El Tata – La mule

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Un petit film, sans surprise réelle, mais un  bijou de mise en scène. Clint Eastwood, au dos voûté, accusant son âge, mais toujours impressionnant, est repassé pour son dernier film de nouveau devant la caméra – et sera/est sur 80% des scènes présent.

Pour ce film il s’est inspiré d’un fait divers (inspiré d’une histoire vraie – comme l’était Green Book) et invite une flopée de stars du grand et petit écran, Bradley Cooper (Agent Colin Bates), Dianne Wiest (Mary), Andy Garcia – méconnaissable – (Laton), Laurence Fishburne (Agent spécial de la brigade des stupéfiants), Michael Peña (Agent Trevino -vu dans ce type de rôle dans « Narcos II » sur Netflix – ce sera dur pour lui d’en sortir)….

En deux trois mouvements Clint E. introduit son personnage, on comprend qu’il est féru de son travail, adore l’accueil qu’il suscite (il est un horticulteur hors pair acclamé – qui ne voit pas que internet va détruire son modèle économique un jour…) et qu’il met ce travail au-dessus de sa famille. Et hop, à peine esquissé le personnage, le récit fait un bond de 15 ans… avec une fluidité et un naturel qui suscité l’admiration.

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Le business du horticulteur périclite, il sera dans la moise, va effectuer un 1er job de « transport » pour une bande de jeune (au début il ne sait pas que c’est de la drogue qu’il balade dans son pick-up, et que c’est pour un cartel mexicain….) et l’argent « gagné » il le dépense pour des amis, sa famille…..(comme pour se racheter)… et point pour lui-même (il remplace toutefois son vieux tacot contre un joli pick-up noir).

Récit linéaire, classique diront les critiques, toutafé dans la lignée de ce que nous connaissons de lui….. L’importance de la famille (ici, d’abord la « perte » de sa famille, perte du contact avec sa fille, le cartel comme « ersatz » (ce qui marchera un temps mais pas jusqu’à la fin), retrouvailles avec son ex-femme …. fin réaliste et pourtant pas aussi roublarde qu’on aurait pu le penser/espérer.

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Un bon « petit » film, formidablement troussé sans fioriture (il va droit au but, et s’avère être parfois très subtil, avec un zeste d’humour en plus : son écart « nigger », ses soirées « bête à deux/trois dos » suggérées), mais qui ne laissera pas des traces indélébiles dans mon souvenir (contrairement p.ex. à « Bridges of Madison County » que je peux revoir toujours et toujours et qui me fera chaque fois pleurer). Dans ce film-ci seul l’âge avancé (et l’humanité) de C. Eastwood m’a vraiment touché…. [miroir, miroir…]…. la capacité de rendre touchant/intéressant une douzaine de « voyages/trips » de transport de drogue dans les paysages américains…. ainsi finalement ses choix musicaux (parfait – comme très souvent – toutefois pas de jazz cette fois-ci …). Comme une des chansons du film :

Don’t let the old man in, I wanna leave this alone
Can’t leave it up to him, he’s knocking on my door
And I knew all of my life, that someday it would end
Get up and go outside, don’t let the old man in
Many moons I have lived
My body’s weathered and worn
Ask yourself how old you’d be
If you didn’t know the day you were born
Try to love on your wife
And stay close to your friends
Toast each sundown with wine
Don’t let the old man in
Many moons I have lived
My body’s weathered and worn
Ask yourself how old you’d be
If you didn’t know the day you were born
When he rides up on his horse
And you feel that cold bitter wind
Look out your window and smile
Don’t let the old man in
Look out your window and smile
Don’t let the old man in

Pour finir qqs extraits du site « news-ciné »  qui relate « l’histoire vraie derrière le film » :

Né en 1924 dans le Michigan, Sharp s’enrôle rapidement dans l’armée. On l’envoie combattre en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. A son retour du front, il reçoit la Bronze Star Medal pour services rendus à la nation. Si Leo Sharp est resté évasif sur son passé, il prétend avoir été le propriétaire d’une petite ligne d’avion. Une entreprise qui fera faillite selon lui. Mais l’homme est surtout connu dans le monde de l’horticulture pour avoir développé une nouvelle espèce d’Hémérocalles, une fleur jaune à la jolie collerette rouge. Une association d’horticulteurs décide de renommer cette création à son nom (la « siloam Leo Sharp »). Des passionnés se déplacent même jusqu’à son domicile familial dans l’espoir d’acheter quelques fleurs. Mieux, Sharp est invité par la Maison Blanche à venir planter quelques Hémérocalles dans le jardin pour George H.W. Bush. Mais ce que personne ne sait à l’époque, c’est que notre fleuriste est un passeur pour le cartel de Sinaola (avec à sa tête Joaquim « El Chapo » Guzman), l’un des plus prolifiques et dangereux trafiquants du monde. Ses apparitions dans des conventions pour horticulteurs un peu partout dans le pays est alors un prétexte pour aller faire quelques livraisons.

