissé entendre plus haut, peu convaincant aujourd’hui…
Pourtant Alex Beaupain explique dans un entretien avec le Monde :
« J’ai commencé par Bandini, puis Demande à la poussière, et j’ai continué. A l’époque, Mon chien Stupide n’était vraiment pas mon Fante préféré, il me semblait moins âpre que les autres, plus résigné – mou, presque. Des années plus tard, je l’ai repris, et me suis rendu compte qu’il était à la fois très triste et très drôle, tragique mais réconfortant, avec son second degré très profond. C’est l’histoire d’un scénariste et romancier qui habite une grande maison avec sa femme, leurs quatre enfants et le chien, qu’il a appelé Stupide ; en voyant ses enfants quitter la maison, il réalise progressivement qu’il vieillit. Normalement, si on est un tant soit peu équilibré, on pleure en lisant les deux dernières pages. La simplicité de ce livre fait que, comme pour une chanson ou un album, il nous faut des années avant de comprendre quel grand roman c’est. J’y suis souvent revenu. Et puis je l’ai beaucoup offert autour de moi….«
On dirait que je suis un peu déséquilibré…. toutefois, je signerai sans hésitation la remarque concernant les dernières pages : J’ai aimé certains passages un peu brutes de décoffrage, avec des aspérités dans lesquelles se cache le côté désespéré derrière un écran d’humour vache :
« Elle était pourtant adorable, mon Harriet : vingt-cinq ans qu’elle tenait le coup à mes côtés ; elle m’avait donné trois fils et une fille, dont j’aurais joyeusement échangé n’importe lequel, voire les quatre, contre une Porsche neuve, ou même une MG GT ’70. »
« Au-revoir, P’pa. Merci pour tout. » Il m’a vraiment dit ça. Merci pour tout. Merci pour l’avoir engendré sans lui demander la permission. Merci pour l’avoir fait entrer de force dans un monde de guerre, de haine et de fanatisme. Merci pour l’avoir accompagné à la porte d’écoles qui enseignaient la tricherie, le mensonge, les préjugés et les cruautés en tous genres. Merci pour l’avoir assommé d’un Dieu auquel il n’avait jamais cru, de la seule et unique église – que toutes les autres soient damnées. Merci pour lui avoir inculqué la passion des voitures qui provoquerait peut-être un jour sa mort… Merci pour tout. » (p.131)
J’ai aussi relu celui-là dernièrement. Effectivement, sympa mais pas le meilleur Fante selon mon souvenir. Fante est resté un de mes géants littéraires, mais que vais-je en penser actuellement? Le souvenir de « Bandini » et « Demande… » est plus intense. J’ai un peu les jetons d’aller voir ce film, mais j’irai avec mes copines à chien!
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En effet…. avoir un chien ça aide( era). ‘Bandini’ m’avait transporté à l’époque….même question sur la survivance de cette découverte d’alors…..
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Evidemment, cela ne vaut pas Demande à la poussière, mais je garde un très bon souvenir de Mon Chien Stupide, avec cette fin si émouvante. Hors de question pour moi d’aller voir le massacre que doit être l’adaptation.
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En effet, la fin est émouvante…. j’aime bien ton ‘évidemment ‘!
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