Lu le dernier-né de Bernhard Schlink (paru en Allemagne ce printemps 2018 – la traduction en français est certainement en cours)
Nous nous trouvons dans un village de Poméranie à la fin du 19ème siècle. Olga est orpheline, Herbert le fils d’un riche propriétaire. Ils tombent amoureux et formeront contre vent et marée (notamment contre la résistance des parents et de la sœur de Herbert) un couple. Un couple qui cependant ne se voit pas bcp : Olga devient enseignante et Herbert sera souvent absent (soit en guerre contre les Hereros – dans l’actuelle Namibie – soit dans d’autres pays….)
avant de repartir pour une expédition dans l’Arctique (de laquelle il ne reviendra plus – Schlink a pris, parait-il comme « source » le chercheur allemand Herbert Schröder-Stranz (« la plus grande catastrophe de la recherche polaire allemande – 1912/1913)
Olga qui, dans son petit village, avait préparé seule (sans avoir l’argent pour aller dans une école préparatoire) le concours des instits, va perdre dans les années 30 l’ouïe (mais avec son énergie et envie d’avancer, elle apprendra toutefois la langue des signes – et la lecture sur les lèvres et deviendra ensuite couturière se déplaçant chez les gens (profession qui, après avoir connu une sorte d’apogée dans la période d’après-guerre, perdra de son aura).
Structure intelligente (trois parties : 1. la description de la vie d’Olga et de la naissance de son amour pour Herbert 2. la vie d’Olga vue par un homme (Ferdinand « un garçon bien gentil qu’elle aime bien mais qui est un peu ennuyant » (p.309) 3. les lettres qu’Olga a adressées à Herbert (1913 – 1916 « poste restante » en arctique, 1936 et 1956 et 1971) – puisqu’elle a écrit des lettres même sachant/sentant qu’Herbert était mort…
Le style et la langue sont, comme toujours chez Schlink, d’apparence simple (un peu maniérée/démodée dans certaines expressions (Schlink est né en 1944) ) mais d’une belle efficacité et exactitude (rectilignement cohérente/droit au but, avec de rares envolées lyriques – face à la nature notamment – le traducteur aura fort à faire !). Parfois le récit avance à pas comptés, parfois en vitesse grand V, accéléré (les années vues comme en mode « high speed »)…
J’insère dans mon texte ce tableau de Manet – il y est évoqué (au moins 4 fois) – métaphore du savoir (plus grand d’Olga – ouverte à tout) et de la conscience politique (la surdité d’Olga « tombe bien » – elle n’entendra plus les discours de Goebbels et Hitler…)
La traduction en français nécessitera peut-être pas mal de notes de bas de page (sur les Herreros /Namibie p.ex., ou sur qqs hommes/figures politiques, partis…. qui n’évoqueront rien au public français (lambda)…
Pour finir encore une photo d’une statue de Otto von Bismarck.
Selon Olga la « folie » des allemands de tout vouloir voir/rêver « très/trop grand » pour eux est né sur le terrain de la philosophie /politique de Bismarck (le premier unificateur d’Allemagne – formation de l’Empire allemand après la guerre 1871 avec la France)
C’est une lecture facile sur une époque d’avant-internet qui devra plaire, même en France, tant la personne d’Olga est une femme à caractère fort et tant Schlink ménage, comme souvent dans ses livres, de petites surprises scénaristiques qui vous donnent presque envie de relire qqs paragraphes du début… Toutefois, il faut encore attendre la sortie de la version française…
ça me parle, camarade 😉 Ich hab als Kind (im/nach dem Krieg) in Pommern gelebt – wo spielt das genau? und war gerade in Namibia, mit der ganzen Familie, unser Reiseleiter war ein Himba, das sind sozusagen Vettern von den Hereros. Ach, jetzt könnte ich von Namibia schwärmen, und du tätst wieder sagen, ich wäre beim Marketing besser untergebracht… Da koch ich lieber meine Cassis-Marmelade weiter…
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Chouettes illustrations! Je suis fan de Caspar Friedrich.
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Je l’ai toujours aimé. Et j’avais le plaisir de traduire en 1984 l’avant propos du catalogue de la magnifique exposition ‘Le tracé et la transparence ‘ au regretté Centre Culturel du Marais à Paris. (Jacqueline et Maurice Guillaud )….
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Waaah, la classe!
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Olga naît à Breslau et sera pris en charge par sa grand-mère dans un tout petit village (je ne me rappelle plus du nom – le livre a retrouvé son rayon dans la librairie internationale de GRE- et elle sera instit au « Memelland » (près de la mer) … oui, le livre est également un voyage à travers les travers de l’Histoire d’Allemagne…
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Oui – et dire que je suis devenu 3 ans après traducteur dans une banque….
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