Parasite

Une comédie noire avec un penchant outrancière (limite comique) et parfaitement originale et retorse paré d’une intelligence qui vous scotche. Le film a reçu la palme d’Or du festival de Cannes cette année (2019).

Parasite-affiche

Déjà l’affiche chabrolienne donnait envie de voir le film (et n’en parlons pas de ‘The Host » ou « Snowpiercer » ou surtout du « Memories of a murder » – ses films qui m’avaient marqués (même si j’ai seulement moyennement aimé à l’époque « The Host » – à revoir?)

4 contre 4, « pôvres » vs « riche », sous-sol 1 vs sous-sol 2, environnement aseptisé vs odeur de renfermée….   Ah ! Quel plaisir de repenser au divers niveaux de lecture qu’offre ce film qui ne plaira à tout le monde (pour certains moments « gore » et « outrancier » genre Park Chan-wook ) et surtout des divers genres cinématographiques (comédie – parfois presque à l’italienne, thriller, étude social de fractures sociales) que Bong Joon Ho nous offre dans un package parfait et d’un rythme inexorablement fou.

Disons juste pour ne pas déflorer les surprises et découvertes de faux-semblants que le film nous montre une famille désœuvrée et au chômage (père, mère, fils, fille d’une roublardise qui laisse pantois) – les Kim – dans leur environnement. Le fils sera embauché par une famille richissime – les Park – (père, mère, fils, fille + gouvernante et des chiens) (le contraste est héénôrme !) pour donner des cours de soutien à la fille. Les Kim vont, en une stratégie retorse, en avançant « step by step » (je fais ici comme Mme. Park qui laisse tomber « by the way » parfois des bribes d’angalis) ….. discrètement, sournoisement et surtout sans violence infiltrer la maison des Park, maison construite par un très grand architecte …

Débutant comme une comédie sociale, le film va virer peu à peu vers le thriller dans un enchaînement absurdement kafkaïen, le drame même …

C’est jouissif – comme certains plans/scènes souvent chargés de symboles…..- comme celle ou les parents (riches) se mettent sur un canapé pour « surveiller leur fils qui préfère dormir dans une tente (d’Indiens d’Amérique – pour rappel d’une des métaphores du film : « un peuple disparu ! ») dans le jardin pendant que…. (oups je ne veux pas spoiler) ….

Le sujet de l’intrus n’est pas nouveau (pensez à Losey et/ou autres Pasolini) mais il atteint ici un niveau excitant.

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Je m’arrête là, préférant vous inviter à lire les articles que consacrent mes deux blogs ciné préférés (même si je ne partage pas toujours leurs avis). Ils parlent avec plus d’acuité sur ce film qui mériterait une 2e vision tant ça fourmille de trouvailles visuelles:

https://newstrum.wordpress.com/2019/06/09/parasite-de-bong-joon-ho-discours-dans-un-souterrain/

https://letourdecran.wordpress.com/2019/06/09/parasite/

 

PS

Je relève par ailleurs dans les Cahiers du Cinéma de Juin 2019 dans un entretien avec Bong Joon-ho (la critique du film a été publiée dans le N° du mois de Mai) les deux remarques suivantes (que les personnes ayant vu le film apprécieront :

« A l’origine, le titre n’était pas « Parasite » mais « Décalcomanie » puisque les pauvres et les riches étaient placés symétriquement. « Parasite » fait davantage référence à la famille pauvre. »

« Il m’est arrivé de penser que dans trois cents ans, les gens pourront avoir une image de notre société en regardant « Parasite »….On peut considérer la maison riche  comme la métaphore du système capitaliste. On vit à une époque où les pauvres deviennent des fantômes ou des parasites et peuvent disparaître d’un jour  à l’autre sans laisser de trace. »  (nda. ce qui me fait penser aussi à la porte « noire » de la cuisine des Park qui « avale » les personnes)

A propos lorenztradfin

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11 commentaires pour Parasite

  1. princecranoir dit :

    Étonnante en effet l’image de cette porte vers les ténèbres, qui donne dans l’espace cuisine moderne des Park. Il plane une atmosphère aux limites du fantastique dans cette baraque/aquarium, pas si loin de The Host que je t’invite à reconsidérer d’un autre œil. 😉
    Grand merci pour le partage 😀 !

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  2. Strum dit :

    En effet, merci pour le lien ! 🙂 Bien d’accord avec toi, notamment pour le lien avec les indiens et cette porte béante qui semble donner sur le néant. En revanche, à mon sens, il n’y a rien ici qui se rapproche de la violence d’un Park (cinéaste que je n’aime guère), car Bong est un cinéaste beaucoup plus bienveillant (son « outrance » relève du genre de la satire et non de la complaisance assez sadique de Park), et je ne pense pas qu’il y ait de moments « gore » (pas de gros plans insistants sur des plaies ouvertes et sanguinolentes, ce qui est la marque du gore)

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    • lorenztradfin dit :

      Bien dit….. merci pour ton opinion éclairée… le ,gore’ je l’ai ’emprunté ‘ d’une amie qui a point aimé….et le trouve dans un podcast de FInter :
      « Parasite » rencontre l’époque parce qu’il s’est penché sur le réseau mondial de nos représentations. D’abord, en captant tous les genres : la comédie, le thriller, le film d’arnaque, la satire sociale, le polar « lutte des classes », le gore et j’en passe. Et puis, en se nourrissant dans un large réservoir mythologique.
      Mais c’est vrai – je viens de lire un peu plus sur le « gore » le terme n’est pas toujours correctement appliqué…

      J’aime

      • Strum dit :

        Les critiques se copient parfois les uns les autres par mimétisme et il suffit souvent qu’un mot malencontreux soit utilisé par l’un pour qu’il fasse florès chez les autres. Pour moi, parler de « gore » pour Parasite n’a aucun sens. D’ailleurs, j’aime Parasite et je n’aime pas du tout le gore. 🙂

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  3. ceciloule dit :

    J’ai moi aussi beaucoup aimé ce film et je trouve que ta critique illustre tout à fait son esprit et sa causticité (en l’écrivant je me demande si c’est français…)

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  4. CultURIEUSE dit :

    Un bien long préambule tout de même. La pierre m’intrigue beaucoup. Une métaphore minérale pour le poids de l’origine? Assez diaboliquement mené: il n’y a aucun vrai méchant.

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  5. LadyDoubleH dit :

    J’ai adoré ce film, sur tous les plans (Okja est à voir aussi).
    Je rajoute juste que « Parasite » pour moi s’applique aussi à la famille riche : des parasites de la société, que sont-ils d’autre ? A ne rien faire et vivre comme des rois ?

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