L’un et l’autre -Weit über das Land

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C’est le premier livre de cet auteur (prolifique) que je lis – et grâce à la Bibliothèque Internationale de Grenoble dans la langue de Mme. Merkel. Le titre allemand serait approximativement (et interprétativement) :  « dérive dans l’immensité du pays » (ce qui est le cas pour le protagoniste masculin) tandis que le titre français fait palace aux deux acteurs : « L’un l’autre » – sans « et » ….

Thomas et Astrid (un couple avec deux enfants) rentrent fin août de vacances « Nous étions en Espagne. Au bord de la mer. C’était beau. Nous ne nous sommes pas disputés, bien au contraire... » (ma « traduction »). C’est le soir. Les deux partagent un (dernier) verre de vin, Astrid console un enfant qui pleurniche un peu, se couche – et constatera le matin que Thomas est parti :

« Thomas se leva et s’engagea sur le petit chemin de gravier qui longeait la maison. Arrivé à l’angle du mur, il hésita un instant avant de se diriger vers le portail du jardin avec un sourire étonné qu’il percevait plus qu’il ne le ressentait. Il souleva le portail en l’ouvrant pour qu’il ne grince pas, comme il le faisait adolescent, quand il rentrait tard d’une fête et ne voulait pas réveiller ses parents. Il avait beau être parfaitement sobre, il avait l’impression d’avancer comme un homme ivre, lentement, vérifiant bien à chaque fois où il posait le pied. »  (extrait copié dans le blog suivant : https://anniemots.com/2018/01/27/lun-lautre-de-peter-stamm/ )

Les jalons d’une histoire « simple » sont posés : écriture sobre, dépouillée, presque factuelle (sauf quand Thomas regarde(ra) les paysages…)

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A partir de ce moment le court roman (la version allemande = 223 pages) avancera dans son récit entre la « fuite » de l’un et la « recherche » et la « résignation » de l’autre (deux-trois pages chaque fois), avec une accélération vers la fin…..

Aucune explication (psychologique ou par le biais d’un quelconque flash-back) de la décision de Thomas de faire la malle (en fait il part sans rien du tout….), donc de se mettre en branle comme ça, laisser la famille (sa femme et deux enfants), son boulot dans un cabinet de comptable derrière lui, de marcher, marcher, grimper des montagnes, traverser des rivières, se recroqueviller, de …. …. pendant que sa femme essaie de comprendre, maintenant un temps un semblant de vie normale (avec des enfants qui donnent parfois l’impression de même pas constater réellement l’absence du père…) et de garder l’espoir de retrouver (et pardonner son fugueur).

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pas la Suisse – mais La Nevache…douce en été – moins en hiver….

Je ne veux pas « divulgâcher » (j’aime bien ce mot de anniemots) mais promets au lecteur de ce « conte métaphysique » ouvert à des lectures multiples (avec une fin – « mort? » « pas mort ? » qui se laisse lire de « l’un(e) l’autre » manière) de beaux moments de réflexions.

Enfin Peter Stamm brosse également – en sous-texte – un tableau de la société suisse allemande….

Belle lecture presque Beckett-ienne avec ces interstices et ouvertures pour une lecture « ouverte » (chacun peut y mettre du vécu…, se reconnaître parfois… (?!))

Peter Stamm parle de ce livre – en français !

https://dailymotion.com/video/x5a305a

Pour moi une vraie découverte qui m’incitera certainement de lire un autre livre de Peter Stamm qui n’hésite pas à afficher (sur son site – en allemand) sa proximité avec Max Frisch (dont il cite une phrase de « Mein Name sei Gantenbein » [Que l’on m’appelle Gantenbein] j’essaie de la traduire : « Il est vrai que la plupart des histoires d’amours n’est pas forcément nécessaire, je pense. » [Die meisten Liebesgeschichten müssen durchaus nicht sein, glaube ich]. … et vu comme Frisch joue avec les possibles j’imagine que ce sera le cas aussi dans d’autres livres de P. Stamm.

A propos lorenztradfin

Translator of french and english financial texts into german
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4 commentaires pour L’un et l’autre -Weit über das Land

  1. « Il est vrai que la plupart des histoires d’amours n’est pas forcément nécessaire, je pense. » J’approuve.

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  2. Je crois que la plupart des humains ont un jour ou l’autre, sans oser l’exprimer, ce besoin irrésistible de tout lâcher … un besoin que l’on opprime bien vite vu l’impact de la société.

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  3. anniemots dit :

    Je confirme : auteur majeur, que je ne peux hélas pas lire en allemand, mon niveau n’étant pas suffisant…

    Aimé par 1 personne

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