Voilà un chanteur (populaire) qui sait se mettre diverses générations et les deux sexes dans sa poche – troubadour séducteur souriant à la voix (parfois) éraillée mais pas vraiment cassée, souvent caressante plutôt.
2h45 d’une énergie folle et enthousiasmante qui a entraîné une grand salle – remplie avec 5.500 personnes env. – en majorité féminine – déjà gagnées à sa cause …
C’est la première fois que je le vois en scène – vous pouvez par ailleurs chercher longtemps dans ce blog, je vais rarement écouter de la musique non-classique …. J’y suis allé plutôt par curiosité (ses albums live – écoutés sur Spotify – avec les publics chantant presque plus (souvent) que lui – me promettaient une sorte de soirée en communion…) et j’étais bien servi…. les rangées de femmes (de tous ages devant et derrière moi connaissaient les paroles par cœur….et « doublaient » le son (mauvais)….
Oui le son était une soupe insupportable…. et P. Bruel ne s’est pas prié de le souligner à la fin de son concert : « Il est impensable de ne pas avoir un Zénith ici, une salle de concert avec un public comme ça…. les conditions sont difficiles ici… »…. mais cela n’a pas empêché la foule de chanter et danser avec lui ….
Le Monde avait écrit dans un article relatant un concert de ce tour 2019 au Dôme de Paris-Palais des Sports :
« Bruel a souvent installé des miroirs dans ses chansons. Ils renvoyaient l’image d’un amant tremblant de ne plus séduire ; ils montrent un patriote craignant de ne plus aimer. Sa voix s’éraflait de désirs ; elle se casse, dorénavant, sur les fêlures françaises. Ce soir on sort… est un disque soucieux. De 1998 à 2018, les Bleus soulèvent encore des trophées, mais bien davantage de doutes (Qu’est-ce qu’on fait). Dans le Quartier latin, les anciens amants se croisent, mais s’évitent (Rue Mouffetard) ; on ne se marre plus beaucoup (Arrête de sourire), on disparaît (Tout recommencer). Sait-on seulement honorer ses rendez-vous ? Fébrile, Bruel, chanteur d’un pays inquiet de se manquer à lui-même……Le tour de chant de Bruel vient à peine de commencer dans une ambiance de liesse et de désir, Comment ça va (1987) et Alors regarde (1989), vif réchauffement climatique sous le Dôme. Avec Tout recommencer, changement de limonade. Chansons neuves finement fiancées aux vieilles qui ne vieillissent pas. En face, côté public, derrière, sur les écrans, trois générations emballées. Ça bouge, ça danse, ça chante dans les rangs. Bruel guitariste laisse faire, dirige gaiement, accompagne à l’amiable ce chœur aux cinq mille voix. »
Oui, j’ai retrouvé ça – et vous pouvez sourire (avec ou sans condescendance) – j’ai bcp aimé ce concert et ce garçon épatant …. (et filou en maître cérémonie ou chaque effet et calculé…. l’enchaînement des titres, le va-et-vient entre vieilles chansons et les nouvelles, était travaillé aux petits oignons….. auxquels il rajoute une générosité (qui m’a – toute proportions gardées Stefan Eicher)
J’ai croisé ton fils
Que j’te parle deux minutes
Sers-nous à boire
Assieds-toi, écoute-moi
Ça remonte à quand
Notre dernière dispute?
