« Sibyl » et ses énigmes

Retrouvailles avec une Virgnie Efira, cette fois subjuguée (obsédée) par Adèle Exarchopoulos sous l’œil scrutateur affûté et bienveillant de Justine Triet.

Sibyl affiche

C’est le 3e film de J. Triet (je n’ai vu « que » « Victoria ») et on peut dire qu’il divise…. la critique (officielle) crie au chef-d’oeuvre, le public semble parfois dérouté, perdu – si on croit les notes données sur allociné (2,7 actuellement !) … – ou si on entend, comme moi d’un ami qui m’a accompagné, que « les scènes de cul n’étaient pas mal, mais le reste … »….ou si on compte les trois personnes qui ont quitté la salle en pleine projection (on n’était qu’une petite 30-aine…..

Moi je me range du côté des critiques plutôt positifs, même si j’ai quelques réserves face aux dédoublements de qqs scènes et ressassements de « commentaires » (en images/chanson ou textos – pour le spectateurs qui aurait raté qqchose).  … Dès les premières minutes le ton (mi-figue-mi raisin) est donné : On voit une femme et un homme assis dans un kaitenzushi, des douzaines de plats de sushis passent sur un tapis roulant …. et l’homme, à l’image de ce ballet incessant de plats, débite un discours sur l’Edition, la difficulté d’écrire un livre….  c’est que la femme, ex-écrivaine devenue psychanalyste, veut abandonner ses patients pour se consacrer (de nouveau) à l’écriture….

On va apprendre la connaitre cette femme, dont J. Triet nous livre un portrait éclaté (petits flash-back /mort de la mère – la chanson « I’m a motherless child » passe aux moments « opportuns » – scènes d’analyse avec des patients, scènes – « torrides » – avec un ex-amant (Liels Schneider) et père d’une de ces 2 filles – ) – tout cela en un mouvement incessant de pensées et sentiments qui relient passé et présent …. un portrait qui montre bien que cette femme est « fissurée » de tous côtés.

Est-ce qu’on peut créer quand on est « fissuré »? Trouver une fiction qui trouvera ses lecteurs, ses spectateurs ? Le complexe de la page blanche mènera Sybil à transgresser le code éthique de sa profession (égoïstement) …: elle va enregistrer les échanges avec une patiente (Margot – actrice dans un film en tournage, enceinte de l’acteur-amant principal qui n’est autre que l’ex-amant de la réalisatrice…. joli sac-de nœud, non ?)….  et les utiliser pour l’écriture d’un roman. Problème : les échanges avec cette patiente réveilleront douloureusement le passé de Sybil (en presque tous points identique à celui de l’actrice…)

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Pour densifier et pousser au climax ce récit sur sable mouvant Justine Triet rajoute une couche en emmenant Sybil au tournage du film prévu par une réalisatrice bien campée par l’actrice Sandra Hüller (Toni Erdmann) qui se passe oyé oyé sur Stromboli (ce qui rappelle l’improbable et magnifique histoire du tournage de « Stromboli » – Rosslini et Ingrid Bergmann !!) …. avec de jolis scènes sur la difficulté de « faire semblant »….

On aura donc finalement un film multi-couche, d’une tristesse sous-jacente qui me sied.

Virginie Efira est tous simplement énoôôrme dans ce rôle (et dans plusieurs registres) , Adèle Exarchopoulos, l’actrice Margot, reste pour moi un peu trop dans un rôle « larmoyant »… La « psychanalyse implicite »  lors du tournage à Stromboli me semble un peu trop poussée, limite caricature – mais tout ça est sauvé par une dernière scène « déchirante » face à une question de la fille que Sybil a eu avec son amant….

Voici les deux critiques des deux bloguers ciné dont je suis l’actualité  – et que j’adore :

https://letourdecran.wordpress.com/2019/06/02/sibyl/#more-2537

https://newstrum.wordpress.com/2019/05/26/sybil-de-justine-triet-faire-semblant/

Stromboli - juin 2016

 

 

A propos lorenztradfin

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3 commentaires pour « Sibyl » et ses énigmes

  1. Virginie Efira, rien que pour elle j’irai voir ce film si je peux. Cette nana est impressionnante de justesse, de véracité quel que soit le rôle et le registre, que le film soit bon ou mauvais, elle est impeccable. Moi, à chaque fois que je la vois, elle me fascine.

    Aimé par 2 personnes

  2. Strum dit :

    Tout à fait, la dernière scène est déchirante et est ma préférée du film. Et merci pour le lien !

    Aimé par 2 personnes

  3. princecranoir dit :

    Comme Strum, je te remercie pour le lien 😊
    Tu parles très bien du film, de ses limites comme de ses belles qualités. Si elle a pu décevoir ou agacer, la démarche et le projet artistique de Justine Triet sont néanmoins louables et audacieux.

    Aimé par 1 personne

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