Le traquet kurde

illustration by courtesy of Alexandra Eldridge

bird…adrift in the abyss

C’est à la belle peinture d’une de mes peintres fétiches (Alexandra Eldridge) que j’ai pensé en lisant mon 9e de la liste du Livre Inter 2018 – puisque l’illustration contient un oiseau (même s’il n’a rien à voir avec un Traquet), la noirceur de notre monde « obscur », un bateau (pour tous les réfugiés) …. et le vert de l’espoir…

Bildergebnis für Le traquet kurde

(Prix Alexandre-Vialatte 2018)

Présentation de l’Editeur (4e de couv’) :

Au printemps 2015, un ornithologue amateur observe au sommet du puy de Dôme un petit oiseau, le traquet kurde, jamais vu en France auparavant, et dont nul ne sait comment il est arrivé jusque-là. Sur la piste du traquet kurde, des vertes prairies du Hertfordshire aux montagnes du nord de l’Irak, le narrateur de ce récit, quant à lui, croisera les ombres de T. E. Lawrence, St. John Philby (le père du célèbre espion), Wilfred Thesiger, celle aussi d’un invraisemblable escroc, mystificateur et mythomane, le colonel Meinertzhagen, et beaucoup d’autres grandes figures de l’histoire impériale britannique.
Ce nouveau livre de Jean Rolin, récit et variation autour des tribulations hasardeuses d’un écrivain et du petit oiseau qu’il poursuit de sa curiosité, est un festival d’érudition et d’humour, un itinéraire poétique à travers l’ornithologie et les géographies physique et politique, l’histoire, la littérature, une illustration supplémentaire de son génie descriptif.

 Une drôle de lecture qui vous emmène là où le lecteur ne s’y attend pas.
 Dans un premier temps nous faisons la connaissances d’oiseaux du genre « roselin du désert » (Rhodospiza obsoleta), les mésanges penduline de la Caspienne (Remiz pendulinus caspius), leur sous-espèces, les accenteurs rouge-gorge et autres bouvreuils (j’en avais jamais entendu une seule voyelle jusqu’ici) …et à un moment on se dit comme le romancier : « D’ailleurs, personnellement, je n’étais pas particulièrement désireux d’observer une rousserolle des buissons, un oiseau si dépourvu de tout signe distinctif, au moins de mon point de vue, que j’aurais de toute façon été incapable de le reconnaître. » (p. 43)
Mais peu à peu, le récit glisse vers la description d’un autre drôle d’oiseau, à savoir un certain Richard Meinertzhagen ornithologue (voleur, falsificateur : il avait la fâcheuse tendance à semer dans ses écrits des mensonges, de modifier des étiquettes des oiseaux empaillés, notamment quand il les a volé dans d’autres collections, en leur attribuant des localisations fantaisistes…), espion – et auteur d’un livre encore apprécié aujourd’hui « Birds of Arabia » – malgré des inexactitudes flagrantes…
Bildergebnis für Meinertzhagen + Birds of Arabia
Rolin nous parle de cet homme à multi-facette et va à ses traces (à Londres entre autres) pour se mettre ensuite à la chasse du traquet kurde pour l’observer dans son habitat naturel…
Direction le Kurdistan …..Erbil, Gali Ali Bag, les gorges de Rawanduz,
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pour arriver à Halgurd le point culminant du pays
 

 

« Du point de vue d’Oenanthe xanthoprymna (n.d.a. le fameux traquet kurde), le problème avec le Kurdistan irakien, c’est que même si les montagnes y sont bien représentées, une grande partie du territoire de ce dernier se situe malgré tut en dessous de l’altitude qui lui convient... » (p. 112) …. »Et tout au long, sans interruption, la piste était constellée de sauterelles, innombrables, ventrues, apparemment  aptères, et ne sautant, comme leur nom les invite à faire, que lorsqu’on était sur le point de leur marcher dessus. Pourquoi si peu d’oiseaux songeaient-ils à profiter de cette aubaine…. » (p. 126)

Et cette région si proche des frontières entre Turquie-Iran-Irak Rolin peut glisser des pages « non-chalantes » (d’autres diraient : « avec un humour flegmatique ») avec intelligence des réflexions sur l’Etat du Monde en le parsemant d’un peu de histoire, géographie et de zoologie.

Un sujet que je n’aurai jamais touché sans le Livre Inter, mais que je ne regrette pas. 171 pages d’une intelligence et acuité admirables. Pas un (vrai) roman, même si les sujets (et personnages) de romans y fourmillent, mais un récit avec un pied dans le passé et un autre bien enfoncé dans le marasme de notre époque. Plaisant, curieux mais pour moi pas le titre qui se trouvera dans le trio de tête pour le prix du Livre Inter 2018.

 

 

 

 

 

A propos lorenztradfin

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4 commentaires pour Le traquet kurde

  1. CultURIEUSE dit :

    Merci pour Alexandra, je ne connaissais pas!

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