Pas dupe

Après tant de promenades parisiennes, Meribeliennes et musicales voici le retour aux lectures….

4e de couv‘

On retrouve le corps de Tippi, la femme de monsieur Meyer parmi les débris de sa voiture au fond d’un ravin.
L’inspecteur Costa enquête sur ce drame : accident ou piste criminelle ?
Monsieur Meyer se plie aux interrogatoires de l’inspecteur, ce qui n’est pas de tout repos, d’autant qu’il n’est pas dupe.

Ah ce Yves Ravey qui nous ravit….(parfois) ….C’est désormais le 5e roman de cet auteur que je lis (c’est toujours une petite lecture gouleyante et sans conséquence): « Trois jours chez ma tante« , « La fille de mon meilleur ami », « Enlèvement avec rançon« , « Un notaire peu ordinaire »

….. toujours des histoires banales à la limite du polar qui s’avèrent toujours plus compliquées et profondes qu’attendues (grâce à l’écriture aussi et des verres grossissantes de l’écrivain) … puisque rien, mais absolument rien n’est posé par hasard (et ou gratuitement dans ces 140 pages de chez Minuit – qu’on lit en trois heures top chrono – et c’est mieux qu’une série TV)

A propos TV…. il y a un peu de l’inspecteur Colombo (Peter Falk) de la série éponyme : c’est le commissaire Costa, avec son calepin qui fait des remarques (qu’on pourrait croire anodines, naïves aussi), relance après des silences, revient après des détours de nouveau à la charge, mettant le narrateur (M. Meyer) sous pression…. « J‘ai encore une question, mais je vous le redis, cette fois c’est vrai, ce sera la dernière…Vous avez cinq minutes...? (p. 118)

Sa femme (Tippi) qui s’est tuée en tombant avec sa belle bagnole dans un ravin reste toujours présente dans le récit : c’est elle la « belle jeune femme, à profil de star », dont le paternel de Salvatore Meyer avait prédit « que son fils ne lui porterait pas chance, et ne la rendrait pas heureuse…. » (p. 74) 

Pas étonnant donc que Tippi (vous vous rappelez de l’actrice qui a joué dans « Les Oiseaux » de Hitchcock ?) a eu une liaison avec Kowalsky (ce qui nous rappelle Eliza Kazan/Brando, n’est-ce pas..?) un assureur marié qui semble craindre que Tippi dévoile sa liaison à sa femme à lui… … on aura aussi une scène de douche qui rappellera au lecteur cinéphile la scène de Psychose et quand on sait que cette scène se joue dans la maison de la voisine au nom Gladys Lamarr … tant de rappel ne peuvent être un hasard…

En effet, Y. Ravey a parsemé son petit roman de pas mal de ces clins d’œil. Et les lecteurs qui le connaissent un peu seront surpris de voir que Y. Ravey a quitté pour cet ouvrage la France, pour le situer aux States…

Enfin, sachez aussi qu’un collier de perle jouera un rôle très (très) important (ce collier on en parle dès la page 53) … un autre « presque-indice » Hitchcockien (pensez à « The Rope » – La Corde…)

C’est tiré au cordeau, « dégraissé » un max’, avec des indices semés en pagaille et suffisamment de « trous » et « ellipses » pour garder le lecteur en éveil constant et de faire de ce petit livre un peu plus qu’un simple petit roman noir….. Il reste en équilibre (instable) sur la crête de l’insignifiant – un peu comme une petite série B dont on oublie rapidement le dénouement (ou ce sont les petits détails, les sous-intrigues qui sont les éléments les plus importants).