Jeff Moore, l’agent de la DEA joué par Bradley Cooper dans La Mule, est revenu dans un long entretien pour le New York Times sur cette arrestation et sur l’histoire de Leo Sharp, qu’il qualifiait de « légende urbaine ». Les narcotrafiquants le surnommeront El Tata (grand-père en espagnol). Et pourtant dès les premiers mois d’investigation, les agents ont bien du mal à trouver des infos sur ce coursier particulièrement zélé qui transportait chaque mois entre 200 et 250 kg de poudre blanche. C’est pourtant à bord de sa camionnette verte que l’octogénaire fera passer la marchandise pendant 10 ans de la frontière sud-américaine à Détroit, sans jamais se faire inquiéter. Selon ses dires, Sharp aurait été approché par les trafiquants eux-mêmes (il employait des Mexicains qui l’aidaient à cultiver ses plantes). Selon la DEA, le cartel n’hésitait pas à faire appel à des personnes d’un certain âge comme chauffeur, donc au-dessus de tout soupçon. Endetté depuis la faillite de son entreprise, l’homme n’a pu refuser l’offre. Mais personne ne se doutait à l’époque que Sharp allait exceller dans l’exercice.

https://news-cine.fr/la-mule-avec-clint-eastwood-lhistoire-vraie-derriere-le-film/

Enfin, une belle chronique sur le film ici (princecranoir) 

A propos lorenztradfin

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8 commentaires pour El Tata – La mule

  1. Matatoune dit :

    Sans surprise certes, mais un bon moment de cinéma !

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  2. ibonoco dit :

    Excellent film. J’ai adoré… mais je ne suis pas objectif quand il s’agit d’Eastwood. A 88 ans, il a encore « la classe » et joue encore très bien la comédie. Derrière la caméra, il reste un bon réalisateur. On a beau dire mais à son âge, mener à un bien un projet de film, il faut le faire.

    Aimé par 2 personnes

  3. princecranoir dit :

    C’est parfois les films les plus anodins en apparence qui recèlent le plus d’intérêt. Ce film m’évoque notamment un Eastwood oublié qu’était Bronco Billy, évoquant le déclassement et une page d’histoire de l’Amérique qui se tourne.
    J’étais du même avis à la sortie de la salle, film plaisant mais sans plus, mais plus je prends de distance avec lui, plus il m’apparaît passionnant rétrospectivement.

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    • princecranoir dit :

      « Ce sont » parfois… Désolé 🙄

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    • lorenztradfin dit :

      … de toute façon, ce que je n’ai pas dit/écrit – il y a davantage d’images de « La Mule » qui me restent (pour moi signe d’une vraie mise en scène « carrée ») que de « Green Book » – Le plaisir immédiat est plus grand dans ce dernier, mais le Eastwood produit des plaisirs sous-jacents…. et en lisant après coup qqs critiques comme p.ex. sur Critikat qui évoque entre autres : « C’est qu’au gré de ses allers-retours, confronté à la logique du cartel (qui prône l’équivalence temps = argent, interdisant de fait toute circonvolution au mouvement du personnage), Earl comprend que le temps ne peut guère être racheté (c’est, textuellement, le regret qu’il formulera à la toute fin). Commandé par l’angoisse que représente le chargement, un regard vers le pare-brise arrière de la voiture, strié et assombri en ses extrémités, traduit le mouvement introspectif d’une prise de conscience de l’obscurité qui toujours déborde le visible. De même, le film s’ouvre et se clôt sur un plan du personnage cultivant des hémérocalles, ces fleurs d’un jour dont la beauté fragile est nimbée de leur finitude prochaine. Elles renvoient par ailleurs à l’idée d’un ancrage, d’un retour à la terre qui implique pour Earl de se dépouiller de son flegme et de son image décontractée.« … que je me dis que la simple « élégance de mise en scène » que j’ai souligné cache une réflexion autrement plus profonde.

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      • princecranoir dit :

        Je n’aurais dit mieux ! Il y a effectivement une profonde analyse à faire sur le rapport au temps qu’entretient Clint dans ce film (aidé en cela par son fidèle monteur Joel Cox) comme dans ses autres films d’ailleurs. Une Mule pas si banale me semble-t-il.

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