Tu sais on peut tout s’dire
On est juste toi et moi
S’raconter des histoires
À notre âge, on a fait la route
Dans tous les sens
C’est pour ça que je suis
Venu parler ce soir
En l’honneur de nos nuits
Et nos années d’errance
Il s’demande ce que tu deviens
Il s’demande si tu existes
Il s’demande ce que tu deviens
Il s’demande où tu glisses
Avec tes souvenirs
À te demander
Qui a tord ou raison
À quand remonte
Ton dernier éclat d’rire
Tu le cherches partout
Dans cette grande maison
Elle te met mal à l’aise
Jusqu’à preuve du contraire
C’est pas toi qui la baises
Elle a mis du soleil
Dans son cœur esquinté
Et des fleurs à cette place
Que tant d’autres ont laissée
Il ne demande rien
Simplement si tu existes
Juste savoir si tu viens
Tout à l’heure à l’église
Je te reconnais pas
Arrête de jouer au jeu
Du viendra, viendra pas
C’est ton enfant, le seul
C’est le sang de ton sang
Allez, joue pas au con
Tout l’monde nous attend
Il ne demande rien
Simplement si tu viens
Il avait l’air bien
Peut-être un peu triste
Un drôle de type comme moi
Vienne glisser dans l’oreille
D’un drôle de type comme toi
Que le temps qui s’en va
Ne se rattrape pas
Et ce type tu le sais
C’était mon papa
Allez, si tu veux
On en parle en chemin
Louise
Sur ton cou, les traces d’un foulard
Un jeu, un défi tellement noir
Qu’est ce qu’on t’a promis, regarde-moi
Ce vertige en échange de quoi
Pourquoi ta vie et pourquoi toi ?
Louise, Louise
Dis moi où tu vas
Parle je n’t’entends pas
Je n’trouve pas tes mots
Louise aide-moi
Dis quel salaud t’a volé ta voix
Mais Louise sais-tu seulement où elle va
Cette baleine gravée sur ton bras
Sur quel récif elle t’échouera
Tu cherches ta place au mauvais endroit
La prochaine étape ce sera quoi
Un nom qui s’efface et voilà
Louise, Louise
Dis-moi juste pourquoi
Parle je n’t’entends pas
Je n’trouve pas tes mots
Louise aide moi
Dis quel salaud te dicte les lois
Dis moi Louise quelle vague t’emportera
Fuir, je voulais fuir dans l’eau qui me tue
Je vois chavirer la vie que je n’ai pas vécu
Le rire de mon père, ma première soirée
Ce garçon qui danse, qui danse
Et qui m’aurait aimé
Louise, Louise
Louise ne lâche pas mes yeux
Ne lâche pas ma main
Je te laisserai pas glisser toute seule sur ce chemin
Tu vaux tellement mieux qu’un jeu de vilain
Une marionnette qu’un jour on like, qu’un jour on jette
Tu auras des combats
Victoire et défaite
Tu auras des histoires et puis un jour tu feras la tienne
Ne lâche pas mes yeux
Ne lâche pas ma main
J’te promets pas la lune
Tu sais la terre c’est déjà bien
C’est déjà bien, bien
Tu sais la terre c’est déjà bien
Louise, Louise
Tu sais la terre c’est déjà bien
Pas franchement mon registre mais coïncidence, des amis proches l’ont vu à Epernay il y a peu et m’ont décrit exactement la même ambiance : majorité féminine et humeur karaoke.
« je vais encore sortir ce soir, je le regretterai sans doute… » celui-ci est davantage ma tasse. 😉
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Ah c’est en effet pas la même tisane …. Etienne et Paatriiick…. et moi je suis plutôt café pour être honnête. Je comprends seulement maintenant (j’ai mis du temps) le côté grisant et envoûtant quand un « stade » /une salle entier(-ière) entonne un « hymne » connu par tout le monde…. genre « Viva la Vida » de Coldplay… franchement ça donne des frissons et chapô au(x) mec(s)/femmes qui arrivent à faire vibrer du monde pour un petit moment de parenthèse….
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ou « Fix You » de Coldplay (encore eux)
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Effectivement, je suis aussi plus fan de Tom Walker et mélodies pop-metal-rock…
Mais la scène dégage cette énergie qui me ferait chanter n’importe quelle chanson en choeur, même celles de Mireille M. (nan je déconne)
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(tu me « rassure » là…. à part le chant il doit également y avoir qqchose de « psychologie des foules »…. en début du concert, j’avais pris les places sans être un fan particulier de Bruel, je ne connais en plus « même pas » les paroles, à part qqs refrains…., en ce début je regardais comme un entomologiste les personnes autour de moi, leurs visages radieux, le sourire, les cris en début de certaines chansons. Je regardais comme étranger à tout ça…. et par vagues, par une construction habile du programme, par la liesse qui prenait un volume immense j’étais aspiré et oubliait mon rôle de « entomologiste », je devenais acteur…. Une drôle expérience pour moi.
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