Évasion

Et de trois……et de nouveau un grand merci à Jacques Mailhos pour sa traduction !

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Présentation de l’Éditeur 

1968. Le soir du Réveillon, douze détenus s’évadent de la prison d’Old Lonesome, autour de laquelle vit toute une petite ville du Colorado encerclée par les montagnes Rocheuses. L’evènement secoue ses habitants, et une véritable machine de guerre se met en branle afin de ramener les prisonniers… morts ou vifs. À leurs trousses, se lancent les gardes de la prison et un traqueur hors pair, les journalistes locaux soucieux d’en tirer une bonne histoire, mais aussi une trafiquante d’herbe décidée à retrouver son cousin avant les flics… De leur côté, les évadés, séparés, suivent des pistes différentes en pleine nuit et sous un blizzard impitoyable. Très vite, une onde de violence incontrôlable se propage sur leur chemin.

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Très beau troisième roman de cet auteur (lu en un trimestre). C’est le dernier né (qui par ailleurs bénéficie d’une couverture médiatique plus grande (voyez p.ex. la préface de Pierre Lemaitre et les articles dans Le Monde aussi)..

On est en terrain reconnaissable à des km-lumière : style noir-noir et acérée de Whitmer, les flics sous amphet, un directeur de prison tyrannique (et ku-kluxanesque), l’Amérique des délaissés, les conséquences sur la psyché de la guerre du Corée, la violence (chacun est armé dans ce pays…), le racisme latent ou ouvert… et tutti quanti…

Ce qui change, c’est que :

a) la Nature (ici sous forme d’un blizzard de 3e catégorie devient un personnage à part)

b) que au lieu de se centrer sur deux, trois personnes, Whitmer jongle avec une douzaine (bien répartie entre les « chasseurs » et les « chassés) qu’il mélange le tout, rajoute pour chacun des protagonistes des flash-back, épaississants les caractères, donnant des explications plus ou moins fournies sur les actions (et pensées), rajoutant ainsi parfois une goutte de tragique inéluctable supplémentaire et densifiant ainsi le tapis de sang-sueur-larmes….. avec une fin …(ah non, je ne dis rien…. vive la jouissance, pardon les réjouissances)…

Tu es une femme aigrie, dit Howard. Aigrie à l’égard du monde. C’est ça ton problème.
— Non, mon problème, c’est vous. Vous tous. Et elle ne veut pas seulement dire eux tous, dans cette pièce. Elle veut dire eux tous dehors, partout. — Aigrie et desséchée. Tu détestes le monde parce qu’il ne t’a jamais fait mouiller. (Howard ouvre le sac et en sort
un objet long, métallique et moche.) Si tu nous disais plutôt où tu caches ton magot, hein? Tu vas nous le dire, ou on te défonce avec ça, histoire de voir si t’as encore des bouts qui
vivent à l’intérieur.
Elle irradie de mépris par chacun de ses pores, mais on voit à sa tête qu’Howard se trompe. Elle n’est pas aigrie. Elle a juste le cœur brisé par sa vie et par tous ceux qui sont venus à elle en trimballant leur propre cœur brisé, en quête de quelque chose pour l’extirper de leur corps. Mopar se demande si ça a jamais fonctionné.  (p.18)

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Voilou la critique de mon amie Simone (avec pas mal d’extraits dont je reste avare cette fois-ci) qui m’avait donné envie de connaitre cet auteur.

https://lectriceencampagne.com/2018/09/15/evasion-benjamin-whitmer-gallmeister-americana-traduit-par-jacques-maillhos/

J’ai d’abord lu les deux premiers avant de m’attaquer à celui-ci ….  Ce roman est d’une âpreté inexorable   et magnifiquement construit – toutefois je pense que la multiplication de personnages dilue un peu la force qui vous étrangle par rapport à Pike et ou Cry Father…. plus resserrés (sur deux-trois personnages), plus tragédie grec et presque plus intemporelle… ce qui n’enlève rien à la grande force de ce dernier né.

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A propos lorenztradfin

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4 commentaires pour Évasion

  1. Merci Bernhard une fois de plus pour les riches échanges de nos lectures. Des bises !

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  2. Ping : Cauchemar américain vs rêve américain | Coquecigrues et ima-nu-ages

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