Présentation de l‘Editeur (Actes Sud/ Babel (noir)
20 août 2010, 0 h 15. L’inspecteur Ibarra, transféré depuis trois ans dans un commissariat de sa Galice natale après avoir brillamment résolu l’affaire de la petite disparue de Málaga, est appelé par l’hôpital de La Corogne au chevet d’une femme grièvement blessée. Elle ne veut parler qu’à lui. Difficilement reconnaissable derrière ses traits abîmés, celle qui le convoque n’est autre qu’Eva Malher, la mère de la fillette. Dans un sombre compte à rebours, le récit des événements qui l’ont conduite à ce triste état fait écho à l’urgence, au pressentiment qu’il pourrait être encore temps d’éviter un nouveau drame.
À mesure que l’auteur tire l’écheveau emmêlé de ces deux vies, leurs histoires – tragiques et sublimes – se percutent de plein fouet sur une côte galicienne âpre et sauvage.
Dans ce saisissant roman choral où aucun personnage n’est secondaire et où, malgré l’affliction, chacun est convaincu que le bonheur reste à venir, Víctor del Árbol parvient à nimber de beauté l’abjection des actes, et de poésie la noirceur des âmes.
Traduit (comme toujours magnifiquement) par Claude Bleton l’homme qui a traduit plus de 200 livres….:.
Lisons ce que C. Bleton dit de Victor del Arbol dans un entretien : J’ai adoré le premier roman que j’ai traduit de lui, La Tristesse du Samouraï (nda : roman que je lirai certainement pendant mes vacances nda). Je trouve que c’est un génie du scénario. Un génie des âmes noires et des âmes damnées ! Ses romans sont essentiellement marqués par deux choses : le métier de policier qu’il a exercé à la Generalitat de Catalogne et son passage au séminaire. C’est pour cela que dans ses romans il y a toujours des inspecteurs de police et des réflexions très morales. Des questions sur la destinée sur ce qu’on est, ce qu’on devient. Il a été également marqué, mais là je n’ai pas d’explication, par la figure du père. Toujours très puissante dans ses romans. Et bien sûr, sa formation d’historien. Il sait toujours de quoi il parle….http://www.micmag.net/fr/lire/5462-entretien-avec-claude-bleton-traducteur-de-victor-del-arbol
Roman impossible à résumer tant il fourmille de personnages, trames de vie ainsi que de références à l’Art, à la poésie, à la musique, point cantonnée en un style : puisque Vivaldi et Jarroussky, Chopin (Nocturnes), Débussy (Clair de Lune), Bill Haley (Crazy Man) et les Tangos (Carlos Osvaldo Pugliese ou Atilio Stampone) font leurs apparitions et imprègnent les ambiances et situations (ou états d’âmes) décrits….. Quant à la poésie – voir les citations de Juan Gelman, le poète argentin et son destin tragique (voir ici la mise en musique d’un poème de lui par le Cuarteto Cédron/ P. Ibanez… qui est une sorte de « matrice » pour qqs personnages….
ainsi que Joan Manuel Serrat (pour la période barcelonaise/catalane)…..

Vermeer – Allégorie) – tableau vu par Ibarra le jour de sa rencontre avec Carmela – sa future femme…. Extrait – photo prise à Vienne en 10.2018
En effet, le livre est choral (pas moins de 10 – 12 personnages au centre desquels le Commissaire, Eva/Paola, son père, Daniel/Martina, Dolores, Carmela, Mauricio) et avance en mode un pas en avant, deux en arrière…. dans une savante sarabande mélancoliquement musicale et parfois poétique devant des paysages changeants (Barcelone, La Coruna, Argentine….et souvent sauvages et/ou sombres).
Contrairement à « Par delà la pluie » l’intrigue semble – au moins pur moi – être passé à l’arrière plan pour laisser de la place à un épaississement des caractères, à une densification/intensification des réflexions sur le passé, le temps qui passe et les souvenirs qui hantent, à l’horreur et/ou aux décisions qu’on prend parfois sans savoir le(ur) pourquoi et surtout aux confrontations entre les personnages… qui parfois s’avèrent être poignants.
Allers-retours entre présent et passé entre divers destins, dévoilement /dépouillement progressif (et lent) des secrets de tout un chacun – c’est finalement un autre « opéra » que V. del Arbol nous propose ici….. (Premio Nadal 2016 – comparable au Prix Goncourt)…
J’étais moins pris que par « Par delà la pluie » mais c’est toujours immense…. et « malgré tout » il donne envie de (re-)voir la côte près de la Coruña (Galizia) – que j’ai bien vu lors d’un long séjour (2 mois) en Asturie – il y a des siècles…
Les lieux, l’intrigue, la construction du récit tels que tu les décris donnent à ce roman un contour cinématographique. La multiplicité des personnages néanmoins inspire une certaine complexité.
Encore bravo pour ce rapport d’autopsie riche en indices concluants.
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Et j’oubliais un mot sur le très beau titre !
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