Lu dans le cadre du jury du prix Caillé 2019 – le livre se trouve dans la dernière sélection. Le lauréat sera fêté le 6 décembre 2019. Bien entendu je ne parlerai qu’en mon nom et ne laisserai rien paraître de ce que je pense de la traduction….ce sera au jury dans son ensemble d’en discuter.
Présentation de l’Éditeur (4e de couv’)
Pas de corps reconnaissable, pas d’empreintes, pas de témoin. L’homme brûlé vif dans l’abri de jardin des Barlow est difficilement identifiable. Pourtant la police parvient assez vite à une conclusion : il s’agit d’un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov. Ils sont nombreux, à Peterborough, ceux qui arrivent des pays de l’Est, et de plus loin encore, à la recherche d’une vie meilleure. Et nombreux sont ceux qui voudraient s’en débarrasser. Les deux policiers qui enquêtent sur le meurtre, Zigic et sa partenaire Ferreira, ne l’ignorent pas. N’éliminant aucune piste, le duo pénètre dans un monde parallèle à la périphérie de cette ville sinistrée par la crise économique, là où les vies humaines ont moins de valeur que les matériaux utilisés sur les chantiers de construction. Là où tous les chemins peuvent mener au crime de haine.
Roman traduit par Lise Garond. Après un premier chapitre qui laisse le lecteur haletant et le projette quasiment dans un roman Winslow-ien, ce roman se transforme progressivement et à pas mesurés en un tableau miroir-noir de notre société, ….Quasiment un portrait de l’économie néo-libérale britannique (avant le mic-mac brexit-ien) à travers un fait divers dans une petite ville (Peterborough) qui accueille des nuées de travailleurs venant de l’Est. Occasion de faire un tour des relents xénophobes d’une population appauvrie ou disons plutôt scindée en deux (d’un côté les profiteurs dans un monde qui vise le low-cost, patrons de sociétés du bâtiment, des agriculteurs, marchands de sommeil etc…et d’autre part les autres, les laissés pour compte, qui cherchent les coupables toujours aveuglément du même côté biaisé). Ce portrait est brossé à travers les yeux des enquêteurs Zigic (né dans une famille d’immigrés serbes d’une autre génération – homme marié) et sa collègue Ferreira (de parents portugais – femme « libre » et célibataire avec un penchant pour la fête)… un couple plus différent tu meurs et pourtant complémentaire pour une enquête qui avance doucement (faut pas s’attendre à de centaines de rebondissements) dans les broussailles de (sur-)vies sordides et marquées par le(s) traffic(s) d’hommes, la prostitution, la soumission des femmes, la faiblesse des hommes ou de l’avidité aussi.
Les caractères sont d’une épaisseur certaine, l’environnement social décrit par petites touches et non pas asséné par coup de marteau accusateur….
Le roman sorti en 2014 en Angleterre sous le titre de « Long Way Home » (je préfère ce titre à son pendant français) inaugure – selon ce que j’ai pu glaner dans le net – une série autour du couple d’enquêteurs (en VO déjà quatre titres – le 2e , traduit également par Lise Garond, vient de sortir en France sous le titre (« Haine pour la Haine » vs « Tell no Tales » le marketing joue encore à donf pour rappeler au lecteur accro aux enquêteurs le titre du premier…). Espérons que Eva Dolan (« la nouvelle reine du polar anglais ») garde (avec désormais un livre par an !) son acuité et précision de regard sur notre société occidentale pourrie..
Le Livre a reçu le « Grand Prix des Lectrices de Elle », catégorie policier.
« En attendant Nadeau » nous livre une critique intéressante. https://www.en-attendant-nadeau.fr/2018/01/09/suspense-15-dolan/
Je sors un peu de ma « neutralité » toute relative mais j’ose inviter l’Editeur Liana Levi à revoir sa politique de correction qui n’est pas à la hauteur du travail de la traductrice.
Voilà qui annonce une suite post brexit dirait-on.
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Certainement – il se peut que ce sera la nouvelle star du « polar » à l’anglaise
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Je note ce pronostic. 😉
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